Ma mère n’est plus là, mais ses paroles me résonnent en tête comme si elle n’était pas partie. Et ça me fait beaucoup de bien. Elle avait raison, je suis forte, je ne dois pas me laisser abattre chaque fois qu’une épreuve me bloque mon chemin. Alors je vais de l’avant. Je suis seule avec ma fille, mais je vais m’efforcer de faire tout ce que je peux pour la rendre heureuse.
Elle est triste, parfois. Mais je ne pense pas qu’elle se rende compte que sa grand-mère est partie pour toujours.

Et puis nous ne sommes plus chez elle, à présent. Le deuil n’en sera que moins difficile. D’autant plus que je fais tout mon possible pour la voir sourire. Et quand j’y parviens, elle me rend le sourire, à moi aussi. Je ne l’ai pas désirée, mais maintenant qu’elle est dans ma vie, je ne me vois pas avancer sans elle. C’est mon rayon de soleil !

 

Elle apprend vite, et veut tout savoir !

 

Elle est obligée de dormir avec moi, dans la même chambre. Je ne supporte plus cette maison, mais avec les bons cachets que je touche, je devrais pouvoir partir d’ici au plus vite.

Et puis, on va vendre la maison de ma mère. Les jumeaux auront une partie, tout comme moi. Pas question de garder la maison, elle nous rappelle trop de souvenirs. On a gardé quelques petites babioles, quand même. Nolan a récupéré la collection d’insectes de notre mère, j’ai récupéré son badge de collectionneuse, et Cléo a récupéré l’atelier de jardinage de ma mère ainsi que le chevalet de mon père. J’ai aussi récupéré les photos de tous nos ancêtres. Mais pas question de les accrocher dans cette maison.

Malgré mon immense peine, j’ai besoin de travailler, si je veux entretenir mon statut de célébrité et si je veux partir d’ici au plus vite.

Finalement, je n’ai pas annulé le tournage qui était prévu depuis un moment, j’ai hésité après le décès de ma mère mais elle n’aurait pas voulu que j’annule pour ça au risque de mettre en péril ma carrière. Alors j’y suis allée, avec une boule au ventre. J’ai dû trouver quelqu’un pour garder ma fille, et je suis rassurée de voir qu’elle s’entend bien avec lui. Ce n’est que ponctuel, et je ferais mon possible pour passer le plus de temps possible avec elle, mais quand je n’ai pas le choix je préfère qu’elle soit entre de bonnes mains.

 

 

Rania m’a lancé un regard de compassion, elle sait qu’elle n’a rien besoin de dire, et surtout elle sait qu’elle ne doit pas. Les regards suffisent.

Et puis elle a craqué, et m’a prise dans ses bras, et n'a pas pu se retenir.
- Ça va aller, tu es la femme la plus forte que je connaisse.

Je l’ai remerciée, et je suis partie au maquillage. Je n’ai aucune envie de discuter avec Karim, de toute façon notre entente n’a jamais été bonne, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. Il a quand même osé.
- Je suis désolée Mme Berry pour votre maman.

Je n’ai pas répondu, le laissant me maquiller et me coiffer.
En partant, je me suis arrêtée, et sans me retourner, je lui ai répondu.
- Merci Karim.

C’est la première fois que j’ai un mot gentil envers lui, j’en suis bien consciente. Je n’ai pas la force de lui dire quoi que ce soit aujourd’hui. Pas maintenant, pas tout de suite.

Le tournage a duré plusieurs mois. J’ai eu du mal, au début, beaucoup de mal, parce que je n’étais pas assez concentrée sur mon travail, ma mère occupant un peu trop mes pensées.

 

Et finalement, au fil des semaines, j’ai réussi à mettre ma peine au second plan, et à donner le meilleur de moi-même.

 

 

 

 

 

- Bravo à tous et toutes, c’est dans la boîte ! On est bons pour un TopiSim là ! Je le sens bien pour toi, Seren, tu as été parfaite !

Le tournage terminé, je compte bien profiter de ma fille. J’essaie de la préserver des paparazzi, parce que j’imagine qu’elle sera bien assez embêtée plus tard à cause de son père… Alors j’essaie de sortir quand il n’y a personne, le soir. Ses horaires sont un peu décalés, mais elle n’en est pas malheureuse pour autant.

