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Nolan
Perdre Savannah a été une épreuve pour tout le monde. Avec Cléo, on a pensé qu’il serait une bonne idée de reprendre un animal, pour papa et maman. On en a quand même parlé à papa, mais il nous a confié que maman n’était pas prête à remplacer Savannah, ou Onyx. Elles laissent un vide, mais elles seront toujours dans nos cœurs, c’est certain.
Le temps a passé depuis cette perte difficile, et on va tous un peu mieux maintenant.
Mais je me sens bête ! Et nul ! Comment est-ce possible d’être aussi timide, de ne pas oser aller parler à une fille ? Je parle bien sûr de Magali, cette fille au lycée… Cléo a bien compris que j’en pince pour cette fille, peut-être même qu’elle l’a compris avant moi.
Mais… Et si… Et si par un heureux miracle, j’arrivais à sortir avec Magali, je ne passerais plus autant de temps avec ma sœur jumelle. Je sais bien que nous sommes censés vivre notre vie, séparément, mais je ne me vois absolument pas vivre loin de ma sœur jumelle. C’est ma moitié, c’est mon sang, elle est tout pour moi. Et ça, ma future femme, que ce soit Magali ou non d’ailleurs, elle devra faire avec, et accepter de partager la place dans mon cœur.
Cléo aime beaucoup me taquiner, mais je sais qu’elle le fait avec tendresse.
- Bon, tu t’es décidé ? C’est aujourd’hui que tu vas parler à Magali ?
- Mais non, elle voudra jamais de moi de toute façon.
- Oh, sois pas si pessimiste ! Et puis, si tu vas pas lui parler, moi j’irais !
- Non, tu ferais pas ça !
- Tu veux parier ?
- Non ! J’ai pas envie qu’elle se moque de moi après.
- Mais non !
Bien évidemment, ma sœur jumelle ne sait pas tenir sa langue, j’aurais dû m’en douter. Et à force d’attendre que j’aille lui parler, elle lui a dit quelque chose, à Magali, dans les couloirs du lycée.
Je suis certain qu’elle ne lui a pas parlé des cours, mais bien de mes sentiments pour elle. Merci Cléo…
Je suis parti réfléchir à une petite revanche pour ma jumelle, assis sur un banc, sans trop savoir quoi lui faire. Après tout, elle n’a pas pensé à mal… Et alors que j’étais plongé dans mes pensées, voilà que j’ai vu Magali arriver vers moi…
- Oh, Magali… Bon… Euh… Bonjour… Euh… Je sais pas ce que Cléo t’a dit mais, euh… Tu veux t’asseoir ?
- Oui, merci Nolan. A vrai dire, je suis presque sûre que tu sais déjà de quoi ta sœur m’a parlé !
- Ah euh… je suis désolé c’était pas à elle de venir te dire ça, et… je lui ai rien demandé, mais...
- Sois pas si gêné, Nolan. Tu sais, je suis assez timide moi aussi, mais, on peut se parler normalement, quand même ?
- Oui, tu… as raison… Elle t’a dit quoi, au juste ?
- C’est simple, elle m’a dit qu’un garçon m’appréciait beaucoup, sans te nommer, mais j’ai vite compris, et puis… tu sais, elle a bien fait parce que tu n’aurais jamais osé venir me parler. Et à vrai dire, sans elle, moi non plus. Parce que… moi aussi je t’aime bien, Nolan.
- Ah oui ?
- Tu vois, j’ai pris sur moi pour venir te parler, mais la discussion avec ta sœur m’a donné beaucoup de confiance en moi, alors je m’étonne moi-même, mais je suis contente de venir discuter avec toi ! Même si je dois avouer que tu n’es pas très bavard !
- Je… Oh pardon, c’est vrai, je…
- Tu n’es pas un garçon comme les autres Nolan, j’apprécie beaucoup ça chez toi, tu n’es pas comme ces garçons qui courent après toutes les filles du lycée pour en faire leur trophée. Non, je vois que tu es quelqu’un de bien. Quelqu’un en qui l’on peut avoir confiance.
- Merci, Magali. Tu sais, je sais que tu es une fille bien, toi aussi. Je suis un peu maladroit, et j’ai pas envie de gâcher ce moment, mais je t’apprécie beaucoup.
- Tu ne gâches rien, au contraire. Tu es chou !
Elle m’aime bien ! On a parlé un moment ici avant que la sonnerie ne nous interrompe. Finalement, on s’est dit au revoir dans les couloirs du lycée, et alors que j’allais partir, elle m’a pris dans ses bras. J’ai ressenti quelque chose à ce moment-là que je n’avais jamais ressenti avant. C’est fou, je crois que je suis vraiment amoureux. Et c’est grâce à ma sœur. Mais je le sais, il y a encore du chemin à parcourir…
Chemin qui, de fil en aiguille, s’est dévoilé. Tous les jours nous nous retrouvons et nous parlons à chaque pause, nous nous retrouvons dans les couloirs ou dans la cour. Un jour, j’ai osé lui prendre les mains et lui dire qu’elle était vraiment très jolie… Je ne sais même pas moi-même comment ces mots sont sortis de ma bouche, mais ils étaient sincères.
Et un jour, c’est elle qui a fait le premier pas. Elle m’a embrassé. Et c’était agréable ! Je n’aurais jamais osé l’embrasser sans qu’elle ne me le demande.
Le soir-même, Cléo s’est jetée dans mes bras.
- Nolan ! J’ai rien voulu dire jusqu’à maintenant, mais je vous ai vu, après les cours, Magali et toi ! C’est trop bien, je suis trop trop contente pour toi !
- Merci Cléo, mais tu sais tout ça c’est grâce à toi. J’aurais jamais osé lui parler en fait…
- Je sais bien, t’es beaucoup trop timide. Tu vois tu l’aurais regretté ! Elle est parfaite pour toi, cette fille !
- Je crois oui… J’espère ! Mais… Je m’inquiète pour toi. Tu es si extravertie, contrairement à moi, et tu n’as jamais trouvé personne qui te convient !
- T’en fais pas pour moi Nolan, c’est pas parce qu’on est jumeaux qu’on doit tout faire ensemble ou en même temps ! Je trouverais bien le moment venu ! Je ne me fais pas de souci de ce côté. L’important, aujourd’hui, c’est que tu sois heureux !
- Merci, et tu sais, même si je suis amoureux de Magali, tu auras toujours une place spéciale et je ne t’abandonnerai jamais !
- Ca je sais bien, on abandonne pas sa sœur jumelle comme ça !
Je le pense sincèrement, je ne pourrais pas vivre sans ma jumelle. Alors même si je suis officiellement en couple, je garde du temps pour le passer avec Cléo. Magali comprend parfaitement, et cela ne lui pose pas de problème.
Alors on fait nos recherches ensemble, pendant que je lui parle de ma relation, elle m’écoute toujours avec le sourire. Je sens qu’elle est vraiment heureuse pour moi.
On s’amuse encore comme des gamins dans la piscine, ou on part faire du footing à deux, en pleine nuit. Elle me soutient, tout comme je la soutiens. Pour toujours.
Flora
Aujourd’hui, nous préparons l’anniversaire de Seren. J’ai laissé Jules préparer le gâteau, je ne sais pas si c’est vraiment une bonne idée, mais soyons fous !
Bien évidemment, Seren est impatiente !
Jules est épuisé, est-ce le fait d’avoir préparé un gâteau qui le rend dans cet état ?
Ou peut-être que c’est l’attente qui est interminable, comme pour les jumeaux, qui sont là mais qui se demandent bien ce que leur petite sœur peut bien faire…
- Je préparais tout pour quand je vais grandir ! C’est que… j’veux devenir populaire moi ! Alors je dois mettre tous les atouts de mon côté !
Je crains le pire… Mais ça ne peut pas être si catastrophique. La voilà qui souffle ses bougies.
- Ouais… Bon, vous permettez mais il faut absolument que j’aille me changer et que je fasse quelques ajustements.
Tout le monde a vaqué à ses occupations, Seren n’ayant pas voulu prendre le temps de manger un bout de gâteau avant ses « ajustements ». Elle a passé des heures dans sa chambre.
- Un peu de rouge à lèvres en plus…
- Voilà, je suis parfaite !
- Et un selfie pour mon compte Simstagram, il faut que j’ai le plus d’abonnés possibles !
La nuit a fini par tomber. Je suis partie travailler un peu dans ma serre en attendant que Seren soit prête. L’orage est violent, cette nuit. Je n’ai pas osé sortir de là avant que ce soit terminé. J’ai quand même pris la pluie, j’avais bien fait de me changer pour venir ici.
J'ai pu me rentrer, me changer, et attendre Seren. Quand je l'ai vue débarquer dans le salon, je n’en croyais pas mes yeux.
- Mais Seren, qu’as-tu fais à tes jolis cheveux ?
- Bah je les ai teints, ça se voit, non ?
- Oui, je vois bien… Mais… Tu ne crois pas que tu aurais pu en parler à papa et moi avant de faire ça ?
- Bah même si vous aviez dit non je l’aurais fait quand même. Et puis après tout, c’est pas rare dans la famille, quand j’vois les photos de nos ancêtres, j’aurai pu faire pire.
- Ce n’est pas une raison, Seren, et puis… Tu n’es pas obligée de me parler sur ce ton.
- J’parle comme je veux, d’accord ? J’suis grande maintenant.
- Cela ne te donne pas le droit de me parler de cette façon. Tu es encore jeune et tu vis encore sous mon toit. Tant que ce sera le cas, j’espère que tu feras tout pour nous respecter un maximum.
- Et dire que j’pensais être la préférée… je me suis bien trompée en fait. Je m’en fiche de toute façon. Au lycée, je serai la préférée. Et plus tard aussi, quand je deviendrais célèbre.
- Quoi ?
Elle est déjà partie. Célèbre ? Ma fille veut devenir célèbre ? Je ne sais absolument pas d’où cela sort. C’est vrai qu’elle a toujours essayé de vivre comme une princesse bien que nous n’ayons rien fait pour, mais de là à penser qu’elle voulait devenir célèbre…
J’ai tenté de lui parler à travers la porte de sa chambre désormais fermée à clé.
- Tu sais Seren, ça ne se fait pas comme ça, il va falloir beaucoup travailler, si tu veux devenir célèbre. Il faut trouver ta voie, ton talent…
- J’ai déjà trouvé, je serai la plus grande actrice de Del Sol Valley !
- ...
- D’ailleurs, je commence déjà à m’entraîner ! Laisse-moi tranquille maman.
Bon, très bien… Je suis allée me dégourdir les jambes dehors afin d’essayer de m’enlever ça de la tête, et de me dire que tout cela n’est qu’une lubie passagère de ma benjamine.
Quelques jours plus tard, j'ai retrouvé Léonie et Louise à Brindleton Bay, afin de passer du temps entre filles, et de rattraper le temps perdu.
Louise porte le poids des années sur ses épaules…
Mais elle est heureuse ! Elle nous a appris qu’elle allait bientôt devenir grand-mère, puisque Léa et Thomas attendent leur premier enfant !
Quand à Léonie, elle est très inquiète. Elle ne sait pas comment elle va devoir vivre sans ses trois enfants. Ca y est, ils sont devenus adultes et ont décidé de voler de leurs propres ailes. Chacun, ils ont trouvé leur moitié et ont voulu s’installer le plus rapidement possible.
Je ne peux pas m’empêcher de penser aux jumeaux. Bientôt, ce sera leur tour…
Mais elle est malgré tout heureuse pour eux. Elle nous a montré les photos.
Mael est installé avec Elodie. Margaux s’est casée avec Mathieu et Manon a trouvé l’amour en la personne d’Hugo. Je leur souhaite bien évidemment le meilleur.
Quant à moi, je leur ai fait part de mes inquiétudes concernant Seren et ses nouvelles habitudes.
« Ah, l’adolescence, c’est parfois difficile », m'ont-elles dit. Je n’ai pas eu de problèmes avec les jumeaux alors je ne devrais pas me plaindre de n’en avoir qu’avec ma dernière. Et puis après tout, ce n’est que passager.
J’aime passer du temps avec elles, je suis toujours détendue après une journée comme celle-ci.
Mais très vite, j’ai subi le dur retour à la réalité. Mes deux aînés deviennent adultes aujourd’hui. Léonie et Louise ont raison, ça file un bon coup de vieux mine de rien…
Bien sûr, je souhaite qu’ils fassent leur vie et soient heureux, mais secrètement, j’aimerais qu’ils restent avec moi pour toujours…
Seren a fait acte de présence pendant notre petite fête improvisée, mais autant dire qu’elle ne respirait pas la joie de vivre…
Cléo
Nous sommes devenus majeurs avec mon frère. Fini le lycée, fini les scouts. Nous avons réussi à avoir toutes nos médailles et à atteindre le plus haut rang avec les félicitations de notre chef scout.
Nolan est casé avec Magali, et je suis vraiment très heureuse pour lui ! Bientôt, il devrait la présenter à la famille !
Je crois que Seren a toujours été jalouse de nous, de notre relation si fusionnelle, à Nolan et moi. Je ne la vois pas, mais je ressens ses ondes négatives, dans mon dos, et son regard méprisant envers nous. On ne lui a jamais rien fait de mal, mais elle a toujours cherché à nous détester. Alors oui, elle a fait quelques efforts durant son enfance, mais j’ai l’impression qu’elle va vivre une adolescence difficile, et qu’elle va en faire baver les parents !
D’ailleurs, elle ne peut pas s’empêcher d’être désagréable avec tout le monde. Magali a fini par venir à la maison, et j’ai entendu Seren chuchoter pas si discrètement à papa…
- Rhoo t’as vu son look, en plus elle est trop moche !
- Ne critique pas les autres sur leur physique, Seren, elle est très mignonne et elle a l’air très gentille.
- Oh t’es pas drôle papa.
Maman a accueilli Magali comme il se doit et on a mangé tous ensemble.
Je vois bien que maman est inquiète. Elle sait qu’on ne vivra pas ici éternellement. Et voir Nolan en couple et très heureux la fait prendre conscience que bientôt il partira. Moi aussi, je suis un peu triste de savoir que bientôt je serais séparée de mon frère jumeau, mais c’est la vie. Et je sais aussi qu’on ne sera jamais bien loin.
Après quelques mois, Nolan a effectivement décidé de vivre avec Magali. Il s’en veut, par rapport à moi, et il me pousse à venir visiter les maisons qu’ils ont repéré avec eux. Nolan m’a même demandé de vivre avec eux, afin de toujours être ensemble. J’ai refusé, évidemment. Il a besoin d’avoir sa vie de famille, et même si je suis importante pour lui, on doit se détacher un peu l’un de l’autre. Mais je viens aux visites, pour donner au moins mon avis.
Celle-ci, c’est leur coup de cœur. C’est vrai qu’elle est belle.
Mais mon regard s’est portée sur une autre maison, en face de la rue. S’ils vivaient dans cette maison, et moi dans celle-ci, ce serait un bon moyen de rester proche, non ?
Je me suis doucement approchée, en ne voyant rien d’autre que cette maison. Et je ne me suis rendue compte que trop tard qu’un homme passait à ce moment-là…
- Oh, pardon, je suis vraiment confuse, je ne vous avais pas vu, je…
- Vous avez raison, elle est très jolie, cette maison !
- Oh, euh… Vous trouvez ? Ne la prenez pas, c’est une mauvaise idée.
- Et pourquoi cela ?
- Parce que si vous l’achetez, alors elle ne pourra pas être mienne.
- Nous voilà bien embêtés !
- C’est dommage, mais de toute façon, elle n’est pas à vendre...
Malgré la pluie, nous avons parlé pendant de longues minutes. Avant de devoir repartir. Il n’y avait pas d’orage, mais pourtant j’ai eu l’impression d’avoir eu un coup de foudre. C’est fou, n’est-ce pas ? Un homme que je viens à peine de rencontrer…
Et pourtant, nous nous sommes revus, plusieurs fois, avant de nous embrasser devant cette même maison, là où nos routes se sont croisées la première fois…
Nolan et Magali ont acheté la maison de leurs rêves. Et quelques temps après, je présentais Anthony à mes parents.
Ils sont ravis, ils ont tout de suite deviné que c’est quelqu’un de bien.
Et nous avons énormément de chance, parce que quelques mois plus tard, « notre » maison a été mise en vente. Nous avons mis une offre dessus que l’agence n’a pas pu refuser.
Me voilà en couple, dans une maison que l’on adore tous les deux, et en plus juste en face de chez mon frère jumeau. Lui aussi est heureux. Maman et papa le sont aussi, même si leur maison va leur paraitre bien vide, désormais…
Nous avons bien sûr dit au revoir à papa et maman en leur promettant de revenir à la maison aussi souvent que possible.
Et nous n’avons bien sûr pas oublié Seren qui ne s’était pas jointe à nous pour le repas mais qui est présente pour notre départ.
- Sans rancune. Tu nous fais un petit câlin pour notre départ ?
- Sûrement pas ! Mais, soyez heureux !
C’est déjà ça.
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Seren est une adolescente difficile. Quand elle ne s’en prend pas à nous, elle nous ignore, tout simplement. Elle passe des heures sur son téléphone, et rentre parfois plus tard du lycée. J’imagine qu’elle s’est fait des amis, et je suis contente pour elle, mais j’aimerais aussi qu’elle passe un peu plus de temps avec nous. Qu’elle soit un peu plus agréable, aussi.
