Eli court partout dans l’hôpital, il ne tient plus en place.

On m’a installée pour l’accouchement, mais il n’y a rien à faire, ce n’est pas le moment…

Je dois faire des allers-retours dans l’hôpital afin d’accélérer le travail mais je me sens mal, sur le point d’exploser.

Puis finalement, le moment arrive, l’arrivée de bébé est imminente ! Eli a eu le temps de se changer mais évidemment il est toujours aussi paniqué.

En réalité, même s’il me stresse un peu, il me rassure aussi, je suis contente qu’il soit là, avec moi. Je pense à maman, et à comment elle a dû accoucher seule. Tata était avec elle à l’hôpital bien sûr, mais pas en salle d’accouchement, où c’est le plus difficile et où on a tant besoin d'une compagnie.

Bébé est là, il va bien. Non… Elle va bien. Mais la tête du médecin ne me rassure pas…

- Ce n’est pas terminé madame, il y en a un deuxième !

Oh ! Ooooh… c’est si douloureux…

Mais une fois terminé, et une fois que je vois la bouille de mes bébés, je suis aux anges. Et Eli s’est apaisé.

Je sais que ça va être sportif, avec 3 enfants à la maison. D’autant plus qu’en rentrant avec Mélanie et Lola, j’appréhendais la réaction de Malo, et mes doutes se sont confirmés, monsieur n’est pas ravi de l’arrivée de ses sœurs…

 

Nous essayons de nous occuper de lui autant que nous nous occupons des filles, il a besoin d’attention encore, et il a surtout besoin de voir que ses sœurs ne lui ont pas piqué sa place, et qu’on l’aime toujours autant.

 

 

Les filles sont relativement calmes, nous n’avons pas à nous plaindre. Malo comprend un peu mieux avec le temps, même s’il n’apprécie pas trop quand elles pleurent.

 

 

Mais du haut de ses petites gambettes, il ne peut pas les observer tout seul. Une fois à bonne hauteur, il trouve ça rigolo de voir ces deux bébés s’agiter devant lui.

Puis finalement, plus le temps passe et plus il les aime, il accepte les jumelles à tel point qu’il ne veut plus les quitter et préfère jouer dans leur chambre plutôt que la sienne.

Ah, c’est sûr que c’est du boulot, 3 enfants en bas âge. Je suis très heureuse et très fière de ma famille, mais je crois que j’en ai fini avec les grossesses. Et puis je ne veux pas non plus être virée ! J’ai appris à apprécier mon travail même si ce n’est pas la voie que j’avais choisie. J’avoue que j’ai quand même plus de libertés que ce que j’espérais et je suis si reconnaissante de pouvoir profiter de ma famille et voir grandir mes enfants. Je sais que nous allons devoir les quitter dans peu de temps, alors j’en profite un maximum.

Mais avant de repartir en mission, je dois parler à Amelia. La grossesse, puis l’accouchement, m’avaient empêchée de la confronter plus tôt, mais aujourd’hui je suis déterminée à le faire, j’ai rassemblé assez d’informations.

- Agent Fournier, c’est Agent Berry au téléph…
- …
- Oui… Pourrait-on se rejoindre quelque part ?

- …
- Ce soir ? Oui, ce soir, évidemment… Très bien, à ce soir !

Nous nous retrouvons dans un endroit plutôt isolé de San Myshuno, de toute façon à cette heure-ci il y a très peu de chances de croiser quelqu’un.
- Bonjour Sarah, vous vouliez me parler ? Cela avait l’air urgent.

- Euh, oui… Oui effectivement. Ecoutez, je ne vais pas tourner autour du pot. J’ai appris des choses. Des choses vous concernant.
- Je vois, oui.
- Vous savez beaucoup de choses, Amelia. Vous permettez que je vous appelle Amelia ?
- Oui, bien sûr.
- Je disais donc, je crois ne pas me tromper en disant que vous avez un don. Et ce don, vous l’avez, parce que vous n’êtes pas humaine.
- En effet…
- Vous êtes une vampire, et je sais que vous l’êtes depuis plusieurs générations. Peut-être au moins depuis que mon arrière-grand-mère est ado, ou jeune adulte. Vous savez, mon arrière-grand-mère… Flora. Vous la connaissiez bien, non ?
- Je… euh…

Je l’ai déstabilisée. Elle savait que j’étais au courant de sa nature, elle l'a lu dans mes pensées, ou je ne sais pas comment, mais elle était au courant. Cependant, elle ne savait pas que j’en avais découvert un peu plus que ça.
- Amelia, vous faites partie de ma famille, n’est-ce pas ?

- Tu es douée, Sarah. Très douée. Je pense que tu es prête à en apprendre un peu plus. Effectivement, Flora était une de mes petites cousines. J’ai grandi normalement comme tous les enfants, j’étais encore une humaine. Mais je savais que ma grand-mère, la mère de mon père, était une vampire. Lui ne l’était pas, mais cette nature me fascinait. Quand j'étais ado, j’ai voulu me rapprocher d’elle, et de fil en aiguille, je suis devenue ce que je suis aujourd’hui.