 

 

Malheureusement, les paparazzi guettent toujours. A croire qu’ils me suivent… J’aime être au centre de l’attention bien évidemment. Mais je ne veux pas ça pour ma fille. Je veux qu’elle choisisse d’elle-même et je ne veux pas lui imposer mes choix sous prétexte que j’aime ça.

 

 

D’ailleurs, je crois bien qu’elle me fait comprendre qu’elle n’aime pas vraiment ça. Je sais qu’elle n’aime pas quand il y a trop de monde autour d’elle, et ces paparazzi ne lui ont pas laissé assez d’espace.

La prod’ avait raison, le film a bien marché, tellement bien que je suis nominée pour la prochaine cérémonie des TopiSim ! C’est pour bientôt, mais entre-temps je suis sur un autre tournage, grâce à ma nomination je suis demandée de partout. Je suis même obligée de refuser des contrats tellement j’ai de demandes… Mais j’essaie de faire au mieux.
Rania est toujours là, à me choisir les meilleurs costumes.

 

Et Karim aussi, même si je me passerais bien de lui.

 

Même si je ne le porte pas dans mon cœur, je dois avouer qu’il s’est quand même amélioré au fil du temps.

J’ai accepté de jouer un rôle en tant que guest dans une série à gros budget. Les grosses séries aiment avoir des personnes célèbres le temps de quelques épisodes, et le cachet derrière le prouve bien. Le scénario laisse penser que mon personnage est important, peut-être même le plus important de l’histoire.

 

 

 

 

Mais il n’en est rien puisque mon personnage meurt très rapidement, empoisonné. Même si je n’ai fait qu’une courte apparition, mon passage sera remarqué à coup sûr, et les épisodes suivants raconteront comment on en est arrivé là, qui a voulu nuire à mon personnage.

 

 

Je suis fière, fière de ce que je deviens, et ce soir, c’est la fameuse cérémonie des TopiSim. Je ne sais pas si je serais choisie, mais dans tous les cas je dois faire sensation, je dois me faire remarquer.

Je me sens tellement appréciée, en ce moment-même !

Et puis voilà, la cérémonie qui commence. Je suis tellement stressée. Et surtout très étonnée. Le maitre de cérémonie…

C’est Karim. De maquilleur, il devient maitre de cérémonie, par quel miracle ? Quoi qu’il en soit, je ne ferais pas de remarque là-dessus.

C’était une belle cérémonie, où il y a eu de belles récompenses.

 

Et puis… je n’espérais plus. Mais Karim a prononcé mon nom. Je suis récompensée pour être la meilleure actrice de film !

Oh, ça y est, la consécration, le prestigieux TopiSim ! Je ne suis même pas reconnue mondialement que j’ai eu un TopiSim !

J’en suis si émue, j’aurais tellement aimé que mes parents voient ça, j’espère qu’ils auraient été fiers de moi…

Les paparazzi s’en donnent à cœur joie. Je suis tellement fière d’avoir fait tout ce chemin et d’en arriver là !

 

 

Peu de temps après, j’ai proposé à des fans de passer une soirée dans ce bar prestigieux.

Je n’ai pas terminé mon ascension, je sais que je dois encore travailler dur pour avoir mon étoile sur le Grand Boulevard. Mais aujourd’hui, j’y crois plus que jamais.

Grâce à ce TopiSim, j’ai reçu de gros contrats, et des belles sommes d’argent continuent de pleuvoir sur mon compte en banque, résultat des films qui continuent de rapporter beaucoup d’argent.
J’ai mis du temps, mais j’y suis finalement parvenue, je peux enfin partir de cette maison horrible, pour m’offrir le palace de mes rêves…

Je me sens bien, dans cette grande maison. Je me sens enfin chez moi. Certains pourraient penser que j’ai le goût du luxe. Mais j’ai travaillé dur pour pouvoir m’offrir cette maison. Et je n’aurais pas pu rester une année de plus dans ce taudis. Et ce qui compte, aussi, c’est que ma fille s’y sente bien.