Nous avons décidé de partir de nouveau à Granite Falls. Le besoin de me détendre est trop fort, et j’ai le sentiment que je n’y arriverais pas ici. Et puis, je sais qu’il me manque des insectes à collecter. Evidemment, il a fallu en parler à Seren.
- Nous allons partir pendant le week-end prolongé à Granite Falls, et…
- Encore ?
- Oui, encore. C’est relaxant, là-bas. Ce n’est que pour quelques jours, et…
- Mais j’veux pas venir moi. J’peux rester là, à la maison ?
- Je ne sais pas. Est-ce qu’on peut te faire confiance ?
- Bah oui vous croyez quoi ? Que j’vais foutre le feu à la maison ? Vous la retrouverez entière, votre maison.
- Tu vois Seren, c’est ce genre de comportement qui nous fait douter. Nous aimerions pouvoir te faire confiance, mais tu n’en fais qu’à ta tête.
- Oui bah j’m’en fiche mais j’viens pas avec vous dans ce trou paumé moi ! Allez, promis je ferais rien. De toute façon je vois pas ce que je pourrais faire.
- Profite de ces quelques jours pour réfléchir à ton comportement, ce sera déjà bien.
- Gna gna gna, il y a toujours quelque chose qui va pas de toute façon.
Avant notre départ, nous avons appris le décès de Louise. La dernière fois que je l’ai vue, elle semblait très fatiguée… Elle est partie dans son sommeil, le jour de la naissance de son petit-fils… Oui, Léa a accouché d’un petit garçon, qu’elle a appelé Cyril. Sa mère n’aura pas eu la chance de le connaître…
Ca me rend triste, mais ça me donne d’autant plus envie de m’échapper quelques jours. J’ai vraiment besoin de penser à autre chose.
Seren
J’suis trop contente, j’ai la maison pour moi toute seule ! Ca va passer vite, mais au moins j’aurais pas les parents sur mon dos sans arrêt, ça va me faire des vacances !
Granite Falls, non mais ils sont fous ! Déjà qu’on habite à la campagne, ils veulent aller dans un endroit encore plus paumé qu’ici ! J’les comprends pas…
J’sais que ça leur plait pas, mais plus tard je compte vivre à Del Sol Valley et devenir une grande star mondiale. Pour l’instant c’est pas possible mais je fais tout pour me faire remarquer. On sait jamais, un agent pourrait me repérer sur les réseaux sociaux.
Et puis j’avoue que j’me suis rapprochée des filles les plus populaires du lycée, parce que ça peut aider à être connue ça aussi.
Comme les parents sont partis, j’ai invité les filles à la maison. Elles sont sympa, et elles m’ont bien accepté. Faut dire que j’ai réussi à avoir plein de followers sur mon compte simstagram et elles m’ont repéré comme ça. Moi j’les avais déjà repéré, j’espérais secrètement entrer dans leurs rangs. Faire partie des filles les plus populaires du lycée, c’est trop bien. J’en suis pas encore là, mais c’est sur la bonne voie. Avec Alice, Sophie et Keiko à mes côtés, je peux y arriver facilement !
Et puis, j’ai réussi à obtenir une place dans le club de théâtre du lycée. Avec ça, si je deviens pas une célèbre actrice, je ne sais pas quoi faire de plus ! C’est vraiment bien ce club !
Flora
Nous avons décidé de faire du camping cette fois, avec Jules. Certains penseront que ce n’est plus de notre âge, mais ça nous rapproche encore plus de la nature, et puis nous ne sommes pas si vieux que cela !
Bon, c’est vrai que Jules est un peu rouillé… Alors que j’installais la tente, il a voulu allumer un feu, mais il n’a pas fait attention et… il a un peu pris feu.
Rien de grave, heureusement, mais il a fallu que je vienne à sa rescousse.
Ca fait un bien fou d’être ici ! On s’y sent tellement bien.
Finalement, nous ne sommes pas restés sur l’emplacement de camping, parce que j’avais envie de visiter la forêt. C’est là que se trouvent les derniers insectes que je recherche.
Nous avons bien évidemment profité de n’être que tous les deux pour se reposer et se câliner ensemble sous la tente.
C’est agréable de passer du temps ensemble, tous les deux. Ce n’était pas le cas, la dernière fois que l’on est venu ici, Jules ayant dû passer son temps à rester au chalet avec Seren. Finalement, c’est mieux qu’elle ne soit pas venue, on l’aurait entendue se plaindre toute la journée. Mais j’espère qu’elle ne fait pas de bêtises, à la maison…
A vrai dire, j’essaie de ne pas y penser. On est bien, avec Jules.
Se balader dans la forêt, c’est un plaisir tellement grand pour moi. Lui aussi, aime ça. Pas autant que moi, j’en suis persuadée, mais il apprécie.
Je l’ai convaincu d’aller rendre une visite à l’ermite. Jules n’a pas eu le plaisir de faire sa connaissance, la dernière fois. Est-il encore là ? Après tout, pourquoi ne le serait-il plus…
Je l’ai retrouvé au bord de l’eau, à pêcher.
Jules a fait sa connaissance, et bien que cet homme soit accueillant, j’ai l’impression qu’il n’a plus toute sa tête.
Il nous a proposé de rester dormir parce qu’il sentait qu’un orage allait arriver. Il n’a pas eu tort.
Et bien qu’on ait pu se réchauffer à l’intérieur grâce à l’hospitalité de cet homme, celui-ci n’était pas décidé à rester enfermé.
Quand je disais qu’il n’avait plus toute sa tête… Il est parti dehors faire un barbecue, et a malheureusement pris la foudre…
Visiblement, cela n’a pas eu l’air de le déranger puisqu’il s’est amusé dans la boue l’instant d’après.
J’ai quand même préparé à manger pour cet homme, comme pour le remercier de nous avoir accueilli.
Nous avons passé la nuit chez lui. Mais nous n’avons pas beaucoup dormi. Je sais, faire ça dans le lit d’un vieil homme, cela ne se fait pas. Mais, nous n’y pouvons rien, l’air de la campagne nous a donné quelques idées…
Nous n’avons pas retrouvé le vieil homme. Nous l’avons cherché mais les conditions météorologiques ne nous ont pas permis de rechercher très loin, puisque j’ai manqué de vigilance…
Heureusement, rien de cassé. Nous sommes repartis le lendemain matin sans retrouver la trace du vieil homme. Mais j’ai pu, sur mon chemin, trouver ces étranges insectes ressemblant étrangement à des brindilles.
Nous avons rejoint la maison au milieu de la forêt, la pluie ayant repris de plus belle. J’en ai profité pour réviser mes mouvements aux échecs. Je n’ai pas perdu l’espoir de battre un jour Léonie. Je sais qu’elle est la meilleure, mais j’espère la battre à la loyale, un jour.
Jules est venu me rejoindre, mais ce n’est pas un adversaire aussi redoutable que l’est Léonie.
Etant coincés ici par la pluie, nous avons fêté ici l’anniversaire de Jules. Nous aurions pu attendre de rentrer à la maison, mais il avait envie de souffler ses bougies maintenant, en tout petit comité.
Même avec des cheveux gris, je le trouve encore très séduisant.
Le beau temps a fini par revenir, alors j’en ai profité pour repartir à la chasse aux insectes.
J’ai eu beaucoup de chance.
Puis, je suis tombée sur un spécimen très rare, un de ceux que l’on ne croise pas facilement. J’ai eu la chance d’en capturer un, ce qui m’a permis de terminer ma collection.
Jules a appelé son patron pour prendre sa retraite.
Et le lendemain matin, il m’a raconté une anecdote étrange. Alors que je dormais tranquillement dans la tente et qu’il se détendait dehors, Jules a surpris un homme entrer dans notre tente !
Il a commencé par lui demander gentiment de partir et de cesser d’importuner sa femme. Sauf que l’homme n’avait pas envie de se laisser faire.
Jules m’a expliqué qu’ils ont fini par se battre, malheureusement Jules n’a plus toute son endurance, et il a perdu le combat…
Mais cela a suffi à cet homme pour partir de là, sous les yeux inquiets de Jules.
Je n’ai absolument rien entendu ! Mais je suis contente d’avoir pu faire confiance à Jules à ce moment-là ! Qui sait ce qui aurait pu m’arriver s’il n’avait pas été là !
Nous sommes rentrés à la maison un jour plus tôt que prévu. De nuit, pour éviter les éventuels embouteillages. Quand nous sommes rentrées à la maison, nous n’avons pas allumé la lumière et sommes partis directement nous coucher.
Nous avons changé de chambre depuis peu. Notre ancienne chambre est devenue une exposition d’insectes.
Et le lendemain, nous avons découvert l’étendue des dégâts. Je n’ai pas eu le courage de faire ou dire quoi que ce soit. Seren ne s’est pas rendue compte que nous sommes rentrés, et Jules attend qu’elle rentre du lycée pour lui passer un savon…
Quand elle est rentrée, elle a compris qu’elle passerait un sale quart d’heure…
- Seren, tu peux m’expliquer ce que c’est que tout ça ?
- Mais, vous ne deviez rentrer que ce soir ! Pourquoi vous êtes déjà là ?
- Je t’ai posé une question Seren ! C’est quoi tout ce bazar ? Tu te permets d’inviter des amis et de faire la fête, sans ranger, pendant notre absence ?
- Mais papa, je savais pas que vous alliez rentrer maintenant, sinon on aurait tout rangé et…
- Je ne veux pas le savoir ! Tu vas me faire le plaisir de ranger tout ça et TOUT DE SUITE !
- Mais attends, il y a Alice avec moi et…
- TOUT DE SUITE j’ai dit ! On ne vit pas dans une porcherie ! Tu te dépêches de ranger ! Et tu seras privée de sortie jusqu’à nouvel ordre.
- Oh non papa !
- Fais ce que je te dis. Regarde, ta copine est déjà en train de ranger, prends exemple sur elle.
- Deux secondes, je vais le faire.
- J’ai dit TOUT DE SUITE, ce que tu as à faire peut attendre. Tu te dépêches de ranger tout ça. Je ne veux plus rien voir traîner.
- Rhooo c’est pas juste…
Elle a fini par ranger, avec l’aide de son amie, mais elles n’avaient pas l’air très heureuses de le faire. Surtout Seren qui n’a pas mis beaucoup d’enthousiasme à faire le ménage…
- Je suis désolée Madame Berry, nous ne voulions pas mettre autant de bazar, mais Seren nous a dit que vous n’étiez pas là.
- En effet, nous étions absents, mais cela n’excuse pas le fait que la maison était sans dessus-dessous. On lui a fait confiance, mais désormais nous allons y réfléchir à deux fois…
- Au moins on a fait un effort, on a rangé !
- Oui, oui…
Sa copine ne m’a pas non plus paru digne de confiance… Mais au moins elle est restée pour ranger…
Cet épisode terminé, Seren a fait profil bas à la maison. Elle ne nous parle pas mais elle n’invite plus personne sans notre accord.
Quelques jours plus tard, c’est à mon tour de souffler mes bougies… C’est Jules qui a préparé mon gâteau. Oui, j’ai confiance, à présent, il s’est grandement amélioré.
Tout le monde est venu. Léonie et Laurent, avec les triplés et leurs moitiés respectives, mais aussi Nolan et Cléo en compagnie de leurs moitiés également. Léa est venue seule, Thomas devant s’occuper du petit Cyril.
En attendant que Seren rentre, j’ai défié Léonie aux échecs. Je suis certaine de pouvoir la battre !
Et le pari est réussi ! Après toutes ces années, j’ai enfin réussi à battre Léonie à la loyale, aux échecs ! Je vais pouvoir faire une croix sur le calendrier.
Seren a fini par rentrer. Elle s’est inscrite aux club de théâtre de son lycée. Peut-être que ça l’aidera à gérer ses émotions et à mieux se comporter. Mais je crois qu’aujourd’hui, tout ne s’est pas très bien passé pour elle. Ou alors elle respire la joie de vivre, le bonheur de passer un peu de temps en famille…
Soit, je ne veux pas savoir. Aujourd’hui, c’est ma journée. Tout le monde est là, je vais pouvoir y aller…
Et c’est parti pour la dernière étape de ma vie…
Je suis un peu triste, quand même. Louise n’est pas là, avec nous, et vieillir me rappelle que le temps passe vite, beaucoup trop vite, et que Jules et moi ne sommes pas éternels…
J’ai quand même vite retrouvé le sourire, parce que j’ai appris deux bonnes nouvelles. Cléo et Magali sont enceintes, toutes les deux ! Mais deux grands vont devenir parents, et moi grand-mère ! Je suis tellement heureuse ! Et fière de mes enfants ! J’espère juste avoir la chance de les voir grandir…
Mais je me sens bien. J’ai pris ma retraite, mais je continue de m’occuper de mon jardin. Et je ne ressens pas de fatigue, ou le poids des années qui pèse sur mes épaules. Non, je me sens bien.
J’en ai fait part à mes ancêtres. Je sais qu’un jour, je reposerais à leurs côtés. Mais j’espère sincèrement que la vie me permettra de voir grandir mes petits-enfants, et d’être en pleine forme le plus longtemps possible…
Et tant que j’ai Jules à mes côtés, je me sens encore si jeune dans ma tête. Ne pensons pas au pire, et profitons des dernières années qu’il nous reste.--------------------
Flora a réalisé tous ses objectifs !
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J’en ai marre de la maison, de mes parents, de tout. Mon père m’a privée de sortie parce que j’ai laissé deux assiettes traîner… Enfin, maintenant que mes parents sont vieux, j’pense qu’ils sont un peu sourds, et comme ils dorment à l’étage, j’suis tranquille pour partir discrètement la nuit et m’amuser avec mes amis.
Mais j’fais pas ça tout le temps non plus, je voudrais pas qu’ils s’en rendent compte… Enfin il faut me comprendre aussi, je vis dans le coin le plus reculé de Windenburg, c’est vraiment nul de vivre à la campagne, y’a rien à faire… J’ai besoin de bouger moi, de vivre ! C’est bien beau la nature, mais moi ce qui m’intéresse, c’est la ville, les grands boulevards, les projecteurs…
J’essaie de tout faire pour me faire repérer, c’est sûr que c’est pas au club de théâtre que ça va arriver, c’est juste une petite troupe avec des gens du lycée… Mais au moins, ça me permet de travailler mon jeu d’acteur. Je crois que j’fais des progrès quand même, au moins dans ce domaine. Parce que c’est sûr que c’est pas en histoire ou en maths que mes profs seront fiers de moi. Ca m’intéresse pas, tout ça.
Les filles sont pas trop intéressées par le théâtre, mais au club je me suis fait un bon ami, à vrai dire c’est mon binôme, on joue quasiment tout le temps ensemble.
Il s’appelle Zack et vient répéter à la maison, parfois. Il est un peu timide, mais jouer au théâtre permet de le décoincer un peu. Et en fait, il est plutôt sympa.
Souvent, quand je rentre du théâtre, mon frère et ma sœur sont à la maison… Ca m’enchante pas vraiment de les voir…
Mais maintenant, mon père me jette des regards, qui veulent dire « fais des efforts ».
J’dois tout le temps en faire des efforts. Déjà quand j’étais gosse, il fallait que je sois cool avec eux. A vrai dire, c’est pas que j’les aime pas, mais… j’ai toujours eu l’impression d’être mise de côté, parce qu’ils étaient deux, et que moi ben j’ai toujours été toute seule. En plus, ils jouaient souvent avec les triplés, moi j’avais personne de mon âge.
On n’est pas proches, c’est comme ça. Et puis, il faut bien avouer qu'on est trop différents pour bien s'entendre.
Mais bon, j’dis rien maintenant. Je leur dis bonjour rapidement, et je m’éclipse. D’autant plus que la conversation ne tourne toujours qu’autour d’eux. Ben ouais, Cléo et Magali sont enceintes, alors les parents sont aux anges. Pourtant ça doit les rappeler qu’ils sont plus si jeunes, vu qu’ils vont être grands-parents.
Au moins j’suis quand même contente pour Nolan et pour Cléo, ils ont l’air heureux. Je leur dirais jamais que je le suis, j’ai ma fierté quand même. Mais quand je vois Nolan et Magali aussi amoureux, ou Cléo et Anthony qui ne se gênent pas pour montrer leur amour en public, ben ça me fait quand même plaisir.
Un peu comme les parents, quoi. J’sais pas si je trouverais quelqu’un avec qui je resterais toute ma vie. Mais je sais que j’ai le temps, et puis c’est pas ça qui compte pour moi. Tout ce que je veux, c’est devenir célèbre et riche.
Je suis allée manger un truc à côté de mon frère et ma sœur, mais j’ai pas décroché un mot. Eux non plus, je pense qu’ils n’ont pas osé. Je sais que j’ai mauvais caractère, mais j’m’en fiche.
En tout cas, eux ils sont toujours autant scotchés, toujours inséparables. J’aurais bien aimé avoir ça moi aussi, avec un jumeau ou une jumelle, ça doit être cool quand même.
Enfin c’est la vie. Je sais pas jusqu’à quelle heure ils sont restés, mais j’ai pas voulu leur tenir compagnie plus longtemps, il faut que je révise pour le théâtre. C’est pas toujours facile et il m’arrive parfois d’oublier le texte, alors je préfère y passer des heures, quitte à ne pas faire mes devoirs. Je dois être la meilleure au théâtre.
