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Challenge Génération - Judy : Chapitre 4
Voilà que les fêtes de Noël approchent. Nous aurions voulu que toute la famille se rassemble, mais c’est un peu compliqué, tata Cléo vient de perdre Anthony, son mari, et n’a pas le cœur à la fête, tout comme mes cousins qui viennent de perdre leur papa. Et tonton Nolan est tombé malade, alors il n’a pas spécialement envie de célébrer. Magali et Yoann resteront donc près de lui.
Nous resterons donc à la maison, en tout petit comité, Randy, Anita, les animaux et moi. Cela ne m’empêche pas de commencer à décorer pour l’occasion. Oh, rien de grandiose, juste un sapin.
Quand le soir de Noël est arrivé, Randy n’a même pas pris la peine de s’habiller.
- Oh, on est entre nous, pas de chichis, hein ?
- Oui tu as raison… J’aurais quand même aimé voir tonton et tata, ce soir.
- Moi aussi, mais on ne peut pas leur en vouloir.
- Non, bien sûr que non !
- Bon, c’est pas tout ça mais… tu veux découvrir ton cadeau ?
- Mon… Mon cadeau ? On avait dit qu’on ne faisait rien… Seulement pour Anita !
- C’est plus fort que moi, Judy, je voulais te faire plaisir. Anita aura ses cadeaux si elle se décide à se réveiller, mais tu peux voir le tien dès maintenant si tu le souhaites.
Randy a enfilé son manteau, et nous sommes descendus à la cave.
- Voilà, Judy. J’ai fait aménager ce coin rien que pour toi et tes animaux. Tu n’auras pas l’occasion de travailler, alors je t’offre un moyen de le faire : t’occuper de tes animaux toi-même, prendre soin d’eux comme tu sais déjà si bien le faire, avec quelques outils supplémentaires.
- Mais Randy, il ne fallait pas, c’est… c’est beaucoup trop, je…
- Ca ne te plait pas ?
- Oh, si, bien sûr ! Mais tu n’avais pas à te donner tout ce mal pour moi… Et à quel moment as-tu fait installer tout ça ? Je n’ai rien vu !
- Je voulais te faire plaisir, Judy. Tu es ma fille de cœur et je ne veux que ton bonheur. Quant à l’installation, disons que j’ai eu un petit coup de pouce et que tout s’est fait très rapidement. Tu n’as rien vu car tu dormais comme un bébé.
- Merci, Randy, merci du fond du cœur. Je ne te remercierais jamais assez.
- C’est amplement suffisant, Judy. Te voir heureuse me réchauffe le cœur, et c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire.
Nous sommes remontés, ne voulant pas laisser Anita seule dans sa chambre trop longtemps, bien qu’elle dorme à poings fermés.
Enfin, c’est ce qu’on croyait. Cette petite maline a entendu du bruit dans la cuisine et a voulu voir ce qu’il s’y passait. C’est le Père Hiver !
Ca me rend si heureuse de voir ses petits yeux s’illuminer devant ce Grand Monsieur porteur de cadeaux. Elle est si adorable !
Elle a ouvert les cadeaux sous le sapin, toute heureuse.
La soirée s’est vite terminée. Randy a remis Anita au lit, bien que cette dernière aurait voulu jouer un peu plus longtemps, et je suis partie tester mes nouveaux appareils.
Avec ça, je peux créer des sérums pour les animaux, je ne sais pas bien encore ce que je fais, alors je ne les utiliserais pas. Je veux être sûre de moi avant de pouvoir leur donner quoi que ce soit.
Le Père Hiver a rapporté une grande figurine à Anita, et elle ne se lasse pas de la regarder.
Mais elle aime aussi passer du temps dehors, à jouer dans la neige !
Je la surveille toujours du coin de l’œil, pendant que je passe du temps avec les chiens.