J’ai enfin pu accrocher les portraits de mes ascendants. J’ai accroché le mien, aussi... Mais j’ai l’impression de faire tâche, à côté de tous ces portraits. J’ai peut-être réussi professionnellement parlant, mais qu’en est-il de ma vie privée ? Je ne me suis jamais projetée, je n’avais que mon succès en tête, ma réussite, mon rêve de devenir une star. Mais je n’ai jamais réfléchi à l’amour. Tous mes ancêtres étaient en couple, pourquoi n’y aurais-je pas droit, moi aussi ?

Je ne sais pas si c’est l’approche de la quarantaine qui me fait me poser des questions… Et si je finissais ma vie seule ? Oui, j’ai ma fille, mais un jour, elle partira vivre sa vie et à ce moment-là je n’aurais personne à mes côtés pour finir mes vieux jours. Peut-être que le problème vient de moi, après tout. Je n'ai jamais réussi à m'attacher à un homme. Mais je dois penser à autre chose. Malgré tout, je suis heureuse, et j’ai enfin la maison de mes rêves. J’ai même ma salle de bains personnelle, que demander de plus ?

Et je me sens plus confiante que jamais, avec tous ces contrats qui pleuvent.

J’ai fait appel à un majordome, parce que je me sens bien incapable de m’occuper d’une si grande maison toute seule. Et au moins, il sera là pour faire à manger. Judy mangera bien mieux que si c'est moi qui doit lui préparer...

C’est Mr Hayashi, il va vivre avec nous : il a son propre espace dans la maison qui est bien assez grande pour nous tous.

Judy a son espace de jeux, et elle aime y passer du temps, elle y est tranquille.

Et j’ai mon espace détente, aussi. Il n’y a pas à dire, ça a du bon d’être une star !

Mais voir le sourire sur le visage de ma fille vaut tout l’or du monde.

Le jour de la fête de l’hiver approche. Je n’aime pas spécialement cette fête, mais j’ai envie de rendre ma fille heureuse. Alors j’ai mis un sapin dans le salon, qui a gentiment été décoré par Mr Hayashi qui s’est proposé de le faire.

Non seulement c’est la fête de l’hiver, mais c’est en plus l’anniversaire de Judy. Pour l’occasion, j’ai demandé à mon frère et ma sœur de venir passer quelques jours ici, avec leurs enfants respectifs. Cela me donnera l’occasion de me rapprocher de ma famille.
Tout le monde est venu, ils n’auraient pas voulu rater l’occasion de fêter la fête de l’hiver à Del Sol Valley, là où le climat est bien différent de Brindleton Bay, où ils résident tous.

 

Ma nièce Lena a grandi elle aussi, et c’est fou comme elle ressemble à Cléo !

Nous avons commencé par fêter l’anniversaire de Judy. Elle n’a pas voulu attendre plus longtemps et souhaitait souffler ses bougies le plus rapidement possible !

J’ai du mal à croire que ma fille va bientôt aller à l’école…

Nous nous sommes installés à table pour le grand repas, et avons tenté de rattraper le temps perdu. Je vois bien qu’ils se connaissent tous par cœur, et que je ne vis pas dans leur monde, mais ils ont essayé de m’y inclure le plus possible. Nos relations ont beaucoup évolué, depuis quelques années. Et même si je ne suis pas aussi proche de mon frère et ma sœur autant qu’ils le sont entre eux, ils ne me mettent pas de côté. Je m’en veux parfois, d’avoir été si désagréable avec eux. Mais c’est le passé, désormais.

 

Evidemment, tout le monde a voulu profiter du beau temps. Alors tout le monde s’est dirigé vers le labyrinthe extérieur, essayant désespérément d’en retrouver la sortie.

 

Une fois sortis de là, personne n’a hésité à sauter dans l’immense piscine. La vue est magnifique, d’ici. J’ai eu beaucoup de chance d’acquérir ce terrain.

 

Finalement, ils ont aussi voulu tester le sauna à l’intérieur. Ils n’ont pas l’habitude de tout ce luxe, et vivent très bien, à la campagne, mais ils n’ont pas dit non à tout ce confort. Même si pour rien au monde ils ne quitteraient la campagne pour vivre ici : ça va pour les vacances, mais pas pour une vie entière.

Judy a eu droit à ses cadeaux, bien évidemment. De ma part…

 

Mais aussi de la part du Père Hiver.