Je crois que c’est en bonne voie, je dois me faire remarquer, je dois briller de mille feux. Et peut-être qu'à une de nos représentations, quelqu'un me repèrera. Je dois mettre toutes les chances de mon côté !
Quand c’est pas les jumeaux qui viennent à la maison, c’est Laurent et Léonie. Ils sont vieux, eux aussi.
Mon père aime discuter avec Laurent, sur la terrasse, pendant que ma mère et Léonie jouent aux échecs. J’ai jamais rien compris à ce jeu, mais elles ont l’air d’aimer ça.
C’est pas ça que j’veux, comme vie. Une vie où on reste à la maison tous les soirs, à profiter du plein air. Moi j’veux pouvoir vivre, sortir en ville et profiter de tout ce qu’il y a dans le monde ! Et surtout être au centre de l'attention !
Ce soir, je sors. Que les parents soient d’accord ou non, c’est pas un problème. On a l’habitude de sortir tous les samedis soirs avec les copines, alors j’vais pas faire une exception.
J’ai vraiment réussi à bien m’intégrer à leur groupe. Et puis grâce à ça, j’suis un peu plus connue sur Simstagram, alors j’ai pas mal d’amis. Mais c’est vrai que j’préfère trainer avec Sophie, Keiko et Alice.
J’ai l’impression d’être douée pour plein de trucs ! C’est moi qui mène la danse, finalement. Et j’aime ça !
Et puis, regardez-moi ce déhanché lorsque je lance une boule de bowling !
Même au chant, je suis douée. Je dois avouer qu’Alice ne chante pas trop mal non plus.
Bon par contre, au baby-foot, c’est pas trop ça, mais on peut pas être bon partout. L’important c’est de passer un bon moment entre filles ! Loin des parents et des remontrances…
Je rentre tard à chaque fois, mais pas trop, parce que je sais que les parents se lèvent très tôt, je voudrais pas qu’ils me croisent alors que je suis sortie sans autorisation.
Je passe mon temps devant le miroir, à m’entraîner pour le théâtre, c’est comme ça que je vois si je réussis bien ou non.
Bien sûr il y a Zack qui peut me dire si je récite bien mon texte, mais il n'est pas tout le temps avec moi.
Ma mère me rappelle que le temps passe, et que même si je m’y intéresse pas trop, la famille reste importante.
Mais elle, elle devient trop impatiente. Parce que Cléo et Magali grossissent à vue d’œil et que dès qu’elles sont à la maison, ma mère veut toucher leurs ventres pour sentir les bébés. Elle a vraiment hâte que les petits naissent. Mais ça m’énerve. Parce qu’encore une fois, j’suis pas au centre de l’attention. J’ai toujours voulu qu’on s’intéresse à moi, plus qu’aux autres, et là, ma mère et mon père ne s’intéressent qu’à leurs futurs petits enfants…
Un jour, je les ai vus dehors en rentrant du théâtre. Ma mère était en train de méditer et mon père faisait du yoga.
- Bah vous faites quoi ?
- On se détend, Seren. On a besoin de se détendre. On a besoin d’un peu de calme.
- Oh.
J’ai quand même l’impression que c’est à cause de moi, tout ça. Je leur fais subir du stress ? D’un côté, j’suis jeune et j’ai besoin de vivre, c’est pas ma faute si les jumeaux sortaient presque jamais. Moi j’ai besoin de m’amuser. En fait, je prends conscience que mes parents sont quand même un peu vieux et que ça se fait pas de les malmener comme je le fais. Mais c’est plus fort que moi ! Je peux pas vivre enfermée ici, en pleine campagne ! Ca me rend triste, parce que j’sais qu’ils sont pas éternels, mais en même temps, je vais pas m’arrêter de vivre pour leur faire plaisir.
D’ailleurs, ce soir les filles ont entendu parler d’une foire aux talents dans un bar à San Myshuno, alors même si c’est un peu loin j’peux pas louper ça !
Il y a pas mal de monde, peut-être que je pourrais me faire remarquer, on sait jamais !
Alors j’ai chanté. Et j’ai raconté des blagues, aussi.
J'ai été pas mal applaudie, mais personne n’est venu à moi, mais je garde espoir, c’est toujours possible de se faire repérer sans que personne ne dise rien sur le moment, et puis c’est un peu à ça que ça sert, les foires aux talents, non ?
J’sais pas trop. On verra bien ! Après ça, on est partis chez Sophie pour se changer, parce que c’est Halloween et qu’on veut pas louper ça ! On va aller visiter une maison soit disant hantée. Il y a du monde normalement, et on veut jouer le jeu du déguisement.
Keiko et Sophie sont déçues parce qu’on est les seules à être déguisées, mais moi j’suis contente, au moins on fait rien comme les autres et c’est comme ça qu’on a un peu d’attention !
Alice et moi, on est contentes. Et finalement, Sophie aussi.
Keiko est un peu plus sur la réserve.
J’ai croisé des gens du lycée, ils sont impressionnés par nos costumes et par le fait qu’on ait osé sortir déguisées alors que personne d’autre ne l’a fait.
Un mec du lycée, assez populaire lui aussi, m’a même dit que j’étais la plus sexy et que ça me rapporterait pas mal d’abonnés sur Simstragram.
Tant mieux ! Quand je suis rentrée, au petit matin, n’ayant pas vu l’heure… J’ai aperçu mes parents en train de discuter sur la terrasse. Ils ont dû voir que j’étais partie. Mais j’ai filé dans ma chambre pour ne pas avoir à les affronter. Ma mère m’avait envoyé deux sms dans la nuit, pour m’annoncer les nouvelles.
Elles ont accouché presque en même temps, tant mieux pour elles. Et pour leurs gosses, parce qu'ils joueront sûrement ensemble. Mais moi, j’ai qu’une envie, c’est dormir…
Le lendemain après-midi quand je me suis finalement réveillée, on avait reçu un autre message.
Décidément ! Ca va en faire, des gosses.
Ma mère m’a interpellé, et m’a demandé de m’asseoir avec elle dans le salon. J'ai commencé par refuser en lui disant que ça ne servait à rien de me faire la morale...
Et puis elle a insisté.
- Seren, j’aimerais que tu sois un peu plus agréable avec nous, et avec ta famille. C’est important, tu sais.
- Maman, ça m’intéresse pas les gosses ! C’est cool pour Cléo et Nolan, tu leurs diras félicitations, mais honnêtement, j’suis pas fan des gosses.
- Ce sont tes neveux, Seren. Et puis, ce n’est pas tout, j’aimerais que tu nous préviennes quand tu sors. Nous avons bien compris que tu avais ce besoin de t’évader, mais nous avons aussi besoin de savoir où tu es, et à quelle heure tu rentres.
- Mais j’fais c’que j’veux maman… J’ai pas envie d’être fliquée !
- Ce n’est pas une question d’être fliquée ou non, on ne va pas aller te surveiller, on veut juste savoir. Parce que quand tu n’es pas là, on s’inquiète. On ne sait pas ce qu’il pourrait t’arriver, et ça nous empêche de dormir de ne pas savoir où tu es et si tu vas rentrer…
- Je rentre à chaque fois, maman. Ca servira à quoi de savoir tout ça ?
- Ca nous rassurerait de savoir, c’est tout. Tu comprendras, quand tu auras des enfants.
- Des enfants, moi ? Bah c’est pas demain la veille !
- Tu dis ça, maintenant, mais plus tard tu changeras peut-être d’avis. Bref, s’il te plait, envoie-nous juste un petit sms, pour nous prévenir, rien de plus.
- D’accord maman…
Un sms, ok mais j’vois pas ce que ça peut faire de plus. Et puis… j’peux leur dire ce que j’veux aussi.
Enfin, c’est vrai que c’est pas grand-chose, et si ça leur permet de me lâcher la grappe, ça me va.
Je suis allée faire un tour sur le PC pour vérifier un peu mes réseaux sociaux, et j’ai vu que j’avais plein de nouveaux abonnés ! Trop bien ! J’deviens de plus en plus populaire, tout le monde veut devenir ami avec moi !
Et ce soir, j’vais encore leur montrer de quoi j’suis capable !
On va en boîte avec les filles, et je compte bien me faire remarquer !
Déjà, avec notre petite danse, tout le monde nous regarde.
Mais j’ai eu envie de plus. Le mec de la dernière fois, à la soirée Halloween, il me plait bien, et j’vais lui montrer d’une façon détournée.
- Hey David, tu veux voir mes talents d’actrice ! J’suis sûre que j’peux t’impressionner !
- Vas-y, montre-moi !
Et là, je ne lui ai pas laissé le temps de réfléchir, après lui avoir lancé toute une tirade amoureuse, je l’ai attrapé puis renversé pour l’embrasser.
Il ne s’est pas décollé de moi, mais j’ai joué le jeu jusqu’au bout.
- T’as vu comment j’suis trop douée ! Merci, merci !
Tout le monde me regarde, j’ai même eu droit à des pourboires ! Ouah c’est une bonne idée de faire ça !
J’ai envoyé ça sur Simstagram accompagné d’un selfie, Keiko ayant tout filmé : « une scène d’amour digne des plus grands films ». Bon, elle exagère un tout petit peu, mais si je peux avoir des vues et des abonnés en plus, ça me dérange pas.
Et puis… même si c’était pas pour de vrai, j’ai quand même aimé ce baiser avec David. Alors pourquoi ne pas tenter autre chose.
- David, je sais que t’as aimé que je t’embrasse… Et si… Et si on allait plus loin, tous les deux ?
- Je… Maintenant, tout de suite ?
- Ben oui, pas l’année prochaine ! Allez, viens, je suis sûre que je te plais !
- Oui, d’accord !
Trop facile.
- Allez, viens !
- T’es sûre de toi ?
- Evidemment !
On n’est pas en couple, hein. Mais j’ai quand même le droit de m’accorder un peu de bon temps, il faut bien que je m’amuse durant ma jeunesse ! Je me doute que demain au lycée tout le monde en parlera, on est populaires tous les deux, et notre petite scène ne passera sûrement pas inaperçue ! Mais moi ça m’éclate !
- Youhou j’me suis bécoté avec la fille la plus populaire du lycée, youhou !
- Oui bah n’en fais pas trop non plus.
- Bah quoi ? C’était bien non ?
- Ouais mais pas aussi bien que ce qu’on entend, ta réputation est bonne mais pas forcément fondée tu sais. Alors à ta place, je ne me vanterais pas trop, c’était bien mais t’as quand même besoin de t’améliorer.
- Oh, ok…
En vrai oui c’était quand même bien, mais j’veux pas qu’il se fasse des films. Je sais qu’il n’est pas du genre à se caser, mais moi non plus alors on sait jamais.
Quand je suis rentrée, je suis partie directement dans mon lit. J’avais pas oublié d’envoyer un sms à ma mère, mais je suis pas certaine d’avoir bien respecté l’heure de mon retour…
Elle m’a rien dit finalement. Elle avait raison, le sms était utile. Ils sont bizarres, les parents.
Je les ai d'ailleurs surpris à faire une activité de gosses.
- Non mais vous pensez pas que vous avez passé l'âge de faire ça ?
- Mais non, c'est amusant, viens avec nous !
- Même pas en rêve !
Le temps a passé et même si au lycée on a beaucoup parlé de mon éventuelle relation avec David, c’est pas allé trop loin et tout le monde est vite passé à autre chose. Tout le monde nous connait bien et sait que nous ne voulons pas être un couple. J'avoue que David a essayé de retenter quelque chose mais j'ai refusé. C'était pour m'amuser, c'est tout.
Au théâtre ça se passe très bien et j’ai de plus en plus d’assurance. Je m’entraîne toujours avec Zack et lui aussi se dévoile toujours un peu plus.
Avant la première représentation, le professeur nous avait proposé des costumes, mais j’ai tout fait pour qu’on en utilise d’autres, ceux du prof étant trop classiques, il nous fallait autre chose.
Bien évidemment, cela ne lui a pas plu mais tout le monde s’est rangé de mon côté et on a prévu mes costumes.
Le professeur était assez furax, mais il n’était plus question de revenir en arrière, c’était trop tard.
Je sais que je ne plais pas au prof, mais je plais aux autres élèves, et c’est tout bénef pour moi !
Entre temps, nous apprenons encore la naissance d’un mioche, décidément.
Quant à moi, j’ai décidé que je serais malade, alors j’ai appelé le lycée pour prévenir que je ne pourrais pas venir.
J’en ai profité pour rattraper mon retard sur mes dernières séries TV.
Et pour inviter Zack, il n’a pas cours cet après-midi. Avec le temps, je crois qu’il est devenu mon meilleur ami. Et oui, bien plus que les filles que j’apprécie pourtant beaucoup. Mais Zack, c’est pas pareil. J’ai une relation particulière avec lui. Je vous vois venir, il n’est pas question d’amour, entre nous. On est si différents, et pourtant on s’entend si bien !
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J’ai tellement hâte d’être majeure ! J’ai déjà commencé à rechercher une maison, à Del Sol Valley. J’en ai pas parlé à mes parents, mais j’imagine qu’ils m’aideront un peu, comme ils ont aidé les jumeaux. C’est que… Je sais que j’pourrais pas m’offrir une belle maison, au départ, parce que c’est super cher, à Del Sol Valley. Rien à voir avec Brindleton Bay, où sont installés mon frère et ma sœur.
Mais pour ça, je vais devoir attendre encore un peu.
On a appris que Cléo était de nouveau enceinte.
Et puis, les garçons… enfin, mes neveux, ont grandi.
Ma mère veut tout le temps les garder. Mes parents ont réaménagé la chambre des jumeaux pour pouvoir accueillir les petits de temps en temps et ma mère est aux anges.
A vrai dire, moi je m’y intéresse pas tellement. Ils sont mignons, tant qu’ils me gênent pas. Mais ils sont scotchés avec leur grand-mère, alors ça m’arrange. Souvent, Cléo et Nolan déposent les garçons ensemble, pour qu’ils puissent continuer à jouer tous les deux.
Ma mère s’occupe bien d’eux. Mon frère et ma sœur lui font confiance, et je les comprends. Elle a toujours été une bonne mère, je le sais même si je lui en fait baver, alors elle ne peut qu’être une excellente grand-mère.
Elle laisse même Loïc monter sur son dos. Lui, c’est le fils de Cléo et Anthony.
Et elle fait l’avion avec Yoann, qui est donc le fils de Nolan et Magali.
Cléo et Nolan aimeraient que je m’intéresse davantage à eux, mais c’est pas mon truc, les gosses. Et puis j’suis trop jeune pour penser à en avoir. Ce qui m’intéresse, c’est de réaliser mon rêve, et je me donne à fond pour l’atteindre. Alors je laisse ma mère s’occuper des petits, elle le fait très bien.
De temps en temps, je l’aperçois sur la balançoire en compagnie de Léonie. Quand j’les vois comme ça j’ai l’impression qu’elles n’ont jamais grandi.
Bientôt, c’est la fête de l’hiver. Les parents décorent le sapin, comme ils aiment tant le faire. Cette année, il n’y aura pas toute la famille.
Léonie et Laurent font ça de leur côté, avec les triplés et leurs enfants respectifs. Ah oui, Mael aussi a eu un bébé.
Quant à moi, j’ai… Disons que j’ai un peu dérapé.
Au théâtre aujourd’hui, un petit journaliste local est venu pour interviewer notre professeur sur notre pièce et les prochaines représentations. Avant l’interview, il nous a bien demandé de répéter en silence pour ne pas les gêner, lui et le journaliste.
Mais… Il y a des caméras… Et… C’est ma chance… Alors je n’ai pas résisté à chanter une des chansons du spectacle.
Je sais que j’ai bien fait. Parce que grâce à ça je passe à la télé ! Bon, c’est sur une chaîne locale, mais c’est mieux que rien !
Sauf que voilà. Ca n’a absolument pas plu au prof. Alors j’ai été virée de la troupe.
Enfin il est bête, je tiens un rôle important et c’est beaucoup trop tard pour trouver un remplaçant maintenant ! Je ne sais absolument pas comment ils vont faire, maintenant. Il est vraiment idiot, ce professeur. C’est pas ma faute s’il a pas réussi à garder l’attention sur lui, après tout, il est peut-être jaloux parce que j’ai plus de talent que lui. Zack m’a appelé pour savoir comment j’allais après ce qu’il venait de se passer. Je crois que je ne réalise pas trop pour le théâtre, et puis je suis trop contente d’être passée à la télé !
Il est quand même passé à la maison. Et le fait de parler avec lui m’a fait prendre conscience que je perdais quelque chose que j’apprécie énormément. C’est vrai, j’adore le théâtre. Le prof n’aurait jamais dû me virer comme ça.
- Peut-être que ma séance filmée sera remarquée, mais je voulais faire toutes les représentations, moi… C’est vrai quoi, il a pas réfléchi, le prof. Comment il va faire pour trouver quelqu’un en si peu de temps ? On a une représentation dans 3 jours !
- C’est vrai que ce n’était pas très judicieux de sa part. Mais tu sais, demain avec les autres on va tout faire pour le convaincre de te reprendre. Après tout, tu fais partie des meilleurs ! Il ne pourra pas se passer de toi !
