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Challenge Génération - Flora : Chapitre 13
Fraîchement fiancée, je suis toujours sur mon petit nuage. Mais la réalité à la maison me rattrape rapidement. Je n’oublie pas que j’ai une fille qui nous en fait voir de toutes les couleurs.
Attention, pas de méprise, je l’aime, tout autant que mes deux aînés, mais j’aimerais tellement qu’elle soit plus agréable !
Même Onyx et Savannah ne savent pas comment réagir avec elle.
Les seuls moments où il y a un peu de répit, c’est quand les grands sont à l’école, ou quand Seren fait sa sieste. Mais même là, Savannah la regarde de haut d’un œil inquiet.
Les jumeaux n’y prêtent même plus attention maintenant. Malheureusement, avec cette cohabitation difficile entre les enfants, il est rare de se retrouver tous ensemble dans la même pièce sans entendre de chamailleries.
Quand Seren joue avec les jouets des jumeaux, je vois bien qu’ils la regardent d’un mauvais œil. Mais ils ne disent rien.
Enfin… les jouets de construction, ça passe encore. Mais quand Seren ose mettre un pied dans la chambre des jumeaux pour jouer à leur maison de poupées… ça passe beaucoup moins bien.
- Seren, pourquoi tu viens jouer dans notre chambre alors que tu peux pas nous voir ?
- Ze zoue avec mes poupées.
- C’est bien ça le problème, Seren, ce ne sont pas tes jouets. Tu as les tiens, quand tu ne t’amuses pas à les casser.
- C’est mes zouets ! Va-t’en, ze veux plus te voir !
- C’est ma chambre Seren… A moi et à Nolan.
A chaque fois, je suis obligée de faire la police…
- Seren… Cléo a raison tu sais, tu ne dois pas aller les embêter comme ça dans leur chambre. S’ils veulent jouer avec toi, c’est possible, mais il faut que toi aussi tu sois d’accord.
- Ze veux pas zouer avec eux !
- Alors laisse les tranquille. Ils ne t’embêtent pas eux !
- Mais ze préfère les poupées ici !
- Ecoute Seren, si tu veux y jouer il faut être plus gentille avec ton frère et ta sœur. Je ne vais pas les forcer à jouer avec toi si tu es méchant avec eux.
- C’est pas zuste.
- C’est comme ça, ma puce. Sois gentille et tu verras, ils seront gentils eux aussi.
Bon, c’est pas gagné…
Avec tout ça, je m’inquiète en plus pour Onyx. Ca y est, elle a atteint le cap senior.
Cela ne l’empêche pas de veiller sur les jumeaux une bonne partie de la nuit.
Elle a pris beaucoup de poils blancs ma petite mémère…
Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est que je l’ai trouvé assez mal en point, une nuit.
Impossible de la laisser comme ça, j’ai dû faire quelque chose. Il est difficile de trouver un vétérinaire ouvert à cette heure-ci, mais je ne me suis pas sentie capable d’attendre jusqu’au lendemain. Je refuse de la voir souffrir. Alors malgré le froid, j’ai trouvé un vétérinaire d’urgence à Brindleton Bay. Il neige là-bas, et les routes ne sont pas dégagées, mais je ferais tout pour ma chienne.
- Ca va aller, Onyx, ne t’inquiète pas.
Le vétérinaire est arrivé rapidement, et s’est approché doucement d’Onyx qui est un peu craintive. Elle n’a pas l’habitude des vétérinaires : elle n’est jamais tombée malade.
Je suis un peu rassurée en la voyant entre les mains du vétérinaire : elle n’a pas l’air si mal en point que cela.
Et effectivement, elle n’a rien de bien grave. Après un examen et une piqûre, elle est vite remise sur pattes.
Oui, elle va bien. Me voilà rassurée !
Je n’ai pas envie de rentrer immédiatement à la maison. De Brindleton Bay, je me suis dirigée vers l’île de Windenburg. Comme une attirance, un besoin de retourner là-bas…
Je me suis retrouvée devant l’ancien magasin de maman. Vu l'heure, il est fermé, mais il n’a pas l’air détruit par le temps. Il n’a pas changé…
Et j’ai avancé, encore. Jusqu’à la vieille maison de mes parents. Une cabane, plutôt. C’est là que j’ai grandi, ce n’était pas grand mais on y était bien. Quelqu’un doit y vivre, elle a l’air d’être entretenue. Mais je n’ai pas osé frapper à la porte. Il est bien trop tôt de toute façon.