Ma fille ne se laisse pas berner pour autant :
- Tu vas pas me faire croire que tu passes dans toutes les maisons où il y a des enfants. En plus, t’as pas la barbe grise. J’suis sûre que vous êtes plusieurs, c’est pas possible sinon. Ou alors, t'es pas le vrai Père Hiver.

Je ne sais pas ce qu’il lui a répondu, j’ai préféré aller m’isoler au bord de la piscine. Pourquoi voudrais-je plus ? Pourquoi voudrais-je d’un homme dans ma vie ? J’ai ma fille, ma famille qui me soutient, ma carrière qui est au beau fixe et une magnifique maison. Je suis enfin heureuse.

Pendant ces quelques jours ici, ma famille a pu se reposer. Voir mon frère et ma sœur aussi complices après toutes ces années me fait plaisir à voir. Le lien des jumeaux est vraiment très fort, mais je vois aussi qu’ils ont toujours essayé de m’inclure, je l’ai compris très tard malheureusement.

Les enfants ont passé beaucoup de temps ensemble, Judy aime beaucoup ses cousins même s’ils sont plus vieux qu’elle, et qu’elle ne les voit pas souvent. Et puis, ils sont gentils avec elle, et ne rechignent pas de passer du temps avec une enfant.

 

Nolan et Anthony ont testé la salle de sport pendant que Magali a testé la grande baignoire pour se détendre.

 

Quant à moi, j’ai passé un peu de temps avec ma sœur, lui prodiguant un massage reposant, tentant de reproduire les gestes de ma masseuse. Je ne pense pas avoir été aussi efficace qu’elle, mais Cléo a apprécié cet instant.

Ils ont fini par rentrer chez eux, nous laissant Judy et moi dans cette maison immense. Elle est très grande, oui, mais je ne m’y sens pas seule. En surplombant toute la ville, je me sens pousser des ailes. Désormais, je peux faire ce que je veux de ma vie.

Entre les fêtes, j’ai été choisie pour jouer un rôle dans une comédie musicale. Pas vraiment le genre de rôle auquel je suis habituée, mais s’ils m’ont choisie c’est que j’en ai le potentiel, alors j’ai accepté.

Comme d’habitude, Rania me suit sur mes tournages.

Tout comme Karim…

- Oups !
- Quoi ? Qu’est-ce qu'il t’arrive, encore ?
- C’est que… Je… Mme Berry, je… votre frange… je n’ai pas fait attention mais je ne l’ai pas coupée droite…
- Ca ne fait rien, on n’a plus le temps de revenir en arrière, et puis c’est pas comme si c’était ta première erreur…

Dans les coulisses, j’ai croisé une personne que j’aurais aimé éviter pour le restant de mes jours…

Je l’ai ignoré mais c’est lui qui est venu à moi…
- Tiens Seren, tu viens ici pour me reconquérir ?
- Tu te fous de moi j’espère ? Je ne veux plus jamais avoir à te parler, à te voir ou même à entendre parler de toi !
- Dommage, j’aurais bien profité de ma pause pour un petit crac-crac rapide…
- Mais t’es pas possible toi ! Tu n’as que ça en tête ? Tu peux pas passer à autre chose, depuis le temps ?
- T’es pas drôle Seren, c’était juste une proposition comme ça, pour se rappeler du bon vieux temps.
- Tu me dégoûtes, Yanis, vraiment, tu es un moins que rien. Dégage de mon chemin, et rétame-toi bien pour ta série de bas étage. C’est bête quand même que ta carrière n’ait pas décollée. Tu ne vaux rien, Yanis.

Je suis ensuite allée répéter rapidement, oubliant très vite la discussion que je venais d’avoir, tout cela ne m’atteint pas.
Et la représentation unique a pu commencer.

 

 

 

 

Nous avons été applaudis comme jamais, le public a été ravi de cette représentation. Certains spectateurs ont été interviewés en sortant de la salle, et j’ai eu quelques retours m’indiquant que j’avais été parfaite, qu’ils n’auraient pas pu choisir meilleure que moi pour ce rôle et qu’ils étaient ravis d'avoir pu me voir jouer sur scène.