Et puis je n’oublie pas Loki, qui a pris du poil gris… J’ignorais son âge quand je l’ai adopté, mais je ne le pensais pas aussi âgé. Il reste en forme, mais ça me fait mal de me dire qu’il est déjà en fin de vie… Alors je le cajole, autant que je le peux !
Et puis, très vite, trop vite, ce que tout le monde redoutait a fini par arriver…
Mon oncle… Je n’ai pas pu le revoir une dernière fois, et sa maladie l’a emporté… A cet instant, je pense à tata Cléo qui vient de perdre son mari, et maintenant son frère jumeau… Elle a déjà le soutien de ses enfants, mais elle a ressenti le besoin de venir me voir.
- Je suis désolée tata, je sais à quel point vous étiez proches tous les deux, et ça me rend triste d’avoir perdu tonton…
- Ca ira, Judy… Ca prendra du temps ! Oh, je suis si triste ! Je ne devrais pas te dire ça, parce que je n’ose pas imaginer ce que toi tu as ressenti, mais j’ai été anéantie par la perte de ma petite sœur, ta maman… Puis Anthony qui partage ma vie depuis si longtemps. Et là, je perds ma moitié, mon double… Je ne pensais pas devoir vivre ça un jour, je ne me voyais pas devoir vivre sans lui, j’ai comme l’impression qu’une partie de moi est morte avec lui…
- Oh tata… je ne peux pas imaginer ce que tu traverses, mais je sais que tonton voudrait que tu sois forte, j’en suis sûre. Viens, entre à la maison, il fait froid. Je vais me changer, installe-toi au chaud dans ma chambre.
J’ai de la peine pour ma tante, la voir errer comme cela, sans trop savoir quoi faire, quoi dire…
- Tu sais, Magali n’a même pas eu besoin de m’appeler. Avant que la sonnerie du téléphone ne me rappelle à la réalité, je le savais, au fond de moi, je sentais que c’était terminé. C’est fou, non ?
- Je ne crois pas, le lien des jumeaux peut parfois être très fort, et je pense que vous aviez ce lien-là.
- Oui… c’est dur d’être la dernière en vie… Je ne pensais pas voir partir ma petite sœur, et je n’imaginais pas vivre la perte de mon jumeau. C’est si dur, Judy…
- Ca va aller tata, il te reste Loïc et Lena, et puis tu as ton petit-fils !
- C’est vrai, merci Judy, ça me fait du bien de discuter avec toi.
Je n’ai pas pu lui demander de partir, je l’ai laissée dormir là, dans mon lit, et elle est repartie le lendemain matin. C’est difficile, mais la vie continue…
La perte de mon oncle a été difficile, mais j’essaie de ne retenir que le positif. Et actuellement, dans ma vie, le positif, c’est ma petite sœur. Randy, aussi. Il va un peu mieux. Et il joue de bon cœur avec Anita. Bientôt, il ne sera plus en mesure de le faire parce qu’elle sera bien trop grande pour monter sur son dos !
Un jour, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir Loki en mauvaise posture. Oh non, il est malade !
Il est temps pour moi de tester mes talents de vétérinaire. J’ai lu des livres, je sais bien que ce n’est que de la théorie, mais cela m’a permis d’en savoir un peu plus sur les maladies des animaux. Et puis, si je ne suis pas sûre de moi, j’irais l’emmener chez un vrai vétérinaire.
Alors, voyons voir…
J’ai un peu perdu mes moyens, au début, parce que je n’étais pas certaine de pouvoir guérir Loki de moi-même.
Et puis, j’ai fermé les yeux, j’ai pris une profonde respiration, et j’ai commencé à l’examiner.
J’ai pris des notes, pour être certaine de ne pas me tromper.
Je l’ai inspecté de partout, ne me laissant pas interrompre par les pleurs d’Havana, qui réclame de l’attention parce que je ne m’occupe pas d’elle à cet instant.
Loki a eu un peu peur de tous ces outils de torture, même si j’y suis allée tout en douceur pour ne pas le faire paniquer.