Je suis restée un moment sur la plage de mon enfance, avec Onyx. A repenser au passé. A quoi bon ? Je suis heureuse, dans ma vie. J’aurais juste aimé que mes parents vivent assez longtemps pour le voir…
De retour à la maison, c’est plutôt calme, tout le monde dort encore. Je trouve Savannah, pas totalement endormie, mais pas réveillée non plus, près du feu. Je me demande pour quelle raison on achète des paniers pour nos animaux : ils ne dorment jamais dedans !
Dans ses vieux jours, Onyx reste en forme et commence à faire des bêtises ! Elle qui n’en faisait pas avant !
Par contre, elle aime aussi être tranquille. Et se faire embêter par les enfants n’est pas une option.
Nolan et Cléo aiment lui faire des papouilles, ce qu’elle ne refuse jamais.
Mais Seren s’amuse à lui tirer la queue et les oreilles, alors Onyx n’a plus autant de patience. Même si elle ne lui fait pas de mal, elle ne va plus tellement vers elle et s’en va dès que Seren s’approche d’elle.
Même en grandissant, Nolan a toujours un peu peur du monstre sous le lit. Cléo le rassure comme toujours, elle a bien compris que ce n’était que l’imagination de son frère qui lui jouait des tours.
Mais elle est toujours là pour son frère, quoi qu’il arrive.
Les nuits comme celles-là, il devient impossible pour Nolan de dormir. Même s’il ne cherche pas à réveiller Cléo, elle se réveille d’elle-même, sentant que son frère n’est pas bien. Alors, ces nuits-là, elle reste avec lui, et ils s’occupent, afin de faire oublier à Nolan cette étrange invasion.
On a bien compris qu’il est difficile de satisfaire nos trois enfants en même temps, aussi fort que je le souhaiterais, je vois bien que cela ne fonctionne pas. J’espère toujours qu’en grandissant, Seren changera de comportement avec les jumeaux.
Alors Jules et moi partageons notre temps… Un peu avec Seren.
Et un peu avec les jumeaux.
Mais ce soir, Jules devra s’organiser tout seul, avec les trois enfants. Parce que ce soir, j’ai besoin de souffler un peu. Alors je passe la soirée avec Léonie.
Il neige, à Newcrest. J’aurais aimé qu’il neige à Windenburg, comme c’était le cas quand j’étais enfant, où quand on est venu s’installer là-bas. Les enfants auraient été heureux de voir la neige.
J’ai donc retrouvé Léonie devant le restaurant.
- Alors, comment va ta petite famille ?
- Oh, tu sais, c’est un peu difficile à la maison. Trois enfants, ce n’est pas de tout repos, mais tu sais ce que c’est. Bien que finalement, j’imagine que ça aurait été plus simple pour nous d’avoir des triplés, comme toi. Seren est infernale avec les jumeaux, et il n’y a aucune explication à cela ! Au moins, les jumeaux sont très fusionnels.
- Ne t’en fais pas, avec les triplés, ça m’arrivait aussi de devoir hausser le ton. On ne dirait pas, mais ils se chamaillaient souvent étant petits ! En grandissant, ils se sont calmés. Ca devrait être pareil avec Seren.
- Je l’espère ! Elle est adorable avec nous, mais c’est difficile avec les autres. Elle voudrait avoir l’exclusivité et nous avoir que pour elle.
- C’est le problème avec les petits derniers parfois. Mais je suis certaine qu’elle finira par trouver sa place. Elle a son petit caractère, mais elle devrait s’assagir !
- Je souhaite que tu aies raison !
Je ne passe plus autant de temps qu’avant avec Léonie, nos familles respectives nous empêchent de nous voir aussi souvent qu’on le souhaiterait, alors quand on se voit on essaie de rattraper le temps perdu, en quelque sorte. Alors nous n’en sommes pas restées qu’au dîner.
Ici, il y a beaucoup de choses à faire. Et puis… Nous sommes coincées, par une tempête de neige. Alors autant s’amuser.
Cela faisait une éternité que l’on n’avait pas fait une partie de fléchettes. Mais je sais bien que Léonie est meilleure que moi à ce jeu !
Je me suis dit la même chose pour le bowling, je n’ai jamais joué à ce truc et je ne suis vraiment pas très douée…
Mais finalement, Léonie n’est pas bien meilleure que moi... !
Et contre toute attente, j’ai remporté la partie. Je garderais mon score secret car il n’est pas folichon, mais j’ai gagné c’est ce qu’il faut retenir !