Voilà qui remonterait le moral de n’importe qui !

A la maison, je vois Judy qui révise pour sa rentrée prochaine. Elle a hâte d’aller à l’école et pour ça, Mr Hayashi l’aide et lui apprend quelques leçons. Il faut dire qu’elle sera bien mieux servie par Mr Hayashi que par sa mère ! J’étais plus douée pour le théâtre que pour les cours de maths ou d’histoire…

Le jour de l’an approchant, j’ai voulu savoir ce que voulait faire Judy.
- Tu veux faire quelque chose de spécial pour la soirée du jour de l’an ?

- Pas vraiment, maman. J’aimerais bien rester ici, pour me reposer et être en forme pour ma rentrée. Mais tu sais, si tu veux sortir, tu peux, hein ! Je sais que t’aimes ça et je veux pas que tu t’empêches de le faire parce que je suis là.
- Non, je ne vais pas te laisser toute seule ici, et…
- Mais n’importe quoi, je serais pas toute seule ! Mr Hayashi sera là avec moi, si j’ai un problème ! Et puis, de toute façon je vais dormir. Alors toi tu vas t’ennuyer.
- T’es sûre de toi ?
- Oui maman, sors, ça te fera du bien.

Ma fille est très compréhensive. On est différentes, toutes les deux. Elle n’aime pas ce monde rempli de paillettes. Je ne lui en veux pas, au contraire, je comprends que ça puisse être étouffant parfois. J’essaie de ne pas lui imposer mais je sais que les paparazzi cherchent à l’importuner dès qu’ils la croisent. Je redoute le jour où elle ira à l’école… Mais c’est pour bientôt et je ne pourrais pas faire grand-chose contre ça…

Je suis donc sortie seule, sans ma fille. Pas vraiment seule, à vrai dire. Quand on est aussi connue que moi, on a rarement l’opportunité d’être seul dans un lieu public. Cela ne me dérange pas, j’aime être entourée de mes fans, et ce soir, c’est une soirée exceptionnelle, où ils laissent entrer beaucoup de monde dans ce bar privé.

D’ailleurs j’ai bien l’impression qu’ils laissent entrer n’importe qui… Il aurait pu faire un effort, celui-là, quand même…

La surprise passée, je n’ai plus fait attention à cet homme et ai fait la rencontre d’un homme vivant dans mon quartier. Randy Ward, c’est le fils de la grande Judith Ward et de Dirk Dreamer. Sa mère a réussi à garder l’identité secrète de son père malgré les paparazzi qui voulaient tout savoir, leur relation n’étant pas officielle. Mais tout finit par se savoir… Il m’a l’air sympathique !

Mais c’est un autre homme sur qui j’ai porté mon attention ce soir. Ou est-ce plutôt lui qui s’est intéressé de près à moi.

Et, j’avoue que je me suis laissée aller. Je crois que j’en ai besoin. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas pris de plaisir, et même si j’ai ma fille, désormais, j’ai aussi le droit de m’accorder des moments à moi.

Je n’ai pas réfléchi. Les paparazzi ont sans doute vu ce qu’il se trame, mais je m’en fiche. Après tout, j’ai quand même le droit de vivre un peu, non ?
Je ne connais pas son prénom. Et je ne sais pas s’il en parlera à la presse. Mais je m’en fiche. J’ai envie de me faire plaisir.

 

Alors oui, j’ai fait crac-crac avec un inconnu, j’ai eu un coup d’un soir. Je n’ai pas honte. J’imagine déjà les ragots dans la presse, mais ça n’a pas d’importance. Je sais que ce petit écart sera sans conséquences : même si nous n’avons pas perdu de temps à s’isoler, nous avons quand même pensé à une chose importante : la protection. Alors, je les vois venir, les journalistes. Mais non, je n’aurais pas d’enfant non désiré avec cet homme.

Juste un peu d’amusement, rien de plus. Nous sommes des adultes, et il n’y a pas de mal à se faire plaisir, après tout.