- Merci Zack, t’es super. Tu crois que ça pourrait marcher ?
- Ben c’est ça, où trouver un remplaçant d’urgence au risque de faire tomber toutes les représentations à l’eau. Il ne va pas avoir trop le choix.
- T’es un amour !
J’ai quand même peur, parce que si jamais le prof ne me reprend pas, j’aurais perdu une super troupe… J’adorais le théâtre, moi ! Et puis Zack a raison, je fais partie des meilleurs. Qu’est-ce qu’il raconte, je SUIS la meilleure.
En attendant une éventuelle réponse du prof de théâtre, j’ai quand même besoin de me changer les idées. Heureusement que les filles sont là pour ça. On est allées faire un peu de shopping, à Magnolia Promenade. C’est un peu loin de chez nous, mais maintenant Keiko a le permis, donc c’est plus facile pour aller où on veut.
Par contre, après les magasins elle a voulu nous emmener à la patinoire. Sauf que j’en ai jamais fait moi ! Et les autres non plus, d’ailleurs… J’ai quand même un peu peur de me faire mal, peur d’abîmer mon image qui n’est pas encore publique…
- Ca va aller, les filles, vous inquiétez pas !
En effet, c’est Keiko qui s’en sort le mieux. Sophie est celle qui a le moins d’équilibre.
Mais Alice et moi, on est pas beaucoup mieux…
Keiko adore ça, mais pour Alice, Sophie et moi c’est pas vraiment l’activité que l’on préfère…
Quitte à faire un peu de sport, je les ai convaincues d’aller à la salle de sport pour s’entraîner un peu.
Alice joue le jeu, mais c’est bien la seule…
Sophie et Keiko préfèrent s’amuser à nous filmer et mettre ça sur simstagram. Après tout, ça montre que je prends soin de mon corps. Ca ne peut qu’être bon pour moi !
Finalement, Zack avait raison. Le prof a cédé, et m’a repris dans la troupe, à condition que je me tienne à carreaux. Je pourrais être la vedette de nos spectacles, jusqu’au bout ! Et puis il n’a pas pu faire autrement, il ne reste pas beaucoup de représentations et ça l’aurait mis dans une situation impossible.
J’ai quand même remercié le prof et je suis rentrée à la maison. C’est la fête de l’hiver, et pas question de sortir ce soir, puisque c’est une fête familiale et que mes parents ont tenu à ce que je sois là.
C’est bizarre, jusqu’à maintenant je n’avais jamais vraiment parlé avec Anthony et Magali, parce que je m’en fichais. Là, j’ai pas trop le choix. Mais je me suis rendue compte qu’ils sont plutôt sympas, finalement.
J’ai quand même pas voulu me joindre à eux quand ils ont décidé de faire une tribu de bonshommes de neige dehors…
Mais Loïc et Yoann sont super contents et s'en sont donnés à cœur joie.
Comme par hasard, le Père Hiver est venu déposer les cadeaux alors que les enfants ne regardaient pas…
Et les petits ont ouverts leurs cadeaux, impossible de les faire dormir, ils sont beaucoup trop excités !
J’ai continué de discuter avec Anthony, pendant que Magali derrière nous a dû nettoyer le bazar qu’avait mis Yoann peu de temps avant.
Même si je m’y intéresse pas vraiment, j’ai pas pu m’empêcher de remarquer que les garçons aimaient beaucoup leurs papas.
N’ayant pas eu le temps de fêter mon retour dans la troupe au théâtre avant la fête de l’hiver, j’ai appelé Zack quelques jours plus tard pour l’inviter à prendre un verre dans un bar. Mais… Zack n’aime pas ce genre de sorties, et a préféré refuser l’invitation. Tant pis, j’y vais avec les filles.
Zack aurait pu venir, il n’y avait pas trop de monde, surtout que c’est un tout petit bar. Mais bon, il n’aime pas ça, je vais pas le forcer.
Sophie et Keiko sont vraiment imbattables au baby-foot… Elles gagnent à chaque fois, du coup elles veulent tout le temps être dans la même équipe. C’est aussi parce qu’Alice ne sait pas jouer… Enfin, on a quand même passé une bonne soirée.
Et puis le jour de l’an est très vite arrivé. J’ai prévu d’aller dans un bar avec les filles, et de m’amuser jusqu’au bout de la nuit !
Il y a un peu de monde, l’occasion de connaître de nouvelles personnes, peut-être que dans le lot il y a des personnalités importantes…
Peu avant minuit, tout le monde étant devant la télé à surveiller le décompte, j’ai tourné la tête vers la porte d’entrée et j’ai aperçu quelqu’un que je ne pensais pas voir ici !
Zack !
- Oh, Zack, tu es venu ! Mais tu n’aimes pas ça, pourtant…
- Tu m’avais dit que tu passais ton jour de l’an ici, alors j’ai voulu te faire une surprise ! Ca me coûte de venir ici, mais j’avais envie de te faire plaisir !
- Oh t’es trop gentil ! Viens avec nous, c’est bientôt le moment !
On est restés devant la télé jusqu’au décompte, et… bonne année !
Finalement, Zack n’est pas resté longtemps, il ne se sent pas bien quand il y a autant de monde…
Mais avec les filles, on a continué à danser jusqu’au bout de la nuit !
Maman m’a envoyé un sms, mais je l’ai vu que quelques heures après...
Quand je suis rentrée, Léonie était à la maison. Au plus mal forcément, quand on vient de perdre son mari ça doit quand même être difficile… Ca me rappelle aussi qu’il avait le même âge que mon père…
Mais aussi triste que ça puisse être, la vie continue… les fêtes passées et le printemps arrivé, c’est aussi le moment pour moi de vieillir. Bientôt, je n’habiterai plus dans cette maison.
Mon frère et ma sœur ont fait l’effort de venir. Cléo a accouché, un peu prématurément, d’une fille cette fois. Mais elle est quand même venue, laissant ses enfants à Magali. Elle m’aime bien, finalement…
J’ai respiré un grand coup…
Et j’ai soufflé mes bougies.
A moi la vie d’adulte, à moi Del Sol Valley !
D’ailleurs, très vite, je suis allée là-bas, juste comme ça. C’est sûr que ça change de Windenburg ! Mais je sais que je vais m’y sentir bien.
J’ai parcouru le long boulevard, là où un jour j’aurais une dalle à mon nom, je ferais tout pour y arriver en tout cas.
Au loin, j’ai aperçu un bâtiment qui m’a l’air très chic. Je crois que c’est ici que se passent les grandes cérémonies de remises de prix.
Je me suis approchée mais je n’ai pas tenté d’aller plus loin.
Puis je suis rentrée à la maison. Il faut que j’annonce mon départ à mes parents. Parce que oui, j’ai trouvé une maison. Une toute petite maison, très modeste, dans le quartier « pauvre » de Del Sol Valley. Mais… Je n’ai pas vraiment le choix si je veux vivre là-bas.
- Maman, papa… J’dois vous parler.
- On t’écoute, Seren.
- Voilà, vous connaissez mon souhait de partir vivre à Del Sol Valley. Alors voilà, ça fait un moment que je cherche, et j’ai trouvé une petite maison. Je… Je pars demain.
- Si vite ? Tu ne peux pas rester encore un peu avec nous ? C’est si soudain…
- Non maman, j’ai signé et j’ai besoin de commencer ma vie. Si je veux réussir dans le milieu, je dois me faire repérer le plus tôt possible. Alors demain, je m’installe, et ensuite j’irais m’inscrire dans une agence de castings.
- Oh… Je ne sais pas quoi dire… Je… Je suis contente pour toi, mais la maison sera si vide…
- Exagère pas non plus, j’étais pas souvent là ! Et puis, au moins, vous serez plus tranquilles !
- Tu viendras nous voir de temps en temps, quand même ?
- Je ferais de mon mieux, c’est promis.
- Prends soin de toi, Seren, et que tous tes rêves se réalisent.
- Merci maman.
Voilà. Ca fait drôle, quand même. Une toute nouvelle vie commence pour moi. Je suis loin de ma famille, mais je ne les oublie pas. Je sais qu’en venant vivre ici, je ne les verrais pas souvent. Mais mon rêve de devenir une star est plus fort que tout.
Alors j’ai fait des sacrifices. En attendant de me faire connaître, je vais devoir vivre dans cette toute petite maison, si vide, si froide.
Ca fait drôle d’être seule. A ce moment-même, je suis partagée. Je sais que je vais me sentir bien seule, ici. Mais je suis heureuse d’avoir la possibilité de réaliser mon plus grand rêve.
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Je suis arrivée à Del Sol Valley depuis quelques jours, et je n’ai pas perdu de temps. Ruminer dans mon coin du fait d’être seule ne m’aidera pas à avancer. J’ai coupé mes cheveux, et me suis inscrite à une agence proposant tout un tas de castings. Certains m’ont appréciée, d’autres un peu moins.
On m’a proposé de trouver un nom de scène, parce que mon nom de famille, Berry, est trop classique, et d'après eux personne n’arrive à se faire un nom dans le milieu s’il est trop banal.
Mais après tout, j’aime la difficulté. Je tiens à mon nom de famille et ne le changerais pour rien au monde. Si je dois être connue, ce sera sous mon vrai nom.
J’appelle régulièrement mes parents, je sais que je ne les reverrai pas avant un long moment. Si j’arrive à être prise sur un tournage, ça me prendra une bonne partie de mon temps, ce qui m’empêchera de revenir à Windenburg avant longtemps. Et à vrai dire, si je veux réussir, et me faire connaître, c’est ici que je dois être. Et mes parents ne veulent pas vraiment venir à la ville, ce n’est pas leur élément. Je les comprends, il y a pas mal d’heures de route qui séparent Windenburg de Del Sol Valley, et puis… là-bas, ils ont leur vie, ils ont les jumeaux, et mes neveux qui ne sont pas loin. Mais je les appelle le plus souvent possible.
La solitude est parfois pesante mais je m’y fais. Je suis prête à tout pour aller au bout de mes rêves.
Je discute très régulièrement avec Keiko, Alice et Sophie, via internet et les réseaux sociaux. Mais surtout, et le plus souvent avec Zack. Il sait tout, même s’il n’y a pas grand-chose à savoir pour le moment, c’est un des premiers mis au courant, avec mes parents.
Mon seul problème dans le fait d’être seul, c’est la bouffe. Maman cuisine tellement bien que je ne me suis jamais intéressée à la cuisine. Sauf que du coup, je ne sais rien faire. Heureusement que j’ai d’autres possibilités…
Enfin, à force de me gaver de pizza, je ne vais plus rentrer dans mes fringues. J’ai décidé d’aller courir un peu dans les rues de Del Sol Valley, pour entretenir ma ligne, comme le faisait ma mère régulièrement. Elle n’en a jamais eu vraiment besoin, elle a toujours été mince, mais je crois que j’ai plus pris de mon père à ce niveau-là.
Dès que j’ai un petit coup de mou, j’appelle mes parents. Avec le recul, je me rends compte à quel point j’ai été désagréable avec eux, et avec mon frère et ma sœur. Je n’ai pas vraiment de lien avec eux, d’ailleurs. Je suis bien consciente que j’y suis pour quelque chose, je le sais maintenant, j’étais idiote, étant gosse. Mais ma mère me donne régulièrement des nouvelles. Les enfants grandissent bien, et mes parents sont aux anges devant leurs bouilles.
Je me suis endormie sans même me déshabiller, ni me mettre sous les draps. C’est qu’il fait chaud, ici ! Ayant grandi à Windenburg, je n’ai pas vraiment l’habitude de ce climat…
En me réveillant, je suis en pleine forme. J’ai une audition et je suis prête à tout pour la réussir. Ce n’est pas un gros contrat, mais après tout, il faut bien commencer quelque part. Et si ça me permet de me lancer, je ne peux rien me permettre de refuser.
J’ai été prise. Ils ont été conquis par ma façon de jouer !
Bon… ce ne sera clairement pas le rôle de ma vie. A vrai dire, ce n’est pas vraiment un rôle à proprement parler… On m’a repéré pour jouer dans une publicité. Je vous l’accorde, c’est pas terrible. Mais, il faut bien commencer quelque part, après tout…
Je me suis entraînée parce que je me dois d’être irréprochable. Ce n’est pas parce que j’ai été prise qu’ils ne peuvent pas changer d’avis une fois sur le tournage…
J’ai quand même eu besoin de changer d’air, sortir un peu. Je suis allée dans un bar, en pleine ville. J’ai tenté de faire un petit numéro afin de me faire connaître. Malheureusement, il n’y avait pas grand monde. J’ai quand même eu quelques pourboires mais pas de quoi sauter au plafond.
Et je crois que je ne dors pas assez. J’ai cru apercevoir ma mère, dans ce bar. Il faut vraiment que je dorme plus. Peut-être que mes parents me manquent plus que ce que je ne le pense, après tout, si je commence à les voir dans des situations irréelles…
D’ailleurs, ma mère m’a appelé, quelques jours plus tard. Pour m’annoncer une mauvaise nouvelle. Léonie, sa cousine et meilleure amie, vient de nous quitter. Je ne sais pas vraiment comment réagir dans ces moments-là, et je ne lui ai pas proposé de venir à la maison. Elle a mon père et les jumeaux pour lui remonter le moral.
Et puis, malgré tout, elle garde le sourire. Elle m’a aussi envoyé une photo de Lena, la fille de Cléo, qui a déjà bien grandi. J’ai comme l’impression qu’elle ressemble énormément à ma sœur.
Malgré la tristesse – oui, je l’aimais bien Léonie, même si je ne l’ai jamais vraiment montré – un nouveau jour se lève sur Del Sol Valley, et c’est le jour de mon tournage.
J’ai tenté de me préparer une salade, mais je n’ai pas la tête à ça. Un peu triste, et un peu stressée aussi, je dois être parfaite, même si ce n’est que pour une pub. Du coup, j’y suis allée le ventre vide.
Ca commence bien… Enfin quand j’en vois certains, je me dit que je ne suis pas si mal lotie que ça. J’aurais pu avoir le visage masqué, moi aussi. L’horreur pour tenter de se faire connaître, lorsque l’on ne voit pas notre visage…
J’ai salué le réalisateur, et suis allée me préparer.
J’ai une costumière et un coiffeur/maquilleur qui devraient me suivre tout au long de ma carrière, si j’arrive à percer.
Elle, c’est mon habilleuse, celle qui trouvera les meilleurs costumes adaptés aux contrats, mais aussi à ma morphologie. Elle s’appelle Rania, elle a l’air sympathique, et surtout a l’air de bien connaître son travail. Je n’ai pas beaucoup discuté avec elle, mais j’ai l’impression qu’elle aime ce qu’elle fait.
En revanche, je ne peux pas en dire autant de mon coiffeur… Lui, c’est Karim. Quand je suis arrivée je l’ai salué et lui ai demandé de me maquiller et me coiffer. Tout se passait bien, au début.
Et puis…
- Karim, tu crois vraiment que tu m’as fait une coiffure adaptée à une tenue de pirate ?
- Euh, non, en effet Mme Berry, j’ai voulu tenter quelque chose mais…
- Mais ne commencez pas à m’énerver ! Et à me contredire ! Tu me fais une vraie coiffure, tu rajoutes des extensions s’il faut, tu me mets une perruque, j’en sais rien, mais tu me trouves quelque chose d’adapté ! C’est ton boulot quand même, tu n’as pas reçu les modalités du contrat ?
- Si bien sûr, mais j’ai tenté une petite touche d’extravagance, comme vous avez l’air d'appré…
- Je vais jouer un rôle, là ! Pas d’extravagance, je dois réussir ce rôle ! Aussi petit puisse-t-il être, je me dois d’être irréprochable ! Alors tu recommences et tu te dépêches ! Tu m’as déjà assez fait perdre de temps…
- Oui Mme Berry…
- Dépêche-toi !
- Voilà, vous préférez comme cela ?
- Ben voilà, c’était quand même pas compliqué. La prochaine fois, tâche de mieux faire ton boulot.
Je suis ensuite allée manger un bout, j’ai perdu beaucoup de temps au maquillage mais l’équipe de tournage m’a proposé un hot-dog que je n’ai pas pu refuser.
J’ai rapidement répété mon texte.
Puis je suis montée sur scène… Je suis confiante.
Je ne comprends pas très bien la mise en scène. Pourquoi tourner une pub pour un nettoyant sur un bateau pirate ?
Enfin après tout, je m’en fiche, je ne suis pas celle qui a écrit les scripts, et si ça me rapporte un peu d’argent et de la notoriété, je ne vais pas faire la difficile. Pas encore.
- « Le nettoyant chimique Mousse salée, trouve de la saleté même quand tu crois que c’est propre, achetez Mousse salée ! »
Tu parles d’un slogan… Mais je me suis donnée à fond.
Je crois que j’ai été bonne. Le producteur de la pub est content de moi et a envoyé mes coordonnées à d’autres agents de production.
Très vite, j’ai été recrutée pour jouer un tout petit rôle dans une sitcom. C’est parfait ! Ca va dans le bon sens, en tout cas !
Régulièrement, je vais au bar de la dernière fois pour tenter de ramasser encore quelques pourboires, cette fois en jouant de la guitare. Si ma sœur sait en jouer parfaitement, c’est loin d’être mon cas. J’ai très vite arrêté les frais parce que même moi me suis rendue compte que c’était une catastrophe.
