Comme pour ma première grossesse, je me sens fatiguée… Onyx veille sur moi, elle doit comprendre que j’ai un bébé dans mon ventre, je ne sais pas comment, mais elle est différente. Toujours très adorable, mais elle devient pot de colle.

Bien sûr, elle va régulièrement voir les jumeaux comme elle le fait depuis toujours, et dort avec eux, mais j’ai remarqué qu’elle faisait des allers-retours entre nos chambres, la nuit.

Depuis qu’ils ont grandi, les jumeaux sont plus sages. Et ils sont vraiment comme deux doigts de la main. Je les entends discuter pendant des heures, parfois.

Je les entends se chamailler, aussi, mais toujours pour s’amuser.

Ils sont assez studieux, aussi. Du moins, ils essayent de l’être ! Et ils font leurs devoirs sans qu’on leur demande. L’avantage qu’ils ont à être deux, c’est qu’ils peuvent s’entraider si l’un ne comprend pas une chose que l’autre comprend.

Cette grossesse est plus difficile à vivre que la première. Je n’ai pas vraiment eu de nausées quand j’attendais les jumeaux, même si j’étais extrêmement fatiguée. Cette fois, en plus de la fatigue, je me sens mal et n’ai envie de rien manger. De toute façon, il n'y a pas grand chose qui passe...

 

Lily vient me voir régulièrement pour savoir comment je vais, si ma grossesse se passe bien. Elle est ravie de cette nouvelle grossesse et a vraiment hâte de faire la connaissance du petit dernier !

Avec cette grossesse, je me sens triste. Je ne saurais pas l’expliquer, mais depuis que j’ai appris que j’étais enceinte, je ne fais que de penser à mes parents. Comme si mes sentiments étaient décuplés : évidemment, ils me manquent tous les jours, mais là, je ressens un réel vide. Alors je suis allée leur rendre visite.
- Bonjour papa, bonjour maman. Je ne viens pas vous voir très souvent mais je ne vous oublie pas, vous me manquez terriblement et j’espère que vous pouvez voir la femme que je suis devenue de là où vous êtes. J’espère que vous voyez vos petits-enfants grandir ! Bientôt, un autre arrivera, mais peut-être que vous le savez déjà, ou peut-être que je parle dans le vide, mais ça me fait du bien, d’être là, et de vous parler, même si vous ne pouvez pas m’entendre.

A cet instant, j’ai ressenti comme une brise, étrange. Il n’y a pas de vent, pourtant. Alors je me suis imaginée que, peut-être, cette brise pouvait être une sorte de réponse de mes parents. Ils sont partis depuis si longtemps maintenant… Mais je me dis qu’ils sont encore là, quelque part…

Cette visite m’a fait du bien. Je me sens mieux.
A la maison, je retrouve les jumeaux dehors, à regarder les nuages. Je crois qu’ils aiment la nature, eux aussi.

Je les vois même s’amuser sur la balançoire alors qu’il pleut, parfois.

Un jour, Cléo est venue me demander…
- Maman, Nolan et moi on se demande un truc. T’as un bébé dans ton ventre, et bientôt il sera à la maison. Mais… Tu nous aimeras toujours, Nolan et moi ?
- Bien évidemment ma chérie, mon cœur est assez grand pour tous mes enfants ! J’aimerais beaucoup ce bébé, mais je l’aimerais tout autant que vous ! Ne vous inquiétez pas, vous êtes mes amours.
- Merci maman, t’es la plus géniale !

Ce sont des inquiétudes d’enfant, je peux comprendre qu’ils se posent des questions. Etant fille unique, je n’ai jamais eu à me demander si j’aimerais ou non mon petit frère ou ma petite sœur. Cléo est vite partie rassurer Nolan, mais mon fils s’inquiète à présent pour tout autre chose… Il a peur de l’orage…

Il a trouvé du réconfort avec Savannah, qui n’est pas très rassurée non plus…

Cléo s’en fiche, elle. Mais elle a tendance à s’ennuyer, si elle ne peut pas aller jouer dehors. Alors… Elle s’amuse comme elle peut, à l’intérieur…

Je n’ai pas la force de la sermonner, ce bébé me tire toute mon énergie. Et pas seulement ! Quand je disais que cette grossesse était difficile. Bébé doit prendre tellement de place qu’il m’appuie sans arrêt sur la vessie ! Résultat, je passe ma vie aux toilettes ! Quand j'ai le temps d'y aller, bien sûr...

Mais la vie suit son cours, et malgré ma fatigue, je suis contente de bientôt pouvoir accueillir un nouveau membre dans notre famille.

Mais une nuit, alors que je dormais paisiblement, j’ai été réveillée par quelque chose. Un message. Un de ceux que l’on voudrait ne jamais recevoir.