Nous avons dansé, chanté… Enfin… tenté surtout. Nous ne sommes pas les meilleures pour ce genre d’activités. Mais ça nous a fait du bien de nous retrouver un peu.
La tempête a fini par se calmer. Nous avons repris la route chacune de notre côté.
En rentrant, j’ai retrouvé Seren qui ne dormait pas.
Mais un câlin et tout est rentré dans l’ordre. Quand je disais qu’elle était adorable ! Elle a juste ses moments…
La vie suit son cours. Les relations entre les jumeaux et Seren ne s’arrangent pas, mais on a notre équilibre.
Jules continue de faire faire les devoirs aux jumeaux.
Et leur montre de l’affection, même s’ils commencent à grandir, et que bientôt nous n’aurons plus le droit de leur faire des câlins…
Et Seren a besoin d’attention. Elle sait faire beaucoup de choses toute seule, mais a besoin qu’on la voit faire, besoin d'être au centre de l'attention...
Cléo et Nolan s’amusent entre eux, comme avant.
Seren a compris qu’il ne fallait pas embêter son frère et sa sœur, alors j’ai l’impression qu’elle fait des efforts. Elle ne joue pas avec, non. Mais elle les tolère, tout juste. Au moins, elle ne va plus les importuner dans leur chambre.
Quant à moi, je rentre dans une période difficile, par rapport à mon travail. L’hiver a toujours été compliqué et je n’ai que peu de plantes encore résistantes.
J’essaie toujours d’en apprendre plus sur l’herboristerie, je sais qu’on peut se soigner avec, grâce aux plantes que l’on trouve à Granite Falls. Malheureusement, je ne suis allée là-bas qu’en automne et en hiver, alors je n’ai trouvé aucune de ces plantes…
Je continue de courir avec Onyx, mais celle-ci se fatigue bien plus vite qu’avant, alors je préfère ne plus aller trop loin de la maison.
Savannah, elle aussi, a vieilli. Les marques de vieillesse se voient moins sur elle. Je sais qu’elles ne sont pas éternelles, toutes les deux. Elles sont là quasiment depuis toujours, dans cette maison. Je n’ai pas hâte qu’elles nous quittent. Mais je ne peux pas m’empêcher d’y penser.
Malgré le froid, j’ai tenté d’initier mes deux plus grands à la pêche. Après tout, ils me l’ont demandé.
- C’est pour les scouts !
Mais… c’est très difficile de pêcher par ce froid. Alors on verra, quand l’hiver sera passé et qu’ils seront plus grands.
L'autre jour, j'ai reçu un appel me demandant de l'argent. J'étais réticente, au début, parce qu'ils m'ont demandé une assez grosse somme, et puis... Je n'aime pas spécialement le démarchage téléphonique. Mais... Lorsque j'en ai demandé un peu plus, je n'ai pas pu refuser. L’œuvre caritative en question, elle a été créée il y a de nombreuses années maintenant, par quelqu'un que je connaissais très bien. Mon oncle, Andrea Berry...
Les premiers flocons commencent à tomber. Avec un peu de chance, il neigera le jour de la fête de l’hiver…
Mais avant, nous allons fêter l’anniversaire de Seren ! J’ai d’abord préparé son gâteau.
Seren a hâte de grandir, et les jumeaux ont fait l’effort d’être avec nous pour fêter cela.
Même si je dois avouer qu’ils s’en fichent un peu, ça me fait plaisir qu’ils soient là, sans que je ne leur demande. Je pense que finalement, ils aimeraient pouvoir jouer et bien s’entendre avec leur petite sœur, mais Seren les repousse sans arrêt.
Les jumeaux ne sont pas restés. Laurent est venu les chercher pour aller fêter l’anniversaire des triplés chez eux. Nous sommes restés à la maison avec Seren.
Quelques jours plus tard, nous avons installé le sapin. Nolan et Cléo sont contents d’aider à mettre les décorations, cependant Seren ne souhaite pas nous aider.
- Il est moche, votre sapin !
Et non, ça ne s’arrange pas… Le jour de la fête de l’hiver est vite arrivé, et tout le monde est venu manger à la maison.
Louise est venue bien sûr, accompagnée de Léa.
Puis Laurent et Léonie, toujours aussi amoureux.
Et Manon, Mael et Margaux qui ont maintenant bien grandi !
Seren n’a pas manqué d’interpeller Léa.
- Tu vas venir me garder encore ? Fais attention, maintenant je suis plus grande alors je peux faire ce que je veux.
- Je ne suis pas certaine que tes parents soient d’accord pour te laisser faire n’importe quoi.