Finalement, il n’avait pas grand-chose, un petit coup de froid, il n’a même pas eu besoin de piqûre – et j’avoue que ça m’arrange !
- Voilà, c’est fini, tu vas mieux maintenant, ce n’était pas si terrible !
- Miaou !
Prendre soin de ses animaux est primordial, et en voulant soigner Loki, j’ai négligé Havana, qui est partie de la maison, comme pour montrer son mécontentement…
J’ai lancé un appel sur internet, je me sens tellement mal pour elle, qui a été habituée à être le seul animal de la maison, voilà que je dois maintenant partager mon temps… Je n’ai pourtant pas eu l’impression de la délaisser…
J’essaie de garder le sourire, pour Anita, parce qu’elle a besoin de bonheur dans sa vie.
Je la vois grandir de jour en jour, et devenir plus autonome. Siggy ne loupe pas une occasion de passer du temps avec elle !
Puis, je suis partie prendre l’air non loin de la maison, tout en ayant l’espoir de retrouver ma chienne. J’y ai cru, et je l’ai vue, là, sous le pont près de la maison, recroquevillée et toute sale…
Je lui ai fait un gros câlin pour la rassurer, et lui montrer que je suis là pour elle quoi qu’il arrive, et je lui ai donné une petite friandise, je ne sais pas si elle a pu se nourrir correctement, quand elle était absente.
Et bien sûr, je l’ai examinée. Elle m’a semblée malade… J’espère qu’elle n’a rien de grave !
Après quelques examens, je me suis rendue compte qu’elle avait des puces, mais pas seulement… Alors je ne lui ai pas fait de piqûres, dans le doute. Parce que madame attend un petit.
Cela me rend un peu triste, parce que je sais que je ne pourrais pas le garder. Je pense que j’ai assez de 4 animaux à la maison, et en avoir un de plus ne serait pas une bonne idée.
Oh, c’est une déchirure, vraiment. Surtout que j’ai très peur, dans quelle famille va-t-il atterrir ?
Il est né, très vite. Un petit mâle. Il est si mignon…
J’ai fait des recherches, pour qu’il soit adopté par quelqu’un de respectueux et aimant envers les animaux. C’est important pour moi.
Il a été adopté rapidement. La personne qui est venu le chercher n’avait pas l’air sympathique, mais il ne faut pas juger sur l’apparence. Elle avait probablement passé une mauvaise journée.
Voilà, le petit d’Havana est parti. Cela me fait tout drôle, de me séparer de ce petit animal, comme si je l’abandonnais. Je sais que c’était nécessaire, mais c’est difficile.
Puis le temps a passé, et la tristesse a fini par s’envoler, tout doucement. Aujourd’hui est un autre jour, puisque c’est l’anniversaire d’Anita.
Elle le sait, et elle a très hâte de grandir !
Alors elle a voulu souffler ses bougies dans mes bras. De toute façon, Randy a trop mal au dos pour la porter, maintenant.
Voir ma petite sœur grandir me fait quand même tout drôle, et me rappelle à chaque fois que maman est partie depuis bien trop longtemps…
On le sait, avec Randy, qu’il va falloir lui expliquer, elle est en âge de comprendre, et elle va bientôt aller à l’école. Je ne veux pas qu’elle pose des questions en revenant de l’école, parce qu’on va lui demander qui est son papa, mais aussi sa maman.
Siggy est un peu impressionné par la grandeur d’Anita, mais ces deux-là restent toujours aussi proches.
Pendant qu’ils s’amusaient tous les deux, on s’est installés, Randy et moi, sur le canapé.
- Judy, je sais qu’on va devoir tout lui expliquer… Mais je ne m’en sens pas capable… Tu… Je sais que tu sauras trouver les mots, tu peux lui expliquer, tu le feras bien mieux que moi.