Je suis restée là, assise sur mon lit, sans penser à rien. Je ne sais pas combien de temps je suis restée comme ça, c’est comme si le temps s’était arrêté. Et j’ai pensé à Léonie.

Jules, que j’ai réveillé, a tenté de me consoler comme il le pouvait, mais rien ne pourrait me remonter le moral. Sauf peut-être rendre visite à Léonie. C’est la nuit, mais je suis certaine qu’elle ne dort pas : comme moi, elle a appris la nouvelle, comment dormir après avoir appris un truc pareil ?
- Ma chérie, je suis désolé pour ce qui vient d'arriver à Lily. C'était une femme formidable. Tu veux rester là, à discuter ? Tu veux t'allonger un peu, et essayer de dormir ?
- Je ne peux pas dormir, Jules. Je dois aller voir Léonie, elle doit avoir besoin de réconfort, besoin de moi...
- Très bien, tu veux que je t'accompagne ?
- Non, je préfère y aller seule...
- Alors promets-moi d'être prudente.
- Je te le promets.

Alors je me suis habillée, et je suis partie à San Myshuno. Elle était là, à m’attendre. Elle savait que j’allais venir.
On est face à face, on se regarde, mais on ne se parle pas. Il n’y a pas besoin de mot pour exprimer la douleur que l’on ressent, toutes les deux, seuls les regards suffisent.

L’instant d’après, elle me prend dans ses bras. Elle ne dit rien, encore une fois, mais je comprends qu’elle veut me dire « merci ».

Evidemment, je suis là pour elle. La douleur est immense pour moi. Mais ce doit être un cauchemar, pour elle. C'était sa mère à elle, pas la mienne...
On a parlé pendant des heures. Du passé, des moments passés ensemble. On a même fini par sourire un peu, même si bien sûr la douleur mettra du temps à s’envoler.

Et Léonie m’a proposé de faire une partie d’échecs. Pour penser à autre chose.
Alors on joue. Mais notre esprit est ailleurs.

 

Finalement, sans comprendre comment, je gagne la partie. Mais ce n’est pas réellement une victoire.

Léonie finit par m’embrasser la joue, pour me remercier d’être venue. Et elle s’en va. « Je dois aller travailler » m’a-t-elle dit, par automatisme. Comme un pantin qu’on actionne avec des fils invisibles…

Puis la vie continue. Il faut savoir se relever. J’ai su le faire à la mort de mes parents et je l’ai fait là aussi. Et je dois continuer, savoir être forte, pour mes enfants. Les mois ont passé. La douleur est toujours présente, mais ça va mieux. Bébé ne devrait plus tarder à arriver, maintenant.

Nolan et Cléo ont été très tristes, pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, tout le monde commence à aller mieux. Et je suis fière de dire que j’ai deux enfants formidables.
Ils nous aident à la maison, toujours avec grand plaisir. On a beau leur dire que ce n’est pas à eux de le faire, ils le font quand même.

 

A vrai dire, ils ont décidé il y a peu de temps d’entrer à l’école des scouts. Ils ont choisi de faire ça d’eux-mêmes. Est-ce que ça leur plait à tous les deux ? Je pense que oui. Mais il est possible qu’ils aient décidé de le faire pour rester ensemble : c’est qu’ils sont vraiment inséparables !

En tout cas, même si au départ c’était un peu l’inconnu, je pense que ça leur plait.

 

Ils commencent petit à petit à ne plus faire tout le temps les mêmes choses : Nolan aime jouer au docteur, alors que Cléo préfère dessiner. Mais ils ne restent jamais bien loin l’un de l’autre.

 

Nolan est un peu plus craintif que Cléo. Déjà pour l’orage, mais aussi pour le monstre sous le lit… Je ne sais pas jusqu’où peut aller l’imagination des enfants, mais pour Nolan, le monstre est bel et bien là. Je les ai d’ailleurs déjà entendus en discuter.
- Mais Cléo regarde, il est là il a de grosses tentacules et il veut m’attraper pour me manger !
- Nolan, calme-toi, il n’y a rien. C’est ton imagination qui te joue des tours. Mais si tu penses vraiment qu’il y a un monstre, alors pourquoi tu ne veux pas essayer de devenir ami avec lui ?
- Ami ? Mais il va me manger je t’ai dit !
- Pas si tu deviens ami avec lui ! On ne mange pas ses amis !
- Ah, oui, t’as raison. Bon, alors euh, je lui dis quoi ?
- Je sais pas, demande lui ce qu’il aime.

Cléo a réussi à calmer Nolan ainsi. Ils sont tellement fusionnels. J’ai l’impression que jamais rien ne pourra les séparer ! Et pourtant, un jour, ils devront bien vivre leur vie, chacun de leur côté…

Avec Jules, nous sommes très chanceux. Nous avons deux enfants adorables, et bientôt un troisième à aimer et chérir ! Et nous sommes plus amoureux que jamais.