- Je m’en fiche, je fais ce que je veux j'ai dit.
J’ai fait l’impasse là-dessus, estimant que Léa saurait gérer ma petite terreur. Nous avons déjeuné tous ensemble, les adultes à la table, et les enfants dans le salon.
Seren, n’en faisant qu’à sa tête, a décidé de prendre son repas dans sa chambre…
Les jumeaux sont allés la voir.
- Seren, viens avec nous, on va aller s’amuser dehors avec les autres, on va faire une bataille de boules de neige, c’est rigolo !
- Je m’en fiche de votre bataille, c’est nul. Laissez-moi tranquille tous les deux ! Et sortez de MA chambre !
Ils ont encore une fois fait un effort, en vain. Je désespère de voir un jour mes enfants bien s’entendre… Alors, les plus jeunes, sans Seren, sont partis s’amuser dehors.
Là, j’en ai assez, je vais dire deux mots à ma dernière.
- Ecoute Seren, je ne sais pas pourquoi tu en veux à Nolan et à Cléo, ils sont gentils avec toi pourtant…
- Je m’en fiche moi, je veux pas qu’ils soient là. De toute façon, je sais que je suis votre préférée alors ça sert à rien de faire des efforts avec eux.
- Seren, je t’ai déjà dit que nous n’avions pas de préférence ! Ca ne justifie pas ton comportement ! Fais un effort ! Je ne te demande pas de jouer tout le temps avec eux, mais sois gentille, au moins de temps en temps.
- Oh mais j’ai pas envie…
- Pour nous faire plaisir, à papa et à moi.
- C’est nul d’avoir des frères et sœurs…
Je ne sais plus quoi faire avec elle…
Un peu plus tard, un Père Hiver à la barbe rousse est arrivé pour déposer des cadeaux.
Nolan et Cléo ont eu le leur sans problème.
Quant à Seren, il a fallu qu’elle fasse son petit numéro…
- Tu as de la chance, je suis de bonne humeur, alors toi aussi tu as droit à un cadeau. Mais il sera plus petit que celui des autres. Alors attention, tu dois être plus gentille !
J’ai cru que ça l’avais touchée, et qu’elle allait faire un effort. J’y ai vraiment cru, en la voyant offrir des cadeaux, spontanément, à Cléo et à Nolan.
Mais je me suis trompée. Je commence vraiment à désespérer…
J’ai entendu les jumeaux discuter dans le salon.
- Toi aussi elle t’a offert un cadeau tout puant ?
- Oui… C’était à prévoir, on la connait depuis le temps.
- Même maintenant en grandissant elle veut pas être sympa avec nous. Tu crois qu’un jour elle nous aimera ?
- J’en sais rien, mais tu sais quoi ? Je m’en fiche ? J’en ai assez de faire sans arrêt des efforts, alors c’est fini de mon côté. On a essayé, même aujourd’hui avec tout le monde et elle a encore dit non. Alors je la laisse tranquille maintenant.
Je les comprends. Combien de fois je les ai entendus dire ça, mais combien de fois ils ont changé d’avis pour tenter d’aller vers elle, sans résultat… Mais tout serait tellement plus simple si Seren avait un comportement plus appréciable !
J'ai appris en lisant les nouvelles, que mon cousin Tao est décédé. C'était le fils de Maxime, le frère de ma mère. Il a une soeur jumelle, mais nous ne sommes plus en contact depuis mon enfance. Je n'ai jamais rien su de leurs vies...Quelques jours plus tard, avant le jour de l’an, c’est au tour des jumeaux de fêter leur anniversaire. Ca y est, mes premiers bébés deviennent des adolescents. Ca me fait tout drôle de dire ça… C’est que… Je ne suis plus si jeune, maintenant ! Tout comme pour Seren, j’ai préparé leurs gâteaux.
Et ils ont soufflé leurs bougies, ensemble.
J’ai dû forcer Seren à venir dans la salle à manger, c’était normal qu’elle soit présente, eux étaient là pour elle. Alors elle est venue, mais n’a pas vraiment participé à la fête.
Et une fois que les jumeaux ont grandi, elle est repartie dans sa chambre, sans même prendre un bout de gâteau…
Maintenant qu’ils sont ados, ils seront plus libres et pourront sortir un peu plus souvent. Pas trop non plus, mais nous les avons autorisés à sortir le soir du Nouvel An, en compagnie des triplés et de Léa.
En tout cas, je pense qu’ils ne sont pas prêts de se quitter ces deux-là : ils ont une belle relation, si fusionnelle.
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