 

 

 

- Alors… Si vous m’avez approchée, ce n’était pas par hasard ? Ce n’était pas parce que je farfouillais partout ?
- Non, effectivement, ça m’a servi de prétexte. Mais sache que c’était nécessaire. Nous n’en sommes pas encore là aujourd’hui, mais un grand danger se prépare. Ta prochaine mission y est directement liée. J’ai eu la chance de développer mes capacités de vampire dans de bonnes conditions, avec des vampires exemplaires, qui ne cherchaient qu’à rester discrets et loin des humains auxquels on ne veut aucun mal. Notre espèce était mal acceptée. Et si c’est le cas, c’est à cause d’autres vampires qui eux ne cherchent qu’à nuire aux humains, mais aussi à leurs semblables. C'est pour ça que depuis plusieurs générations personne n'entend parler de nous et il est difficile de trouver des informations sur les vampires. Tu as quand même réussi.
- Mais… même si nous sommes liées par le sang, quel rôle ai-je à jouer dans cette histoire ? Je veux dire, vous êtes capables de plus qu’une simple humaine, alors pourquoi m’avoir choisie, moi, et pourquoi maintenant ?

- Eh bien… Tu es bien plus liée à tout ça que tu ne le crois… Je pense que tu es prête à entendre la vérité. Tu es bien assise ? Bon. Tu n’es pas sans savoir que ta maman a fait appel à une société afin de pouvoir donner la vie. Ce qu’elle ignorait, c’est que cette société est dirigée par un grand maître vampire, le pire qui puisse exister… Son nom est Straud. Mais peu importe, là n’est pas le sujet. Avec cette société, il savait qu’il allait pouvoir générer d’éventuels vampires dans le but de créer une armée, puisque les donneurs… et bien, les donneurs sont tous des vampires.
- Je… Oh… Alors… Mon pè… mon donneur…

- Est un vampire oui… Malheureusement, c’est souvent une histoire de famille dans ces cas-là, et ma propre famille s’est déchirée. Ton donneur, c’est le cousin de mon père. Mon grand-oncle a tout fait pour que son fils ne soit pas corrompu par les mauvaises personnes, mais malheureusement il était influençable et est parti aux côtés de Straud, dont le seul but est de créer d’autres vampires comme lui et faire en sorte que nous, les « bons » vampires, disparaissions.

- Mais alors… Pourquoi ne suis-je pas vampire moi aussi ?
- Un vampire qui procrée avec un humain ne donne pas forcément d’enfants vampires, mon père n’était pas vampire et il ne l’est jamais devenu, il est resté éloigné de tout ça toute sa vie. Ta mère avait une chance d’avoir un enfant tout à fait humain, donc toi. Mais ce n’est pas tout…
- Ca fait déjà beaucoup à encaisser…
- Et pourtant… Quand ta mère a accouché de toi, ton donneur était présent. Ta mère ne le sait pas puisqu’elle était inconsciente pendant son accouchement. Mais… il y avait un autre bébé… ton frère… qui lui, est né vampire… Ni ta mère, ni toi, ni personne n’en a jamais rien su, parce que ton donneur est parti avec, dans le but de le former lui aussi. Aujourd’hui, il est prêt à tout pour nuire à ma famille, et par extension, à toi aussi.

 

 

 

- Oh mon dieu… j’ai un frère jumeau ? C’était donc ça qu’il me manquait, toute mon enfance… Et ma mère… oh mais c’est horrible, elle a un fils et elle l’ignore ! Est-ce que… est-ce que je pourrais le rencontrer ?

- Malheureusement, il est beaucoup trop dangereux.
- Il sait que j’existe, je suppose ?
- Il le sait, oui. Mais crois-moi, il ne te veut aucun bien. Cette future mission est primordiale, Sarah. Nous devons mettre fin au règne de Straud. Une fois que leur maître sera anéanti, ses sbires comme ton frère, comme son père qui est aussi le tien, et bien d’autres seront affaiblis. Ils n’auront pas d’autre choix que de se ranger dans le droit chemin.
- Et… Je sais maintenant pourquoi j’ai été recrutée, mais… Eli ?

- Eli n’a rien à voir avec les vampires, il s’est présenté de lui-même à l’Agence, il n’avait rien à perdre. J’ai tout de suite vu en lui un bon élément. Je ne me suis pas trompée.
- Amelia… Vous saviez pour mes grossesses ?
- Avant même que tu ne le saches, oui. Et Sarah, j’ai toujours voulu te protéger, même quand tu étais plus jeune, sache que ma grand-mère veillait sur toi, de près ou de loin. Ton grand-père, aussi. J’aurais aimé ne pas en arriver là et ne pas avoir besoin de te recruter, mais je suis persuadée que tu es la clé. C’est toi qui réussiras à détruire Straud et ses serviteurs.

 

 

 

Il va me falloir du temps pour assimiler toutes ces informations. Je savais que j’avais des choses à découvrir, mais je n’aurais jamais pensé… à ça ! Le jour se levant déjà bientôt, Amelia est partie, sans cacher sa vraie nature, cette fois.

 

De retour à la maison, j’embrasse tendrement Eli sur la joue. Je suis désolée qu’il doive faire partie de tout ça, il ne le mérite pas. Je ne sais pas si je dois lui dire que je suis la fille d’un vampire, je ne crois pas en être capable, pas encore. Je ne sais même pas si je réalise, moi-même…

Et je ne pourrais pas cacher cet énorme secret à maman. Mais nous partons en mission, bientôt, et je ne veux pas la savoir seule après avoir appris une nouvelle telle que celle-là. Je lui annoncerai, à mon retour. En attendant, le regard vide, je sens un immense besoin de me détendre…