Par contre, une fille a l’air de me reconnaitre.
- C’est vous qui jouez dans la pub Mousse salée ?
- Oui, c’est moi !
- J’en étais sûre ! Mon amie et moi, on vous regardait jouer, tout à l’heure en se disant que votre visage ne nous était pas inconnu. Mais je dois vous dire, vous êtes bien plus jolie en vrai que dans cette publicité.
- Oh, merci c’est gentil !
Si on commence déjà à me reconnaître grâce à cette pub, j’imagine que jouer dans des séries devrait m’aider à mieux me faire connaitre !
J’arrive sur le tournage de la sitcom. Ca s’appelle « Les Urbz », c’est donc une comédie, racontant l’histoire de colocataires d’un appart’ en plein centre de San Myshuno, qui se lancent dans des magouilles délirantes. C’est plutôt drôle, et j’avoue être flattée de pouvoir jouer pour cette production.
J’y ai retrouvé Rania, qui m’a prise dans ses bras, elle est fière de moi et de ce que j’arrive à accomplir en si peu de temps !
- Tu iras loin, Seren, j’en suis persuadée !
- Merci Rania ! Bon alors, on se le trouve, ce costume ?
- Tout de suite !
- Ca te va tellement bien ! Allez, file au maquillage maintenant !
- Bon, t’as lu le contrat aujourd’hui ? Tu sais ce que tu dois faire ?
- Oui, des rajouts et une queue de cheval.
- Très bien, t’as pas intérêt de te louper.
- Je ferais de mon mieux, Mme Berry.
- Mais tu te fous de moi ?! Je joue dans une sitcom, pas un carnaval !
- Il y a eu un problème sur la couleur…
- Non, tu crois ? Mais c’est quoi, ton vrai métier ? Tu es une imposture, c’est pas possible ! Je vais te faire virer moi, si ça continue !
- Non s’il vous plait, Mme Berry, je vais faire plus attention…
- Sur le contrat, il est indiqué que je joue une jeune femme rousse. ROUSSE ! Tu sais ce que c’est où il faut que je t’aide ? Ca devrait pas être compliqué pour toi en plus...
- Non, non, je vais le faire correctement, je m’excuse.
- Quelle perte de temps…
Je ne sais plus quoi faire avec lui. J’ai l’impression qu’il le fait exprès. J’ai déjà pris assez de retard comme ça, je dois vite aller répéter ma scène avec Yanis. Lui, il a un plus grand rôle, et c’est un honneur de pouvoir jouer à ses côtés dans cette série.
- Tu as l’air douée ! Et je te sens prête, je pense qu’on peut y aller !
Dans cet épisode, je joue le rôle d’Elaine, la petite sœur d’une des colocs, passant à San Myshuno voir sa grande sœur. Au final, elle est un peu exploitée par les colocs pour nettoyer leur appart. Ca changera pas beaucoup de mon premier « rôle ». En tout cas j'ai donné le meilleur de moi-même.
Elaine est un personnage un peu loufoque, qui aime rire et raconter toutes sortes de bêtises qui n’ont pas vraiment de sens.
Et très vite, mon personnage tombe sous le charme de Troy, joué par Yanis.
Yanis est impressionné par mon jeu. Il n’imaginait pas qu’une petite actrice pouvait avoir le cran de faire ce que je fais. Mais justement, il m’a dit après le tournage que ça ne pouvait qu’être bénéfique pour moi. Je suis encore petite dans ce monde, mais pourtant, déjà une très bonne actrice, d’après ses dires.
Surtout qu'apparemment on m'a envoyé un mauvais script. Super, merci beaucoup. Mais d’après la prod’, les fans vont adorer voir Troy en si bonne compagnie, même si c’est juste pour un épisode.
A la base, Elaine n’aurait jamais dû tomber sous le charme de Troy, elle était juste prévue pour un épisode, le temps de servir de femme de ménage aux colocs. Mais ils ont tellement adoré mon jeu qu’ils ont intégré la scène à la série.
Finalement, ils m’ont rappelé pour faire revenir le personnage d’Elaine dans la série, et lui donner un rôle un peu plus important dans la suite.
Les mois ont passé et j’ai gagné en notoriété grâce à ce rôle.
J’ai même invité Yanis à la maison pour qu’on regarde les épisodes ensemble.
- Tu as tellement de talent, c’est impressionnant, je fais ça depuis plus longtemps que toi et pourtant je fais pâle figure à tes côtés.
- Ne dis pas n’importe quoi, tu es très bon ! Tu as l’un des rôles principaux c’est pas pour rien ! Et puis toi, on te reconnais, tu es une star !
- Tu le seras, toi aussi, Seren, j’en suis persuadé.
Très vite, à force de tourner ensemble et de se voir très régulièrement, on s’est rapprochés, tous les deux. Beaucoup rapprochés.
J’ai appelé mes parents pour leur donner des nouvelles et savoir comment ils vont. Je ne leur ai pas parlé de Yanis, de toute façon c’est juste un copain de couette™ ( ) à l’heure actuelle. En revanche, ils sont fiers de moi et sont contents de voir que je réussis à me faire un nom, tout doucement.
Loïc et Yoann, mes neveux, ont grandi, c’est fou ce que le temps passe vite ! Je ne les connais pas vraiment à vrai dire. Mais eux me connaissent, à travers leur écran de télévision…
Un jour, j’ai eu la surprise de voir frapper à ma porte Sandra, une ancienne amie du lycée.
- Que… Qu’est-ce que tu fais là, Sandra ?
- Oh, j’ai vu que tu jouais dans Les Urbz, et j’me suis dit qu’on pouvait rattraper le temps perdu !
- Hum… Ca fait des années que je n’ai pas eu de tes nouvelles, et maintenant que je commence à être connue, tu reviens vers moi ?
- Ce n’est pas ça, mais je pensais à toi et je me disais que ce serait bien qu’on reprenne le contact…
- Tu reviens vers moi par envie, ou par intérêt ?
- Euh, disons que… ben, par envie, bien sûr !
- Ouais, d’accord. Je suis désolée, Sandra, mais je n’ai pas le temps. Alors merci d’être passée, mais ce n’est pas la peine de revenir. Bonne continuation, Sandra.
Ca, c’était à prévoir. Je commence à me faire un nom, et à avoir de l’argent, je suis une personne à connaitre… mais c’est là que je vais reconnaitre les vrais amis des faux…
Et en parlant de vrais amis, j’ai eu une très bonne surprise ! Zack est venu me voir !
Et il n’est pas venu seul, puisqu’il est venu avec mes trois meilleures amies du lycée ! Je ne les ai pas vu depuis si longtemps que ça me fait plaisir de les revoir ! Bien sûr, on discute via internet ou sms mais ce n’est pas pareil.
Je les ai emmenés dans mon bar fétiche, je sais que Zack n’aime pas ça mais il a fait l’effort de venir jusqu’à Del Sol Valley alors ce n’est pas pour rester dans ma maison toute miteuse.
Ca me fait plaisir de passer du temps avec eux, ils sont restés les mêmes. Et ne courent pas après mon argent, eux.
Comme à l’époque, on s’est mises à danser, avec les filles.
Zack est resté en retrait, et on a discuté un peu tous les deux, pendant que les filles préfèrent aller au bar.
Il est fier de moi, de ce que j’ai accompli depuis le club de théâtre. C’est notre prof qui doit être jaloux !
Je leur ai fait un petit numéro en leur racontant quelques blagues, ils n’avaient pas l’intention de rester trop longtemps, d’autant plus que je n’ai pas la place de les accueillir, même pour une nuit.
Mais ça m’a fait énormément plaisir de les revoir. J’ai malgré tout senti les filles un peu plus distantes, comme si elles n’osaient plus me parler comme avant. Zack ne fait pas de différence. Et, que je sois connue ou non, il s’en contrefiche, il est content pour moi, mais pour lui, ça ne change rien.
Les Urbz ont annoncé leur dernière saison. Dans celle-ci, Troy et Elaine finissent par déménager pour vivre ensemble, alors que les autres continuent leur vie à San Myshuno. Le tournage terminé, nous ne sommes plus sous contrat. Mais une autre production nous a contacté, Yanis et moi. Et on a été pris, tous les deux, pour la dernière saison d’une série historique, Dignité et Décorum. Le tournage ne commençant pas avant plusieurs semaines, je vais avoir un peu de temps libre…
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Avant de commencer le tournage de Dignité et Décorum, la prochaine série dans laquelle je vais jouer, j’ai un peu de temps libre. Et je profite de ce temps libre pour retourner à Windenburg. Pas que la campagne me manque, non, mais j’ai besoin de revoir mes proches. A vrai dire, je n’ai rien dit à personne, ma famille n’est pas au courant que je compte aller les voir, seul Zack le sait, puisque je lui ai proposé d’aller manger un bout au restaurant côté ville de Windenburg.
On s’est rejoint là-bas, et il n’a pas caché son enthousiasme lorsqu’il m’a vue arriver.
J’adore passer du temps avec lui, il est si différent de moi mais je ne sais pas, depuis le théâtre j’ai développé cette amitié avec lui et je ne me verrais pas continuer ma vie sans lui, sans avoir aucune de ses nouvelles. C’est un peu comme un frère, je crois. Enfin, je suis mal placée pour dire ça vu la relation que j’entretiens avec mon vrai frère… Mais avec Zack, je me sens bien, je n’ai pas peur de lui parler. Et il ne me juge pas, malgré mes défauts.
On a ri, on a parlé, on a rattrapé le temps perdu. On a passé une soirée, comme avant.
Et puis il m’a annoncé qu’il était fiancé ! Avec une jeune femme qui se prénomme Macha. Il n'a pas voulu m'annoncer une si grande nouvelle au téléphone, et préférait me le dire de vive voix. Sa fiancée est en déplacement actuellement mais il compte bien me la présenter un jour. Je suis contente pour lui, et de mon côté je lui ai parlé de Yanis. C’est le seul à qui j’en ai parlé d’ailleurs, mais Zack est mon confident et je lui dis quasiment tout. Il me dit de faire attention, de me méfier de lui parce que le monde de la célébrité est particulier, et les stars ont parfois tendance à changer de partenaire comme de chemise. Je ne me fais pas d’illusions, je lui ai précisé que c’était juste un copain de couette et que je n’attendais rien de lui. Je m’amuse, voilà. Mais je comprends qu’il me mette en garde.
La soirée avec Zack terminée, je me suis dirigée vers la maison de mes parents. Ca fait si drôle, de revenir ici. Je ne suis pas revenue depuis mon grand départ à Del Sol Valley, mais rien n’a changé. J’ai encore les clés, alors je vais rentrer sans faire de bruit, il est déjà tard et je n’ai pas envie de réveiller mes parents.
Sans allumer les lumières, je me suis dirigée vers mon ancienne chambre, où rien n’a bougé. Et je me suis endormie comme un bébé.
Je n’ai même pas vu que ma mère, qui se lève très tôt, m’avait aperçue. Elle est heureuse de me voir, mais n’a pas osé me déranger, attendant patiemment que je me réveille.
Quand je me suis enfin levée, j’ai remarqué que la table avait changé dans la salle à manger.
- C’est quoi cette longue table ?
- Seren, tu es levée ! Tu ne nous avais pas dit que tu venais, ça nous fait plaisir ! Tu vas rester pour manger, quand même ?
- Oui bien sûr ! C’est quoi cette grande table ?
- Ca, c’est parce qu’on est dimanche. Et le dimanche, les jumeaux viennent pour partager le repas en famille. Je t’en avais parlé, au téléphone.
- Ah oui, c’est vrai.
- On ne t’as pas vue depuis tellement longtemps, ça me fait plaisir de te voir ! Comment tu vas, tout se passe bien à Del Sol Valley ?
- Oui papa, ça se passe bien, mais ça tu le sais déjà, on se parle quand même au téléphone !
- Oui, mais ce n’est pas pareil.
- Viens dans les bras de ta vieille mère ! Si tu savais comme on est contents de t’avoir ici avec nous !
- Ce n’est pas non plus un grand événement !
- Mais Seren, ça fait si longtemps qu’on ne t’a pas vue ! Tu sais, même si on se contacte au téléphone, tu nous manques énormément !
- Oui, je sais… Je suis désolée maman.
- Oh, ma plus jeune fille qui s’excuse ! C’est que Del Sol Valley t’as changé, on dirait !
- Peut-être.
Nous avons été interrompus par l’arrivée du reste de la famille. Les jumeaux ont été surpris de me voir ici, mais pas mécontents.
Nous nous sommes tous mis à table, alors que la petite Lena, la fille de ma sœur, a préféré manger dans le salon plutôt que dans sa chaise haute.
On a passé un bon moment, même si j’ai ressenti les jumeaux un peu distants, bien qu’ils ne m’ignoraient pas.
Je n’ai pas trop parlé. Je suis restée là, à les regarder, tous un par un.
Quand je vois mes parents aussi heureux et épanouis, ça me réchauffe le cœur. C’est vrai qu’en étant à Del Sol Valley c’est un peu comme si je les abandonnais, mais ils ont les jumeaux, et leurs petits-enfants.
Ma sœur aussi a l’air heureuse, avec Anthony. Je ne lui ai jamais dit et ne le ferais probablement jamais, mais je la trouve radieuse.
Mon frère aussi a l’air heureux, avec Magali. Malgré la distance qui s’est installé entre nous, je suis contente de les revoir.
Et puis il y a mes neveux aussi. La dernière fois que je les ai vus, ils étaient encore bambins, hauts comme trois pommes. Et maintenant ils sont si grands !
D’ailleurs, Loïc n’a pas manqué de faire remarquer une chose à tout le monde.
- C’est quand même la classe d’avoir une tante qui est une star ! Vous trouvez pas ?
Lena a l’air d’écouter son frère avec attention, alors que Yoann est plus intéressé par la discussion des adultes.
Ma sœur est venue vers moi, timidement.
- Félicitations, Seren, pour ce que tu as réussi à accomplir jusque-là, je suis sûre que tu iras loin.
- Merci Cléo, tu apprécies ce que je fais ?
- A vrai dire, c’est surtout les enfants qui regardent Les Urbz, mais je t’ai aperçue et tu as beaucoup de talent.
- Je te remercie !
- Elle a raison, tu es douée, on est fiers de toi.
- Ah ben merci Nolan, c’est sympa de votre part à tous les deux...
Je suis très flattée, mais aussi très gênée. Ils sont agréables avec moi, et je les sens sincères. Je n’ai jamais réussi à faire un pas vers eux alors qu’ils ont finalement toujours été cool avec moi. Mais je n’ai pas insisté. Je suis trop loin d’eux, de toute façon, c’est trop tard pour construire une vraie relation entre frère et sœurs. Alors j’ai détourné le regard vers ma mère. La voir ainsi s’occuper de Lena et des garçons me montre qu’elle aime sa vie. Je lui manque, mais elle n’est pas seule.
Mon père adore jouer avec Lena également, c’est un grand-père exceptionnel, d’après mes neveux.
Ils forment une belle famille, tous. Ils sont heureux. J’ai l’impression de ne pas faire partie de leur monde, mais je suis contente pour eux.
Ils ont leurs petites habitudes, et je n’en fais pas partie. Mais c’est la vie que j’ai choisie, et elle me convient. Si j’étais restée à Windenburg, j’aurais fait quoi, de toute façon ? Et puis… Je n’aurais peut-être pas pris conscience de ce que j’étais à l’époque, et j’aurais sans doute été la même que celle que j’étais avec mon frère et ma sœur.
J’ai fini par rentrer à Del Sol Valley. Je me suis arrêtée devant ce bâtiment, là où se déroule les cérémonies des Topisims. J’espère en avoir un, un jour.
Et puis je suis restée là, un long moment, sur le grand boulevard. A rêver de grandeur, et à me dire qu’un jour mon étoile sera apposée ici. Et me dire que j’ai fait le bon choix en venant dans cette ville pour réaliser mon rêve le plus cher.
Puis les semaines ont passé. Avant le tournage, je suis allée me remettre un peu en forme.
Et finalement, le premier jour du tournage est arrivé plus vite que je ne le pensais.
Qui dit série historique, dit vêtements d’époque. On tourne la dernière saison de la série, et ils avaient besoin de quelques nouvelles têtes. Je joue le rôle d’une femme de bonne famille, où les scandales font partie du quotidien.
Rania m’a trouvé le costume idéal. J’appréhende déjà d’aller voir Karim…
- Bon, t’as pris des cours depuis la dernière fois ? Tu sais ce qu’il faut faire ? Tu sais que t’as plus le droit à l’erreur là, alors t’as pas intérêt de te planter !
- Oui Mme Berry, je ferais ce qu’il faut.
- Ben voilà ! Tu vois quand tu veux. Mais ne prends pas la confiance, tu devras être au top les fois d’après aussi !
Puis j’ai été prise d’un fou rire quand j’ai croisé un de mes partenaires de jeu.
- C’est sérieux ce chapeau ? C’est Karim qui t’as conseillé ça ?
- Euh oui…
- Tu veux que j’aille lui dire deux mots ?
- Non, apparemment ça fait partie du contrat ?
- Ah bon ? Choix étrange, mais après tout… pourquoi pas…
J’ai commencé ma scène avec Yanis, qui jouait le rôle d’un homme voulant nuire à la famille Comilfo, famille vedette du show. Pour une raison que j’ignore nous n’avons pas réussi à jouer la scène sérieusement et j’ai eu l’impression de ne pas être crédible quand j’ai dû lui demander de partir de la maison.