Nous sommes redescendus avec le reste du monde, et nous n’avons pas loupé le décompte de la nouvelle année. Demain sera un autre jour…

 

Je suis heureuse, ma vie me convient telle qu’elle est. Mais, j’ai eu la mauvaise surprise de retrouver ma petite Judy toute triste en rentrant de l’école…

Elle est partie dans sa chambre en claquant la porte. Je l’entends faire les cent pas, et je n’ose pas rentrer, mais je frappe timidement à sa porte, et elle me laisse entrer sans hésiter…

- Je peux m’asseoir ?
- Oui…
- Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu peux tout me dire, tu le sais, n’est-ce pas ?
- Oui, je sais maman… Dis… C’est vrai que mon papa il veut pas de moi ?
- Je… Quelqu’un t’a dit ça à l’école ?
- Oui, tous les élèves ont un papa, et moi j’en ai pas, et les autres ont dit que c’était parce qu’il voulait pas de moi. Ils le savent, parce qu’ils l’ont lu quelque part… Et maintenant ils se moquent de moi…

- Eh bien… je ne vais pas te mentir, Judy, je pense que tu es assez grande et assez mature pour connaître la vérité, et il vaut mieux que tu l’apprennes ici plutôt qu’à l’école. J’aurais dû t’en parler plus tôt, et je regrette de ne pas l’avoir fait avant… Ton père, tu sais que c’est quelqu’un de connu ?
- Oui mais je sais pas qui c’est…
- A vrai dire, il est connu oui, mais il n’a pas été quelqu’un de gentil. Alors il n’a pas le succès qu’il aurait pu avoir. Mais c’est une autre histoire, ce qui compte, c’est toi. Alors malheureusement, c’est vrai, il n’a pas voulu faire partie de ta vie…
- Alors c’est vrai ce qu’ils disent… Maman, ils sont méchants avec moi, ils disent que je suis une erreur et que j’aurais jamais dû naître…

- Oh ma puce, ne crois pas des choses pareilles, je… C’est vrai que tu n’étais pas prévue, mais quand j’ai su que tu allais faire partie de ma vie, j’ai su que je t’aimerai. Et oui, je t’ai aimée, c’est vrai que je ne savais pas m’y prendre, mais je t’aimais. Et je t’aime, énormément, plus que tout, n’oublie jamais ça. Tu sais, avant de t’avoir, je n’étais pas… disons que j’étais désagréable avec tout le monde. Et j’ai changé, tu m’as changé, parce que j’ai eu envie de devenir une meilleure personne, pour toi.
- Je sais que toi tu m’aimes, mais mon papa, il m’aime pas… Il t’aimait, ton papa, à toi ?
- Oh ma puce… oui, j’ai eu beaucoup de chance, mon papa m’aimait tellement. Malheureusement, le tien est différent. Si tu as des questions sur lui, je t’y répondrai, mais sache que ce n’est pas quelqu’un qui mérite de l’attention.
- D’accord… En fait, je m’en fiche de pas vraiment avoir de papa. Parce que tu es là, et je sais que tu m’aimes. Et puis il y a Mr Hayashi, il s’occupe de moi, et je crois qu’il m’aime bien, alors c’est un peu comme un papa ?
- Ce n’est pas pareil, ma puce, mais c’est vrai que Mr Hayashi est gentil.

- Maman… C’est qui, mon vrai papa ? Tu peux me le dire ? De toute façon, si tu me le dis pas, ils vont me le dire, à l’école.
- Tu as raison… Il s’appelle Yanis Gherda.
- Maman, tu sais quoi ? Je me rappelle de lui, je l’ai vu dans une série. Et tu sais quoi ? Je l’ai trouvé nul !
- Ahah, tu as peut-être raison, il n’est pas si bon acteur que ça !
- Non, c’est toi la meilleure. La meilleure actrice, et la meilleure maman. Je t’aime !

Comment mettre des mots sur tout ça, comment expliquer la situation à ma fille qui est encore très jeune ? Je pense qu’elle a compris l’essentiel, et j’espère que ça ira mieux, maintenant qu’elle est au courant. Sa journée l’a épuisée… J’aimerais pouvoir faire plus pour elle, mais je pense la rendre heureuse, malgré l’absence de son père. Et honnêtement, je préfère qu’il ne fasse pas partie de sa vie, il lui ferait beaucoup trop de mal, avec ses paroles… Je suis si triste que les enfants soient si désagréables entre eux, j’espère qu’ils vont la laisser tranquille…

Je pense que notre discussion lui a fait du bien. Elle a retrouvé le sourire !
Elle joue beaucoup avec ses jouets animaux, tout comme elle aime passer du temps dehors, sur la balançoire.