Jules, comme avec les jumeaux, parle à son bébé et n’en peut plus d’attendre, il veut tellement pouvoir enfin le rencontrer !

Comme pendant ma première grossesse, c’est lui qui s’occupe des tâches ménagères. Les enfants aident, mais il essaie quand même de faire le maximum afin que je ne me fatigue pas.

Je continue de faire la cuisine, mais là aussi, Jules veut que je me repose.
- Laisse Flo, je vais m’en occuper, va t’asseoir.
- Je sais que tu veux aider, Jules, mais justement, c’est en ne faisant pas à manger que tu m’aideras. Toi et moi savons très bien ce que ça donne quand tu essaies de mettre la main à la pâte !
- Oui, bon ça va… Mais ne te fatigue pas plus que nécessaire.
- Ne t’inquiète pas.

Je lis beaucoup. Mon dos me faisant terriblement mal, je ne peux plus m’occuper de mon jardin comme je le souhaite, ainsi que de mes compositions florales. J’entretiens le jardin, mais je mets beaucoup de temps et me fatigue vite. Cela ne m’empêche pas de lire quelques livres afin de connaître des secrets de jardinage qui m’échappent encore.
Et Nolan aime s’asseoir à côté de moi.
- C’est trop bon maman ce que tu fais à manger, heureusement que c’est toi qui cuisines et pas papa ! Une fois, il nous avait préparé un truc et c’était pas bon !
- Ah oui mon chéri, je suis d’accord avec toi ! Je continuerais à te faire les plats que tu aimes, ne t’en fais pas ! Et si tu t’inquiètes, même quand le bébé sera là, j’aurais le temps de continuer à cuisiner !
- T’es trop forte, maman !

Celle qui n’est pas si contente, c’est Onyx. Et oui, avec ma grossesse je ne peux plus l’emmener courir comme avant. Jules l’emmène, mais il ne va pas aussi loin et surtout il ne court pas ! Et mon dos me fait beaucoup trop mal pour pouvoir l’emmener très loin.
- Je me rattraperais Onyx, dès que possible, je ne t’oublie pas ma fifille !

Les enfants commencent à ramener des projets scolaires à faire à la maison. Ils doivent faire ça à deux, mais rien ne les interdit de faire appel à de l’aide extérieure, des parents, par exemple. Alors avec Jules on est contents de pouvoir les aider. Ca me rappelle l’époque où j’avais moi-même des projets à faire et que Jules venait m’aider, « en tout bien tout honneur ».

Et puis une nuit, c’est arrivé. J’ai perdu les eaux. Cette fois, Jules n'est pas au travail, mais comme pour les jumeaux, il est très paniqué, alors que je me suis habillée calmement. J’ai très mal, mais rien ne sert de paniquer plus que nécessaire.

 

Nous avons pris la voiture, avons déposé les enfants chez Léonie, puis nous sommes partis en direction de l’hôpital.
Jules n’est pas plus rassuré que la dernière fois. Pourtant, le médecin qui s’était occupé de moi n’a plus l’air d’être là.

Nous sommes rentrés dans l’hôpital, j’ai dû aller me présenter à l’accueil. Déjà, j’ai trouvé cela étrange que ce soit un fantôme qui accueille les patients…
- Bonjour, je viens pour accoucher, c’est assez urgent j’ai déjà perdu les eaux !
- Oui, ok, vous pouvez patienter là sur le côté.
- Vous plaisantez, j’espère ? Je ne peux plus attendre, mon bébé va sortir !
- Ca c’est pas mon problème, il va falloir attendre le médecin.
- Mais elle était là à l’instant !

 

Je n’en peux plus. Je n’ai pas la force de crier sur cette personne. Jules arrive à ma rescousse.
- Ecoutez, chère madame, j’imagine que vous avez tout le temps que vous souhaitez devant vous, mais ma femme a besoin d’un médecin IMMEDIATEMENT ! Je ne vais pas le répéter deux fois, alors s’il vous plait, appelez un médecin ET VITE !
- D’accord, monsieur, ne vous énervez pas…

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, un médecin est arrivé et m’a emporté dans la salle d’accouchement. Ayant entendu Jules s’énerver, elle lui a demandé de se calmer et de rester à l’intérieur, ne souhaitant pas que je ressente plus de stress que nécessaire.
C’est donc seule que j’accouche… Jules n’est pas loin, mais j’aurais aimé pouvoir lui tenir la main… Je pense à mes parents, je pense à Lily qui aurait tant aimé connaître cet enfant…

Et tout s’est bien passé. Cette fois, il n’y a qu’un seul bébé. Et c’est une merveilleuse petite fille.

Elle a l’air d’être moins calme que son grand frère et sa grande sœur, mais je suis sûre que ça ira mieux, avec le temps.
Oh, et… elle s’appelle Seren.