- Mais, Randy, je ne sais pas, je… c’est vrai, je m’y prépare depuis un moment, parce que je sais que c’est inévitable, mais… en réalité, je ne sais pas comment lui dire.
- Je suis sûre que tu trouveras la meilleure façon de le faire. Et puis regarde-moi, je suis tout gâteux, je ne suis plus crédible à mon âge. Et je ne sais pas comment m’y prendre…
- Randy, tu racontes n’importe quoi !
- Peut-être… mais je suis sûre que tu n’auras pas besoin d’aide. De toute façon, je ne suis jamais bien loin !
Au même moment, nous avons été interrompus.
- Vous parlez de quoi ?
- Euh… viens t’asseoir, s’il te plait.
- Hum, d’accord, ça a l’air sérieux, quand même.
- Oui, c’est important, Nini.
J’ai vu Randy jeter un regard triste sur le cadre photo de maman, posé sur la cheminée.
Et je me suis lancée, la voix tremblante.
- Tu sais Nini, tous les enfants ont un papa, et une maman.
- C’est quoi une maman ?
- Eh bien, c’est comme un papa. Un papa et une maman sont les deux personnes qui t’aiment le plus au monde, qui feraient tout pour toi, qui…
- Ben, alors, c’est toi, ma maman !
- Non, Nini… Je suis ta grande sœur… Une maman et un papa sont amoureux. On a tous les deux une maman, la même maman ce qui fait de nous des sœurs, mais maman elle n’est plus là…
- Elle est où, alors ?
- Elle est partie, comme tonton Nolan…
- Mais pourquoi je l’ai jamais vue ?
- Elle est partie depuis longtemps… au moment où toi tu es née, et…
- Alors c’est de ma faute si elle est plus là ?
- Non, Nini, ce n’est pas ta faute.
- Tu sais, c’est peut-être ma maman, mais si une maman c’est comme un papa, alors je crois quand même que c’est toi ma maman. Parce que tu t’occupes de moi, et parce que tu m’aimes comme papa, alors c’est pareil.
- Je… Je m’occupe de toi, c’est vrai, mais jamais je ne voudrais remplacer maman.
- D’accord… Mais c’est presque pareil alors. Même si t’es pas amoureuse de papa.
Je l’ai prise dans mes bras, je suis contente qu’elle le prenne de cette façon. C’est toujours difficile de mettre des mots là-dessus. Randy n’a rien dit, je crois que j’ai fait ce qu’il fallait.
Après mon étreinte, elle s’est glissée vers Randy.
- Papa, tu étais amoureux de ma maman, alors ?
- Oui, très amoureux. C’était une femme exceptionnelle, et tu lui ressembles beaucoup.
Elle m’a semblé satisfaite. Mais je vois bien que quelque chose la chiffonne.
- Mais Judy, je comprends pas. Si ta maman c’est aussi ma maman, pourquoi mon papa tu l’appelles Randy ?
- Eh bien, parce qu’en réalité, nous n’avons pas le même papa. Mais Randy a toujours été là pour moi, c’est un peu comme mon papa finalement.
- Tu vois ! C’est comme toi et moi ! Alors t’es un peu comme ma maman.
- Je suppose que tu as raison ! Mais je ne veux pas que tu penses que maman ne t’aimait pas. Elle t’a aimé depuis le jour où elle a appris que tu étais dans son ventre. Tu vois, c’est elle, là, sur la cheminée.
- Elle était belle !
- Oui, et viens voir. Là, elle était avec Randy, avec ton papa, elle avait l’air heureuse, tu ne trouves pas ?
- Oui, on dirait bien !
- Eh bien, c’est parce qu’elle savait que bientôt tu allais arriver dans sa vie. Et tu étais son petit rayon de soleil.
Nous sommes restées là quelques minutes avant de retourner dans la pièce principale.
Anita est partie enlacer son père, et est revenue vers moi en courant.
- Merci Judy, de t’occuper de moi et de m’aimer comme si t’étais ma maman.
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