Mais ça a l’air d’avoir plu au réal’… De toute façon ce ne sera très certainement pas notre seule prise, et la post-prod’ se chargera du montage.
J’ai eu une scène seule où mon personnage se mettait à rêver de grandes choses…
Puis la fameuse scène avec mon partenaire au « chapeau ».
En fait, dans la série, c’est mon petit frère, qui a peur d’être rejeté par la famille parce qu’il désire s’habiller avec des accessoires pour femme. Mon personnage étant le seul qui accepte les excentricités de son frère. Pour une série se passant des siècles avant le nôtre, je ne trouve pas ce choix très judicieux, mais après tout, dans une série on peut faire ce qu’on veut… Je ne décide pas de l’histoire, et tant que mon contrat me rapporte de l’argent et me permet de jouer un bon personnage, ça me convient.
Nous sommes restés sur le plateau de tournage après la fin de la journée, nous savons que nous avons d’autres scènes à tourner, ainsi que des ajustements à faire sur celles déjà filmées, dans les jours et semaines à venir, mais notre journée est terminée.
Cependant, Yanis et moi, on a une autre idée en tête.
Nous ne sommes pas les seuls à être restés, certains doivent ranger, d’autres tourner autre chose après nous. Mais on s’est éclipsés le temps de… de faire ce que nous avions à faire.
Je suis rentrée à la maison et suis partie me coucher aussitôt. Cette journée était productive, mais assez fatigante. Mais mon sommeil a été interrompu par un appel de ma mère…
Oh, papa…
- Maman, je serais bien venue, mais je suis en plein tournage, je vais voir ce que je peux faire…
- Non, ne t’en fais pas Seren, les jumeaux sont là, ça ira…
Je m’en veux tellement de ne pas être présente pour ma famille. Ma mère est effondrée, je l’ai sentie triste, bien évidemment, pour mon père, mais j’ai aussi senti une pointe de déception dans sa voix quand je lui ai dit que je ne pourrais pas être à ses côtés… J’aimerais la soutenir, mais elle le sait, ce n’est pas vraiment dans ma nature. Et puis je suis loin. Mais je pense à mon père. Ce n’est pas parce que je ne retourne pas à Windenburg que je ne suis pas affectée par son décès. Au contraire… J’espère que de là où il est à présent, il me verra, et qu’il sera fier de moi…
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La perte de mon père m’attriste bien plus que ce que je ne veux l’admettre. Mais ici, je suis seule et personne ne voit l’état dans lequel je suis. C’est vrai, je pleure, souvent.
Ca me fait de la peine, pour ma mère. Mais le fait qu’elle ne soit pas totalement seule me rassure un peu pour elle, je sais que les jumeaux prennent soin d’elle.
Alors pour apaiser ma peine, je ne pense qu’au travail, à mes futures auditions. Mais cela n’est pas suffisant. Alors c’est vrai, je profite de la présence de Yanis pour tenter d’oublier.
Oui, il vient souvent. Très souvent. Et la plupart du temps, il ne reste pas. Il ne vient que pour une chose. Je ne veux pas qu'il reste, de toute façon.
Avec le temps, j’ai eu besoin de changement. Est-ce la mort de mon père qui en a été le déclic ? Je n’en sais rien mais en tout cas, c’est fait.
Oui, j’ai changé de couleur. C’est radical, oui, mais ça me plait.
La presse n’a pas manqué de s’en apercevoir. Même si je ne suis encore qu’une petite star, on commence à me repérer et parler de moi dans les journaux. Et le fait que je sois vue avec Yanis ne passe pas inaperçu. Il est plus connu que moi, alors dès qu’il a une femme à son bras, tout le monde en parle. Nous ne sommes pas en couple pourtant, et je n’ai aucune envie que ça change. Il est là pour me passer le temps, pour me faire oublier mes tracas le temps d’un crac-crac. Mais je dois l’avouer, cela ne fonctionne pas vraiment. La perte de mon père est difficile à supporter…
D’autant plus que depuis quelques jours je me sens mal. A force de manger n’importe quoi je vais finir par tomber malade…
Enfin, pas question de m’apitoyer sur mon sort, j’ai encore énormément de travail pour gravir les échelons et être la star la plus connue de Del Sol Valley. Je suis alors partie passer une audition. A vrai dire, plusieurs. Je commence à avoir le choix et on me demande dans plusieurs productions.
Evidemment, je me suis tournée vers le contrat le plus alléchant, et ils m’ont même proposé une prime si jamais je restais un peu plus. Je vais donc jouer dans la série « La résidence du cœur », une série médicale assez populaire.
Au fil des semaines, je vais mieux. Bien sûr je n’oublie pas mon père, mais la vie continue et je dois être forte. Alors dès qu’on m’envoie le script des épisodes que je vais tourner, je répète. Je veux être la meilleure, je veux qu’on me remarque, et peut-être qu’un jour, je pourrais vraiment être reconnue pour mon talent. Peut-être qu’un jour, j’aurais un TopiSim.
Yanis s’impose un peu plus dans ma vie. Il cherche sans arrêt à venir à la maison, sans que je ne l’y invite. Il commence à être pot de colle, et ça m’ennuie parce que je ne veux pas d’un homme dans ma vie. Enfin, si, bien sûr, mais pas à vie. Je ne suis pas le genre de femme qui s’attache à un seul homme et qui compte rester avec jusqu’à la fin de ses jours. Ou alors, je n’ai pas encore trouvé la perle rare. Mais dans le milieu, je sais très bien comment ça se passe, et les couples qui durent se font rares. Alors je ne sais pas ce que cherche Yanis, mais visiblement nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde…
- Seren tu sais, ça me plait beaucoup d’être avec toi, et de partager ces moments à deux. Je veux t’offrir cette rose en synony…
- Yanis, on n’est pas obligés tu sais. T’as pas besoin d’en faire trop. C’est pas la peine et je ne cherche pas à me caser. Ce qu’on a là me convient, je n’ai pas besoin d’autre chose.
- Oh, d’accord, mais…
- Tu peux passer la nuit ici si tu veux.
Je suis partie me coucher sans le laisser dire quoi que ce soit. J’ai trop peur qu’il m’annonce qu’il est amoureux de moi. Je ne saurais pas quoi lui répondre. Parce que ce n’est pas réciproque. J’aime m’amuser avec lui mais ça s’arrête là.
Sauf que…
Oh non… tout mais pas ça… dites-moi que je rêve… Non, c’est ça, j’en suis sûre. Pourquoi a-t-il fallu qu’on soit si imprudents… ? Oh non, c’est pas bon pour ma carrière ça…
Evidemment, je ne pouvais pas le cacher à Yanis, alors je l’ai mis dans la confidence.
- J’ai besoin de te parler… Tu vois… il se trouve qu’à force de faire crac-crac à tout va et bien… il y a maintenant une toute petite conséquence… Je… Euh… Je suis enceinte, Yanis.
- Oh et bien c’est plutôt une bonne nouvelle, ça va consolider notre couple, ça et…
- Mais Yanis, nous ne sommes pas un couple, justement.
- Ca pourrait changer, non ? Je pourrais venir m’installer ici avec toi, et on pourrait élever cet enfant ensemble.
- Mais avec nos emplois du temps chargés, comment on va trouver le temps d’élever un gosse ? Et puis… Je ne veux pas d’une vie de couple moi !
- Ecoute, ce bébé est là maintenant. Il va falloir assurer, et montrer à la presse qu’on est heureux, tous les deux. De toute façon, tu ne pourras pas le cacher bien longtemps…
- Je… Tu as raison…
Et voilà, je me retrouve avec un homme dont je ne veux pas, et bientôt un gosse. C’est bien ma chance, ça.
Et puis ce gosse me rend malade ! J’espère que je ne vais pas être au plus mal trop longtemps, j’ai besoin de travailler, moi ! Je suis en plein tournage de « La résidence des cœurs », ce n’est vraiment pas le moment !
Mais Yanis a raison, on doit sauver les apparences, et montrer que l’on est un couple heureux…
La rumeur courait déjà depuis un moment, mais le fait de nous voir régulièrement ensemble a confirmé les doutes de tout le monde. Les paparazzi n’ont pas loupé l’info. Je sais qu’ils sont là pour Yanis. Mais peut-être qu’en m’affichant avec lui, ma notoriété augmentera. Et oui, je joue le jeu, finalement. Si ça peut me faire connaître un peu plus, je ne dois pas hésiter. D’autant plus que Yanis a plutôt bonne réputation. Un jour, je deviendrai plus célèbre que lui, j’en suis persuadée.
J’avais prévenu ma mère, mais elle a bien remarqué la médiatisation de notre couple et de ma grossesse. Elle ne sait pas que je ne suis pas amoureuse, mais je ne peux pas lui avouer, ça la briserait…
- Seren, tu es heureuse ?
- Bien sûr maman, je vais avoir un bébé avec un homme super !
- Seren… j’ai l’impression que c’est soudain, tout ça…
- Pourquoi tu dis ça maman ?
- Tu ne m’avais jamais parlé de Yanis… ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?
- Maman, ne t’en fais pas pour moi, tout va bien.
- Je l’espère, Seren, je l’espère…
Zack aussi est au courant, mais même à lui je n’ai pas osé tout lui avouer… Il a d’autres choses en tête, et il vient de se marier. Je m’en veux de n’avoir pas pu être présente pour son mariage, mais ces derniers mois ont été difficiles pour moi. Il ne m’en veut pas, bien sûr, et je suis heureuse pour lui. Mais j’espère très vite le revoir.
Malheureusement, au fil des mois je m’aperçois que notre stratagème auprès de la presse ne va pas pouvoir durer éternellement. Yanis est parti, pour plusieurs mois, sur un tournage loin de Del Sol Valley. Et je me retrouve seule, de nouveau. La presse commence à poser des questions.
On ne se voit plus, on n’est plus jamais ensemble. Quand je suis à la maison, il n’est pas là, et quand il rentre, c’est moi qui part en tournage. Tu parles d’un couple.
Je repense à ce que ma mère me disait, par rapport à ses inquiétudes… Comment je vais pouvoir élever un gosse dans ces conditions ? Je dors mal, très mal. Trop stressée, trop prise dans mes pensées qui m’empêchent de trouver le sommeil. Le peu que je dors, je le passe seule. Pas que ça me dérange en soi, mais je pense à cet enfant. Comment vais-je pouvoir m’occuper de lui ?
Comme un signal de détresse, j’ai appelé ma mère. Sans pour autant lui dire quoi que ce soit. Mais elle a compris d’elle-même…
- Tu vas bien Seren ?
- Oui maman, je vais très bien et le bébé grandit bien…
- Je sais que tu ne vas pas bien, je l’entends à ta voix. Tu n’es pas heureuse, avec Yanis ? Tu as besoin de quelque chose ? Que comptes-tu faire une fois que le bébé sera né ? Tu ne vas pas pouvoir aller sur les tournages avec lui, ce n’est pas raisonna…
- Maman…
- Tu peux tout me dire, tu sais…
- Oui, je sais, je… Tu as raison. Ca fait des mois que je n’ai pas vu Yanis. Je… Je ne voulais pas te le dire pour ne pas te décevoir maman…
- Et en quoi tu me décevrais ? Tu n’y es pour rien si c’est lui qui est absent. Mais il va revenir, n’est-ce pas ? Je ne lis pas les journaux, je ne veux pas savoir si l’on dit du mal de toi…
- Je ne sais pas maman. Il est très pris par le tournage de son dernier film, alors il n’a pas le temps de revenir à la maison. Dans la presse, ils ne se posent pas trop de questions, ils savent que dans le monde de la télévision et du cinéma, on est amené à partir en tournage dans des contrées lointaines et que les acteurs sont amenés à être séparés de leur famille, il n’y a rien de surprenant dans mon cas. Dans notre cas.
- D’accord… Mais si tu as besoin, tu m’appelles, d’accord ? Je t’aiderais avec le bébé, tu le sais.
- Maman… Tu ne tiendrais pas deux jours à Del Sol Valley.
- On s’arrangera.
J’avoue que je suis un peu perdue. Et si je devais élever cet enfant seul ? Devrais-je mettre un terme à ma carrière ? Il n’en est pas question, il y a de nombreuses stars qui parviennent à continuer ce qu’elles font tout en ayant des enfants, ce n’est pas incompatible. Mais... Je ne sais même pas comment l’aimer, cet enfant ! Il n’était pas désiré… Je n’ai même pas de nouvelles de Yanis qui ne prend pas la peine de m’appeler. A vrai dire, il n’y aurait pas le bébé, ça ne me dérangerait pas plus que ça. Mais ça me déçoit, lui qui était prêt à avoir une vie de famille, voilà qu’il ne s’embête même pas à appeler pour juste savoir si ma grossesse se déroule bien… Son changement de comportement m'énerve au plus haut point. De pot de colle, il est passé au grade "fantôme"...
Le tournage de « la résidence des cœurs » continue, et on tourne aujourd’hui le dernier épisode. Rania commence à avoir du mal à me trouver un costume, puisque ma grossesse arrive à son terme et elle doit tout faire pour la camoufler au mieux : mon personnage n’est pas enceinte dans la série et les producteurs n’ont pas voulu l’intégrer à l’histoire.
- Je suis désolée Seren, j’ai fait au mieux mais ça devient difficile de cacher cet énorme ventre !
- Ne t’en fais pas pour ça, tu ne peux pas faire mieux et puis ce sont aux producteurs de gérer tout ça après avec des astuces qui pourront cacher mon ventre.
- Parfait ! Allez file voir Karim !
- Merci mais je m’en passerais bien de ça !
- Ahah, ne l’énerve pas il va encore te louper !
- Il a pas intérêt !
Je suis arrivée dans le salon de Karim. Ce n’est pas la première fois qu’il me coiffe et me maquille pour cette série, il a donc enfin trouvé le coup de main, même si je ne suis pas à l’abri d’un petit dérapage…
- Bon Karim, tu me fais ça vite et bien, c’est le dernier épisode et tout doit être parfait.
- Bof, pour ce qu’il va se passer…
- Pardon ? C’est pas une raison ! Alors tu es gentil et tu me fais ça bien. Qu’est-ce que tu regardes comme ça ?
- Votre visage Mme Berry… Avec vot’ grossesse, vous avez un peu grossi au niveau des joues…
- Et alors ? Ce n’est pas ton problème, ça ne se voit pas tant que ça ! Et puis de quoi je me mêle ? Je ne suis pas ta pote, alors tu vas me parler mieux que ça ! Tu évites de me manquer de respect sinon, tu sais où est la porte !
- Oui, Mme Berry…
- Très bien.
- Voilà, j’espère que cela vous convient.
- Très bien, tu vois c’était pas compliqué. La prochaine fois, évite de me rappeler que je ressemble à une baleine, t'es pas payé pour ça. Oh, et attention à toi, garde le sourire au lieu de tout le temps faire la tronche.
Je suis partie répéter pour le grand moment de ce final. La pression monte mais je suis prête.
Mon personnage, Dr Heart, grand chirurgien, va devoir expliquer à un patient qu’il ne lui reste plus longtemps à vivre…
Mais malheureusement, ce dernier n’est pas le seul à avoir une espérance de vie courte... Quoi qu'il en soit, Dr Heart est tombée sous le charme d’un autre grand chirurgien de l’hôpital, et dès qu’ils se croisent dans les couloirs ils ne peuvent pas s’empêcher d’être attirés comme des aimants.
Sauf que ce chirurgien le sait, Dr Heart est atteinte d’une malformation rare au niveau du cœur, et c’est malheureusement incurable… Tu parles d’une coïncidence, Dr Heart qui a un problème de cœur…
Dr Heart passe énormément de temps dans la salle de repos, parce qu’elle se sent fatiguée, impuissante face à ce qui lui arrive.
L’épisode se termine ainsi, avec le Dr Heart soudainement prise de douleurs thoraciques. Il n’y a personne avec elle. Elle est impuissante et ne va rien pouvoir faire. Elle va finir par mourir d’une crise cardiaque, sans que personne n’ait pu faire quoi que ce soit pour elle…
- C’est dans la boîte, tu étais parfaite Seren ! Bravo à tous et toutes !
Les réalisateurs sont ravis, ils sont persuadés que je peux avoir au moins une nomination aux TopiSims, pour ma performance.
Alors je suis allée à l’endroit où se déroule chaque année la cérémonie. Ce n’est pas pour tout de suite, mais je veux connaître l’endroit. Même si je ne suis pas nominée, j’aimerais y assister, la prochaine fois. Et peut-être qu’un jour, j’aurais droit, moi aussi, à ma récompense…
Si seulement ce bébé n'était pas là...
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Plus le temps passe, et plus je maudis ces parties de crac-crac avec Yanis ! On ne m’y reprendra pas ! Cette grossesse m’en fait voir de toutes les couleurs et je passe ma vie sur les toilettes.
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur moi ? Et pourquoi cet idiot de Yanis ne répond pas au téléphone ?!