 

 

Et puis, même si je sais qu’elle ne se fait pas de copains à l’école, elle appelle souvent ses cousins pour prendre de leurs nouvelles. J’aime le fait que bien qu’ils soient adolescents, ils aiment parler avec leur plus jeune cousine.

Et elle passe beaucoup de temps dans notre bibliothèque, à lire des livres sur les animaux, qu’elle adore.

Oui, Judy va mieux, elle ne fait plus attention aux commentaires de ses camarades. Elle s’en fiche, désormais. Et ainsi, je peux passer le cap de la quarantaine sans trop d’inquiétude. Depuis que Judy est dans ma vie, j’ai fait passer son bonheur avant le mien, bien sûr, je n’ai pas abandonné ma carrière, mais je suis sûre que ma vie aurait été différente si elle n’avait pas été là. Et pour rien au monde je n’échangerais ma vie actuelle contre celle que j’aurais pu avoir.

Alors voilà, je suis heureuse de pouvoir passer ce cap avec ma fille.

 

En me voyant dans le miroir, je me rends compte que je ne suis plus si jeune, plus si belle. Et je me rends compte aussi que toutes ces extravagances n’ont plus de sens, à présent. J’ai quarante ans, quand même, il serait peut-être temps d’adopter un look moins… tape à l’œil…

On m’a de nouveau demandé de participer à cette série, Le Tournoi d’honneur, pour une nouvelle apparition en guest. Mon personnage y est mort, oui, mais dans ce nouvel épisode, on apprend pour quelle raison sous forme de flashback.
Comme d’habitude, je suis allée au costume pour y retrouver Rania. Enfin, c’est ce que je croyais, mais à la place, quelqu’un d’autre se trouvait là.
- Bonjour, Rania n’est pas là ?
- Non, vous n’avez pas appris ? Elle est très malade, et ne pourra malheureusement plus venir travailler. Je suis sa remplaçante, je m’appelle Chantal.
- Oh… Je l’ignorais… Bon eh bien… allons-y…

Savoir que Rania est malade me rend triste, surtout que je n’ai pas été mise au courant. Il faut dire que je ne la connais que dans le cadre professionnel…
Cette Chantal a l’air sympathique mais surtout un peu paumée… Je ne lui dis rien, je la laisse faire.

Et finalement, elle parvient à retrouver ses moyens et m’habiller de la même façon que Rania l’avait fait auparavant.

Puis je suis allée voir Karim, j’ai pris quelques rides depuis la dernière fois alors il va devoir faire des efforts pour pas qu’on ne remarque les années supplémentaires par rapport à l’épisode où je suis apparue. Mais finalement, en le voyant je suis rassurée, je ne suis pas la seule.
- Bah alors Karim, t’as pris un sacré coup de vieux depuis la dernière fois !

Et on a tourné de nouveau ces anciennes scènes. Avec cette fois un détail supplémentaire.

 

Mon assassin est cet homme, que j’avais combattu. On a appris qu’il avait placé un poison sur la lame de son épée qui m’avait légèrement touchée mais qui avait suffi à m’empoisonner.

Son regard sur mon personnage à la fin veut tout dire…

 

Puis les jours et semaines ont passé. Je suis devenue une véritable célébrité et je remarque bien la différence. Certains de mes fans tombent dans les pommes en me voyant…

Et je suis toujours remarquée, où que j’aille.

 

C’est vrai, je profite de cette notoriété, pour m’amuser, et je ne vais pas mentir, c’est beaucoup trop facile… Mais je n’ai pas d’attaches, je ne sais pas si je suis capable d’être amoureuse.

 

L’ennui, cependant, en étant de plus en plus célèbre, c’est que les paparazzi me suivent chez moi. A la limite, tant qu’ils ne dépassent pas les bornes, cela ne me gêne pas.

Mais parfois, ils vont un peu trop loin… J’en ai aperçu une, sur mon terrain, dans mon jardin…

Alors non, là ça ne passe pas.