C’est vrai, j’ai des passages à vide, où je n’en peux plus et où j’ai envie de tout casser, de tout envoyer balader. Mais quand je sors en public, j’essaie de sauver les apparences. Mon rôle de Dr Heart dans « La résidence des cœurs » m’a valu pas mal de reconnaissance, et voilà qu’on commence à me repérer de plus en plus. Les paparazzi cherchent évidemment à trouver le meilleur scoop, ma grossesse ne peut plus se cacher et ils s’interrogent sur le fait de ne plus me voir en compagnie de Yanis. Je ne réponds pas à leurs questions, mais je ne me gêne pas pour prendre la pose ou faire l’idiote devant les objectifs. Ne rien laisser paraître, sauver les apparences, montrer que je suis heureuse.
Et puis, je commence à avoir de plus en plus de fans. Si vous saviez le bien que ça fait de se sentir reconnue, aimée, enviée même !
Certains en font peut-être un peu trop, mais c’est tellement réjouissant de plaire à ce point ! Ca y est, je touche mon rêve du bout des doigts, enfin, je commence à devenir célèbre, et bientôt, je serais la star la plus demandée et la plus adulée de tout Del Sol Valley, et même du monde entier.
J’y crois, oui. Mais ne faut-il pas croire en ses rêves ? J’ai besoin d’y croire et de me rattacher à ça, si je veux pouvoir avancer et garder la tête haute, malgré les malheurs qui perturbent ma vie. Oui, cet enfant que je porte en fait partie, parce qu’il n’était pas désiré, parce que je ne voulais pas d’un enfant avec un homme qui n’en vaut clairement pas la peine. Je ne suis pas faite pour avoir des enfants, comment vais-je bien pouvoir m’occuper de celui qui ne devrait plus tarder à arriver maintenant ?
Malgré tout, j’aime croiser des enfants qui aiment ce que je fais, qui aiment l’image que je renvoie et à qui je sers de modèle. Serais-je un modèle pour mon enfant ? Au fond de moi, je l’espère, un peu.
Mais cet enfant ne m’empêchera pas de continuer ce que j’aime faire le plus : jouer la comédie. Alors malgré mon ventre énorme, je continue de passer des auditions. Je reste confiante, et même si les réalisateurs ne veulent pas d’une femme enceinte à l’écran, mon état ne leur pose pas de problème. Vu l’énorme ventre que je trimballe, ils savent que ma grossesse touche à sa fin, et en effet je suis prête à exploser. Ils s’inquiètent quant à mes disponibilités bien sûr, mais… je leur certifie que je resterais disponible à tout moment. Sur le moment je ne réfléchis pas. Comment pourrais-je être disponible alors que je n’ai personne pour garder mon enfant, puisque Yanis est toujours aux abonnés absents. Alors j’ai été prise, pour tourner dans une grande production, mais le tournage ne commencera pas avant de longs mois, de quoi me permettre de m’organiser pour mon enfant. Et d’ici là, peut-être que Yanis aura donné signe de vie.
En rentrant à la maison, j’étais prête à partir faire une sieste quand on a sonné à la porte. Yanis ? Serait-il enfin prêt à revenir dans ma vie et dans celle de son enfant ?
Bien sûr que non, je suis sûre qu’il a mieux à faire cet idiot.
Quand j’ouvre la porte, j’ai la surprise de ma vie.
- Maman ?! Mais, qu’est-ce que tu fais là ? Comment t’es venue ? T’as réussi à quitter ta campagne ?
- J’avais besoin de te voir, Seren, je m’inquiète pour toi. C’est Cléo qui m’a accompagnée, elle est en train de chercher une place pour garer sa voiture. Si j’ai quitté ma campagne, comme je te le disais c’est parce que je m’inquiète, parce que tu ne me dis rien au téléphone, et que je vois bien que tu es seule.
- Maman, je vais bien ! C’est promis. Entre ! Bon d’accord, je ne vais pas te le cacher, Yanis n’est pas revenu à la maison. Mais je m’en fiche. Je n’ai pas besoin de lui.
- Si tu le dis. Comment tu te sens ? C’est bientôt le terme de ta grossesse là ! Dis donc, je m’inquiète mais je suis tellement heureuse de te voir ! La grossesse te va bien !
- Oh tu parles, je suis énorme, je n’en peux plus ! Vivement qu’il sorte !
- Je peux toucher ? Tu connais le sexe ?
- Oui, tu peux, et non je ne le connais pas, je garde la surprise.
- Et bien moi je peux te dire ce que c’est ! Vu la forme de ton ventre, je suis certaine que c’est…
- Maman ! Ne dis rien, je veux pas savoir je te dis.
- En tout cas, je peux te dire que c’est pour très bientôt !
A ce moment-là, Cléo est arrivée, ayant visiblement réussi à trouver une place.
- Bonjour, Seren.
- Tu as réussi à te garer pas trop loin de la maison ?
- Oui, ça va.
Après quelques échanges un peu froids avec ma sœur, comme ça l’est depuis toujours, je me suis laissée aller…
- Dis Cléo, tu… tu veux toucher mon ventre ?
- Oh, je… c’est vrai, je peux ?
- Oui allez, viens avant que je change d’avis !
Elle est ravie. Ca fait drôle, cette proximité. Je n’ai jamais été aussi proche avec ma sœur, nous n’avons jamais eu de geste d’affection et de tendresse, jusqu’à maintenant. Bizarrement, j’ai ressenti plein d’amour dans son geste, et dans son regard.
- Je suis contente de te voir, Seren. J’espère que tu es heureuse. Je ne veux pas me mêler de ta vie, mais tu penses que le père de ton enfant va assumer son rôle ?
- Je… j’en sais rien, et à vrai dire, je m’en fiche. Il m’a laissée en plan, au départ je ne lui en ai pas voulu parce que c’était pour son travail, et puis moi non plus je n’ai pas arrêté les tournages. Mais le fait qu’il ne me donne pas de nouvelles me prouve que ce n’est pas quelqu’un sur qui je peux compter.
- Tu sais, on est loin avec maman, mais on peut t’aider, au besoin.
- C’est gentil, Cléo. Mais pourquoi tu ferais ça pour moi ?
- Parce que t’es ma petite sœur, et que malgré notre passé, je tiens à toi. Et je ferais n’importe quoi pour toi, je veux que tu le saches. Et Nolan aussi, d’ailleurs. Alors mettons le passé de côté, tu veux bien ?
- Je… Merci… Mais c’est impossible, vous êtes tous beaucoup trop loin de Del Sol Valley, ce ne serait pas faisable pour vous de faire tout ce chemin régulièrement, et...
- Et peut-être que tu pourrais te prendre un long congé, et revenir à Windenburg, le temps de trouver un équilibre ?
- Je… Je ne sais pas, Cléo. La campagne, ce n’est pas fait pour moi. Et être loin d’ici voudrait dire mettre ma carrière entre parenthèses, et je ne sais pas si je suis prête à faire ça.
- C’est juste une proposition, Seren, tu en fais ce que tu veux.
Retourner à Windenburg ? C’est vrai que ma mère pourrait m’aider avec le bébé. Mais… être loin d’ici ? Et ma carrière ? Je ne peux pas. Impossible d’abandonner mes rêves alors que ma carrière commence vraiment à décoller.
- Mais, où est partie maman ?
- Euh, je ne sais pas, je l’ai vue aller dans la salle d’eau je crois…
- Maman ?
- …
- Mais, maman, qu’est-ce que tu fais ? Ce n’est pas à toi de faire ça, laisse je vais m’en occuper !
- Pas question, tu dois te reposer, et je ne suis pas venue là pour rien faire, alors laisse-moi t’aider tant que je le peux !
- Oui, elle a raison, laisse-nous faire, et va te reposer un peu, tu as l’air fatiguée.
- Mais non, je ne suis pas fatiguée, je suis en pleine forme, je…
Je ne sais pas combien de temps je suis restée endormie… A mon réveil, je m’en suis voulue. Parce que ma mère et ma sœur sont tellement gentilles avec moi… Pour ma mère je peux comprendre, mais ma sœur, elle n’a même pas l’air de se forcer, elle le fait par plaisir. A croire qu’elle a vraiment mis notre passé de côté… Je m’en veux tellement d’avoir été si désagréable avec elle et Nolan. J’avais besoin d’attention à l’époque, et c’est sans doute ça qui m’a fait me tourner vers le cinéma, pour toujours avoir les regards rivés sur moi. Et c’est vrai que j’aime ça. Mais je n’aurais pas dû m’en prendre à mon frère et ma sœur.
On s’est assises toutes les trois, alors qu’elles ne lâchent rien, elles veulent vraiment m’aider et ne pas me laisser me débrouiller seule.
- Mais vous savez, je n’ai plus 15 ans, je pense que je peux gérer toute seule.
- Tu le penses, mais tu sais, c’est difficile. Sache en tout cas que ma porte est toujours ouverte, quoi qu’il arrive.
- La mienne aussi, et je peux parler au nom de Nolan pour te dire que c’est pareil de son côté.
- Oh et tu sais, Zack pourrait te prêter main forte lui aussi, d'ailleurs je l'ai croisé l'autre jour, il va être papa lui aussi !
- Oui, je suis au courant pour Zack, il m'a appelée il y a peu de temps. Merci, sinon, pour le reste... Mais je ne veux pas abandonner ma carrière. Et je sais que vous n’abandonnerez pas vos vies. Alors on est coincées.
- On trouvera une solution, on…
- Attendez, il faut vraiment que j’aille aux toilettes… C’était pareil pour vous ? Pendant vos grossesses…
- Et oui, le mauvais côté de la grossesse…
Sauf que je n’ai pas eu le temps d’arriver jusqu’aux toilettes que…
- Oh mais ça fait tellement mal !
- Seren, je crois que c’est le moment… Je viens avec toi à l’hôpital.
Ma mère et ma sœur ont tenté de joindre Yanis après que je leur ai confié son numéro. Mais rien à faire, il reste injoignable.
Cléo a prévenu l’hôpital par téléphone de notre arrivée. J’ai mal, je n’en peux plus, et devant l’hôpital, un médecin était déjà là à m’attendre.
Il a fait signe à ma mère que son chemin s’arrêtait là et qu’elle ne pouvait pas aller plus loin.
Elle m’a donc enlacée en me chuchotant que tout irait bien avant que je ne prenne le chemin de la salle d’accouchement, seule…
J’appréhende, tellement. Comment vais-je bien pouvoir m’occuper de ce bébé ?
Bébé qui est d’ailleurs arrivé très vite, après un accouchement qui s’est déroulé sans aucun problème. Une petite fille, qui dort si paisiblement. Bienvenue au monde, petite crevette. J’espère que je saurais t’aimer comme tu le mérites.
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Ma fille se porte bien. Je suis fatiguée mais je suis heureuse qu’elle soit enfin sortie, je n’en pouvais plus de ce ventre énorme.
Nous ne sommes pas restées longtemps à la maternité, mais suffisamment pour que ma mère et Cléo puissent rendre visite à Judy avant de repartir chez elles.
Oui, ma fille s’appelle Judy. A vrai dire, je n’ai pas réfléchi à son prénom durant ma grossesse. J’étais tellement en colère après Yanis que je n’ai pas suffisamment pensé à mon enfant. J’imaginais peut-être qu’on pourrait trouver un prénom ensemble. Mais Yanis en a décidé autrement. Je n’ai jamais aimé cet homme, mais maintenant j'ai tellement de rancœur, pas pour moi, mais pour Judy car elle n’a pas son père à ses côtés pour les premiers instants de sa vie. Et rien ne me dit qu’elle l’aura en grandissant…
J’avoue ne pas être à l’aise avec elle. Pas que je ne l’aime pas, mais je ne sais pas comment m’y prendre avec un enfant. C’est si petit, si fragile… Je donnerais tout pour avoir ma mère avec moi, là, tout de suite…
J’ai beaucoup entendu dire que lorsqu’un enfant pleurait, sa mère savait immédiatement pour quelle raison. A croire que je n’ai pas l’instinct maternel, car je n’ai aucune idée de ce qu’elle veut. A-t-elle faim ? Veut-elle un câlin ? A-t-elle besoin que je change sa couche ? Parfois, j’aimerais juste qu’elle se taise pour que je n’ai pas à me soucier de ce dont elle a besoin…
Mais en réalité, je n’ai pas tellement à me plaindre, car Judy est un bébé plutôt calme dans l’ensemble.
Alors c’est vrai, mes nuits sont de plus en plus courtes, mais j’essaie de gérer au mieux.
Ma mère m’a appelée pour savoir comment ça se passait avec Judy, et même si je ne suis pas encore très à l’aise avec elle, je n’ai rien dit à ma mère. Elle n’a pas besoin de se faire plus de souci, elle s’inquiète déjà suffisamment…
Au fil des mois, je m’adapte au mieux. Mais quelque chose m’a fait redescendre sur terre. Je suis tombée sur un article dans la presse, un que je n’aurais jamais voulu lire. Je ne m’y intéresse pas, en général, je n’ai pas besoin de savoir ce qu’ils racontent. Mais pour une raison que j’ignore, j’ai acheté ce magazine. Et je l’ai vu.
Il me dégoûte, il me répugne même. Qu’il m’ait fait ça à moi, à la limite, je m’en fiche. Mais il savait qu’il avait un enfant à naître, et pourtant… Sauver les apparences auprès des paparazzi, qu’il disait… Tu parles. Il ne s’en est pas soucié quand il a été pris en photo sous toutes les coutures avec cette blonde. Merci pour la réputation, quand même…
J’ai eu besoin de sortir. J’avais besoin de me sentir appréciée. J’ai trouvé une nounou en urgence, et je suis sortie au bar du coin. J’ai annoncé sur simstagram que je serais présente, et que je serais disponible pour mes fans.
Je suis arrivée avant tout le monde, seules quelques personnes étaient déjà sur place. Dont une que je n’aurais jamais voulu croiser.
Alors, tranquillement, je suis allée vers lui…
Et je me suis laissée aller…
- Qu’est-ce que tu fous là ? T’as rien à faire ici, tu débarques après tout ce temps, pour quelle raison ? Tu n’as jamais pris la peine de prendre des nouvelles, de t’intéresser à ton futur enfant, ta fille, mais ça tu as dû l’apprendre par la presse, mais maintenant je comprends pourquoi. Elle aussi tu vas lui faire un gosse et te barrer ensuite ?
- Laisse-moi t’expli…
- Il n’y a rien à expliquer Yanis ! Tu t’es barré ! Tu n’as jamais pris la peine de m’appeler ne serait-ce que deux minutes ! Et maintenant ta fille est née et visiblement tu n’en as rien à faire !
- Je voulais te faire réagir, j’avais l’impression que tu ne m’aimais pas, mais je suis un homme bien, tu sais.
- Et tu crois que ne pas t’intéresser à ta fille fait de toi un homme bien ? Laisse-moi rire.
- Ecoute, je m’en fiche de cette femme, on peut tout recommencer, toi et moi, je…
- Tu te fous de moi ? Pour quoi faire ? Le crac-crac n’est pas assez bien avec ta blonde ? Tu as raison Yanis, je ne t’aime pas, mais j’aurais au moins espéré que tu t’intéresses un minimum à ta fille.
- C’est toi que je veux, pas ton enfant.
- C’est ton enfant aussi Yanis, m*rde !
- Ce gosse aurait pu nous rapprocher, et…
- Tu t’es barré Yanis, en quoi ça nous aurait rapproché ? Ta fille n’est pas un objet.
- Retentons depuis le début, on peut s’arranger…
- C’est fini depuis longtemps, je ne te veux plus dans ma vie, alors si tu ne veux pas de ta fille, on n’a plus rien à se dire.
Il a fini par partir, et je ne suis pas certaine de le revoir. Il n’a montré aucun intérêt pour Judy, alors il peut aller se faire voir. Je n’ai vu que trop tard qu’un paparazzi nous avait pris en photo en pleine dispute. Voilà qui devrait encore fait la une de certains magazines, ça… Au pire, je m’en fiche, je n’ai rien à me reprocher finalement.
Les premiers fans ont commencé à arriver, alors j’ai pris sur moi et j’ai montré le meilleur de moi-même. J’aime être proche d’eux, recevoir de l’attention m’a toujours fait plaisir et je dois avouer que ça me fait du bien, ce soir.
Des mois ont passé. Difficilement, parfois, mais je n’ai jamais rien avoué à ma mère. J’ai appris que Zack vient de devenir papa d’un petit garçon. Je suis très contente pour lui et sa femme que je n’ai toujours pas eu l’occasion de rencontrer. J’ai l’impression que je n’ai pas revu Zack depuis une éternité.
Je suis déçue, par contre, de mes trois amies du lycée. Elles ne me contactent plus, Zack m’a annoncé qu’elles n’osaient pas de peur de se faire rejeter, étant donné que je ne fais plus partie du même monde qu’elles. Ceci dit, je serais heureuse de les revoir…
Et puis, le tournage du film dans lequel j’ai été prise commence enfin. Rania est contente de me voir, ça faisait un moment que je ne m’étais pas retrouvée sur les plateaux de tournage…
Mais je suis en forme, et prête à donner encore une fois le meilleur de moi-même.
Malheureusement, même si le tournage était prévu depuis un moment et que je pouvais m’organiser à l’avance, la nounou qui devait garder Judy a eu un problème de dernière minute et n’a pas pu venir me la garder. J’ai dû emmener Judy avec moi… Demandant à Rania de s’occuper d’elle pendant que je tourne. Cela ne la dérange pas.
Je suis partie au maquillage, sans y trouver Karim. Il est arrivé en retard… Je l’ai retrouvé à l’extérieur.
- Qu’est-ce que tu fous là ? Tu devrais pas être dans ton salon, à m’attendre ?
- J’ai eu un problème de…
- Je ne veux pas le savoir, tu arrives à l’heure, point. Maintenant dépêche-toi, on a assez perdu de temps comme ça.
- Ca vous va ?
- Oui, pour une fois.
Nous avons commencé le tournage de ce film policier/science-fiction où l’on doit arrêter un malfrat venant d’une autre planète.
J’ai pu faire une pause entre deux car j’avais une faim de loup, heureusement il y a toujours de bons petits plats, ici.
Le tournage a duré plusieurs semaines. C’est épuisant mais j’aime ça ! Parfois j’emmenais Judy, parfois la nounou pouvait me la garder. Ce n’est pas simple à gérer mais je fais comme je peux. Le réal n’approuve pas vraiment que j’emmène ma fille ici, mais n’ayant pas le choix il n’insiste pas plus que ça.
Nous tournons enfin les dernières scènes.
Mon personnage, une flic, est tombée amoureuse de son partenaire, qui n’est pas insensible à ses charmes, mais qui résiste, trop pris par l’affaire en cours.
Jusqu’au jour où je parviens à arrêter celui que l’on recherchait depuis si longtemps, un extraterrestre venu envahir notre planète.
Celui-ci n’étant pas prêt à se laisser faire, il s’est battu jusqu’au bout, cherchant à ne pas se retrouver derrière les barreaux. Mais la flic que je représente ne se laisse pas impressionner par cet homme venu d’ailleurs.
Finalement, mon personnage et son partenaire fêtent leur réussite ensemble au bar.
Et après plusieurs verres de jus-de-fruit, nos personnages se laissent aller pour finir ensemble. Classique. Mais efficace.
J’ai récupéré ma fille et je suis partie, sous les éloges du réal’ et de la prod’.
Malheureusement, le film n’a pas eu le succès escompté, et malgré le talent de tous les acteurs, nous n’avons pas été nominés pour une récompense. Je sais que mon talent n’est pas remis en cause, je sais ce que je vaux et mes fans le savent également. Ils sont juste déçus que j’ai pu jouer dans un film comme celui-ci. Mais après tout, on ne peut pas réussir à tous les coups, si ?
Quoi qu’il en soit, je garde le moral, et même si c’est compliqué, j’ai toujours le sourire lorsque j’appelle ma mère. Elle s’inquiète vraiment beaucoup. Pour elle, je vais bien, et Judy aussi, mais… ce qu’elle lit dans la presse au fil du temps ne la rassure pas. Elle a appris ainsi que j’avais revu Yanis, et qu’il ne voulait pas prendre contact avec sa fille. Puis elle a appris l’échec de mon film. Mais je tente de lui montrer que tout va bien, malgré tout.
En réalité, c’est de plus en plus difficile. Les seuls moments où je dors, sont quand Judy dort elle aussi.
Et en ce moment, elle ne dort pas beaucoup…
Je suis épuisée. Et je commence à perdre pied. Bientôt, ma fille va grandir et je prends conscience qu’elle ne peut pas rester ici, dans cette maison, qui commence à tomber en ruines… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?
Je suis perdue et je n’en peux plus…
Et puis le temps passe tellement vite, plus vite que je ne l’imaginais, puisque c’est déjà l’anniversaire de Judy. Je m’efforce de sourire devant elle, parce que c’est important. Je ne l’ai pas désirée, mais elle n’a rien demandé cette petite. Même si je ne sais pas m’y prendre avec elle, j’essaie de faire de mon mieux.
Et la voilà maintenant qui fait ses premiers pas.
C’est vrai, elle ressemble à son père. Elle va sans cesse me rappeler l’erreur que j’ai faite d’être avec lui. Mais malgré tout, je pense que je peux affirmer que je l’aime, ma fille.
Mais en voyant sa bouille, toute joyeuse, je ne peux pas. Je ne peux plus. J’ai besoin de prendre du recul.
Alors, j’ai décidé de rendre visite à ma mère, à Windenburg…
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Venir voir ma mère à Windenburg est comme un appel à l’aide, finalement. J’avoue que je suis un peu perdue face à la situation et j’ai peur de ne pas être à la hauteur pour Judy. Je sais que ma mère saura m’aider. Je sais aussi que venir la voir sans la prévenir risque de la surprendre et probablement l’inquiéter…
Mais je me suis trompée. Je n’ai pas eu le temps de sonner à la porte. J’ai vu ma mère revenir de son footing habituel : je vois qu’en vieillissant, elle n’a pas perdu ses habitudes. Elle me voit, et elle a le sourire.
Oui, je ne vais pas me tromper en disant qu’elle est heureuse de me voir. De nous voir. Elle n’a vu Judy qu’à sa naissance, alors ma fille ne connait pas sa grand-mère. Mais ma mère est ravie de faire la connaissance de sa plus jeune petite-fille.
Judy, au départ, se demande bien qui est cette dame très enjouée.
Mais très vite, elle prend confiance, et rit aux éclats. Ma mère sait y faire, avec les enfants.
En très peu de temps, Judy devient très à l’aise avec sa grand-mère et réclame de jouer avec elle.
Je suis heureuse de les voir sourire, toutes les deux. Judy en avait besoin, et ça me soulage de la voir comme ça. Je pense déjà à son avenir, aux répercussions que tout ça pourra avoir sur elle. Son identité n’est pas cachée, les médias savent très bien de qui elle est la fille. Et j’espère sincèrement que tout ça ne lui portera pas préjudice. Et quand je la vois si joyeuse dans les bras de ma mère, j’aimerais que ce moment dure éternellement.
Quant à moi, je suis rentrée dans la maison discrètement, je pensais pouvoir tenir le coup, mais j’ai craqué. Ce n’est pas dans mes habitudes, pourtant, de dévoiler mes sentiments au grand jour. Mais cette fois, je n’en peux plus. Je suis au bout du rouleau, et j’ai besoin de ma mère. Cette fois, j’ai osé aller vers elle, pour recevoir tout le soutien dont j’ai besoin.
En rentrant, Judy est allée d’elle-même s’allonger dans le canapé, le voyage a été long et elle est fatiguée. Ma mère n’a rien dit, elle s’est avancée vers moi et m’a prise dans ses bras. Elle sait que je vais mal. Elle le savait avant même que je ne l’admette moi-même. Mais elle ne me fait pas la morale, non, elle est là, et rien que l’avoir à mes côtés me fait le plus grand bien.
- Tu peux me parler, Seren, tu peux tout me dire. Je ferais le maximum pour te rendre heureuse, je veux que tu le saches.
- M… Merci maman…
- Viens t’asseoir avec ta vieille mère.
- Maman… Ne dis pas des bêtises pareilles… Bon… Je suis vraiment désolée de venir ici sans prévenir et…
- Là, c’est toi qui raconte des bêtises, Seren. Tu viens quand tu veux ! Tu n’as pas à prévenir ! Tu sais que tu es la bienvenue ici, n’importe quand, à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit.
- Oui, je… Je sais… Je… Euh… Je ne vais pas tout t’expliquer maman, tu dois déjà être au courant de tout, avec les médias…
- Eh bien… tu ne m’a rien dit jusqu’à présent, mais effectivement, j’ai lu que Yanis ne voulait pas de Judy. Mais la presse raconte souvent n’importe quoi, et comme tu ne m’as rien dit, j’espérais que ce soit une de leurs énièmes bêtises…
- Non maman, ils ont dit vrai cette fois… Il… Il me voulait, moi. Mais pas Judy. Il a vu en Judy un moyen de se rapprocher de moi, mais il ne comptait pas s’en occuper. Maintenant elle se retrouve avec un père qui ne veut pas d’elle et une mère qui ne sait pas comment l’aimer comme elle le mérite…
- Oh, Seren… Je sais que tu l’aimes… Tu vois, tu cherches des solutions pour qu’elle soit heureuse. C’est difficile pour toi pour l’instant, mais je suis certaine que tu t’occupes d’elle parfaitement bien. Et puis, on te l’a dit avec Cléo, on est là pour toi, quoi qu’il arrive. Tu n'as pas besoin de cet homme, il ne t'apporterait que des problèmes. Je suis persuadée que tu vas bien t'en sortir, même seule. Je sais que tu as ta carrière, mais je sais aussi que tu ne vas pas bien, et te reposer un peu ici quelque temps te ferait le plus grand bien.
- Je… Oui, c’est gentil maman, mais je ne veux pas m’imposer et…
- Je t’ai dit d’arrêter de dire des bêtises. Tu es ma fille, tu ne t’imposeras jamais dans ma vie. Tu peux rester ici tout le temps qu’il te faudra. Et je serai ravie de passer du temps avec ma petite-fille !
- Je ne sais pas, maman, j’ai un tournage, dans quelques mois, je dois me préparer pour être au top.
- Ca ne commence pas avant quelques mois, me dis-tu. Eh bien, pendant ces quelques mois, tu peux faire ce que bon te semble. Si tu es venue ici, c’est que c’était trop dur pour toi, d’être seule à Del Sol Valley. Je ne te force pas la main, tu fais ce que tu veux, mais sache que je ne te laisserai pas tomber.
- Je… D’accord… Merci, maman… Je… Je vais aller me reposer, la route a été longue…
- Seren, n'oublie pas, quoi qu’il arrive, je sais que tu es une femme forte, et peu importe les épreuves que tu as vécues, et que tu vivras, tu sauras te relever, à chaque fois.
C’est décidé. Je vais passer au moins quelques jours ici, à Windenburg. Ce n’est pas ici que je me sens le mieux, mais je crois que j’ai vraiment besoin de ma mère, pendant un petit moment.
J’ai mis à jour mon Simstagram en indiquant que je ne serais plus à Del Sol Valley pendant une période indéterminée, mais que je n’oublie pas mes fans, avant d’aller me reposer dans mon ancienne chambre.
Pendant ce temps, ma mère s’occupe de Judy qui se réveille de sa sieste. Elle a voulu aller se baigner dans le petit bassin du jardin. Je sais qu’elle ne connait pas beaucoup sa grand-mère, mais je sais qu’elle l’aime déjà énormément. Ma mère a un don avec les enfants, elle l’a toujours eu.
Et puis elle a laissé Judy découvrir son jardin. Très curieuse, ma fille s’est demandée ce que c’était, mais je crois qu’elle a bien aimé… Ah… Ce n’est pas à Del Sol Valley qu’elle peut voir tout ça…
Les jours, et même les semaines passent. Et je suis toujours ici, à Windenburg. Le froid a commencé à se pointer, j’en avais presque perdu l’habitude. Je dors beaucoup. Je suis épuisée, mais ce n’est pas de la fatigue physique. Non, je suis épuisée moralement. Avoir ma mère à mes côtés me fait beaucoup de bien, mais j’ai encore besoin de faire le point. Je n’ai pas annulé mon futur tournage, mais je me demande si je vais bien pouvoir y participer.
Et puis, Judy est heureuse, ici. Tout comme ma mère, elle qui était seule dans cette grande maison se retrouve avec sa plus jeune fille et dernière petite-fille, et je vois bien qu’elle est aux anges.
Judy et sa grand-mère passent beaucoup de temps ensemble.
Et même si ma fille fait quelques bêtises, ma mère ne lui en tient pas rigueur.
Oh, et je dois avouer que ça fait un bien fou de manger de la vraie nourriture. Ma mère fait si bien à manger, j’avais presque oublié que ses plats végétariens étaient à tomber !
Ma mère tient à passer le plus de temps possible avec Judy, pour me laisser le temps de penser à moi. Je ne m’éloigne pas de ma fille, mais je ne peux pas renier le fait que ça me fait du bien d’avoir ma mère pour s’occuper d’elle. Alors elle lui apprend à être propre.
Cela ne fonctionne pas encore très bien et il y a quelques petits accidents. Mais rien qui ne perturbe Judy.
Avec tout ça, je ne suis pas sortie de la maison. Moi qui comptait profiter d’être ici pour revoir mes amis, c’est un peu raté pour le moment. Je sais que Zack vit toujours à Windenburg, mais Sophie, Alice et Keiko sont parties vivre à San Myshuno. J’aurais aimé les voir, mais j’ai bien l’impression qu’elles sont passées à autre chose, et même si je communique toujours avec elles via les réseaux ou les SMS, ce n’est clairement plus comme avant.
Je compte cependant bien me rattraper pour voir Zack, et sa petite famille. Ils sont en vacances mais devraient rentrer dans les prochains jours.
Je crois que je commence tout doucement à remonter la pente, et finalement je me dis que la campagne n’est peut-être pas si mal que ça. Oh, je n’y vivrais pas toute ma vie, c’est certain, mais ça permet vraiment de se ressourcer. Le tournage approche, je n'ai toujours rien dit à l'équipe, et il va être trop tard pour faire machine arrière, je sais que dans quelques semaines je devrais y retourner de toute façon.
Judy aime être ici. Mais elle voudrait profiter un peu plus de ses journées. Alors quand je décide que c’est l’heure de se coucher, elle n’est pas forcément d’accord, et le fait savoir à ma mère qui lui lit des histoires pour s’endormir…
- Mamie, veux pas dodo !
- Et pourtant, c’est l’heure ! Tu vas faire un grooos dodo, et tu seras en pleine forme demain pour t’amuser !
A chaque fois, elle ne veut pas dormir mais elle s’endort toujours après la deuxième page…
Et elle dort très profondément.
Si bien qu’elle n’a rien entendu quand ma mère n’a pas réussi à se relever du bord de son lit…
Je n’ai pas envie d’y croire. Non, dites-moi que je rêve. Cela ne peut pas se passer comme ça, pas maintenant. Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, et je suis impuissante face à cette grande créature vêtue de noir qui a emporté ma mère à tout jamais…
Je n’ai pas eu le courage de réveiller Judy. Je sais qu’elle va chercher sa grand-mère, mais je préfère la laisser dormir pour le moment. Je préfère que ce soit comme ça. Elle dormait, et ne s’est rendue compte de rien.
Je suis partie dormir dans le lit de ma mère, si on peut appeler cela dormir, ayant eu un sommeil très agité… J’ai du mal à me rendre compte que ma mère n’est plus là…
Judy est venue me réveiller en pleurant…
- Maman, z’ai pas touvé mamie ! Lé où ?
- Oh, ma puce… mamie est partie loin, et elle ne pourra pas revenir… On est toutes les deux, maintenant…
- Pouquoi ?
- Parce que… parce que c’était le moment pour elle de partir… Elle est… Dans un autre monde, maintenant, et pour toujours.
- D’acco'...
Elle n’a pas posé beaucoup de questions, elle est encore très jeune et la mort n’est pas quelque chose de concret, pour elle. Etant donné son jeune âge, j’imagine qu’elle oubliera très vite… Je l’espère en tout cas.
Mon frère et ma sœur sont venus dès qu’ils ont appris la nouvelle. Je n’ai pas revu mon frère depuis si longtemps, et nous n’avons pas spécialement discuté du passé, comme je l’ai fait avec Cléo. Je sais qu’elle m’a dit qu’il serait là aussi pour moi quoi qu’il arrive, mais ma relation avec lui n’est pas aussi bonne que celle que j’ai avec ma sœur. Alors quand ils sont arrivés, Nolan n’a rien dit, jugeant sans doute que ce n’était pas le moment. A la place, il m’a prise dans ses bras.
Cléo a fait la même chose, me chuchotant que l’on finirait par aller mieux, avec le temps.
Ils sont restés là un petit moment, accompagnés de Magali et Anthony. On a beaucoup discuté, se rappelant les meilleurs souvenirs et anecdotes concernant maman, ce qui nous a provisoirement redonné le sourire.
J’ai même pu voir des photos de mes neveux, ils ne sont pas venus aujourd’hui mais je vois qu’ils ont tous bien grandi…
Loïc et sa petite sœur Lena s’entendent à merveille !
Mais il n’oublie pas non plus Yoann son cousin avec qui il fait apparemment les 400 coups !
Avec le décès de ma mère, je n’ai plus la force de rester ici. Cléo m’a proposé de venir chez elle, mais je ne peux pas m’imposer chez ma sœur. Je vais donc reprendre le cours de ma vie, à Del Sol Valley…
Je vais devoir apprendre à vie sans ma mère, vraiment. C’est vrai, même à Del Sol Valley elle était présente via nos appels téléphoniques. Elle va laisser un énorme vide derrière elle…
Avant mon départ, je me suis quand même arrêté chez Zack, rapidement.
Ca m’a fait tellement plaisir de le revoir, malgré les circonstances.
J’ai pu faire la connaissance de Macha, sa femme.
Ainsi que de Mark, son fils. Lui et Judy se sont amusés ensemble, même si Judy a été plutôt timide avec lui.
Je ne suis pas restée longtemps, Zack a essayé de me remonter le moral mais je suis bien trop ailleurs pour l’écouter dire quoi que ce soit… Ceci dit, ça m’a fait du bien de le voir et j’espère le revoir très vite…
J’ai donc repris la route, avec ma fille, et je suis retournée dans cette maison vide, celle que je déteste, désormais, avec en tête une phrase de ma mère : « tu es une femme forte, et peu importe les épreuves que tu as vécues, et que tu vivras, tu sauras te relever, à chaque fois. »
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