- Où vous croyez-vous à entrer dans une propriété privée ? Vous allez partir d’ici au plus vite, ça va pas d’entrer chez les gens comme ça, vous savez que vous commettez une infraction en vous trouvant ici ?
- C’était ouvert, je…
- Et alors ? Cela ne vous donne pas le droit d’entrer ! Partez maintenant, avant que j’appelle la police !
- Très bien, je m’en vais…

Non mais, pour qui elle se prend, elle… Et alors que je ne suis pas encore rentrée, j’entends des clics d’appareil photo venant de derrière ma clôture…

J’étais assez remontée par celle d’avant, alors malheureusement pour lui il en a pris pour son grade.

- Euh, qui vous a engagé, vous ? C’est bien, vous avez eu la décence de ne pas entrer dans ma propriété, mais là quand même, on ne vous a pas appris votre métier ? Juste pour être sûre, vous savez que les appareils photo ne peuvent pas voir à travers les murs, n’est-ce pas ?
- Euh, oui, je…
- Partez d’ici, et allez chercher un autre métier, parce que vous n’irez pas loin, si vous continuez comme ça.

De pire en pire… j’en ai rigolé avec Randy Ward, un de mes voisins proches que j’ai rencontré lors d’une soirée il y a quelques mois. C’est pareil pour lui, il est sans arrêt dérangé par les paparazzi, puisque ses deux parents étaient connus, et qu’il s’est lui-même lancé dans une carrière de musicien.
Pas que ça me dérange pour ma part, mais il y a une certaine limite à respecter tout de même.

 

Il est sympa, ce Randy. Je pense qu’il pourrait devenir un bon ami. Mais mes pensées se tournent souvent vers ma fille. Je sais bien qu’elle ne se fait pas d’amis à l’école, cela ne la dérange pas plus que ça d’après elle, mais je sens qu’elle en aurait besoin. Quand j’avais son âge, je n’avais pas d’amis, moi non plus. Pour d’autres raisons, bien sûr, mais je ne veux pas qu’elle se sente mal…
- Ma puce, ça se passe bien, à l’école ? Tes camarades ne t’ennuient pas ?

- Non, ça va, ils me parlent pas en fait. Je suis toute seule, mais c’est pas grave, ils sont nuls de toute façon, je préfère rester dans mon coin. Mais… j’ai quand même un petit truc à te demander à propos de ça…
- Oui ? Tu peux tout me dire, Judy.

- Je… J’aimerais quand même avoir un ami. Mais pas un ami comme tu penses… Maman… On peut avoir un chien ?
- Oh, je… je ne pensais pas à ça… Mais, tu sais, il faut s’en occuper d’un chien, ça demande beaucoup d’attention et je ne suis pas tout le temps à la maison et…
- Mais je m’en occuperais, moi ! S’il te plait !

- On va y réfléchir, ma puce.
Un chien ? Pourquoi pas, après tout, si ça peut faire du bien à ma fille…

Nous avons mis de côté cette idée d’avoir un chien, je n’ai pas dit non à ma fille mais je dois y réfléchir, parce que c’est un engagement pour plusieurs années et il faut être bien sûr de soi. Et puis, serais-je capable de m’en occuper si jamais ma fille se lasse ? J'ai déjà vécu avec des animaux mais je ne m'en suis jamais vraiment occupée. Puisque c’est souvent comme ça avec les enfants… Et avec ma carrière, je ne sais pas si c’est bien judicieux…
Mais Judy ne m’en veut pas de prendre le temps de réfléchir et passe vite à autre chose. Aujourd’hui, elle a une autre idée en tête.
- Maman, c’est bientôt les vacances tu sais.
- Oui je sais ma puce, tu vas pouvoir en profiter pour te reposer un peu.

- C’est pas ça, je sais que tu peux pas trop partir d’ici avec ton travail mais… j’aimerais bien… enfin si t’es d’accord… j’aimerais passer quelques jours à la campagne chez tata Cléo…
- Oh eh bien, il faut d’abord lui en parler et ensuite…
- Ca y est, elle est d’accord !
- Hum, je vois que tu as déjà tout prévu ! Et… tu comptes y aller comment là-bas ?
- Ben… je pensais que… vu que j’ai entendu que ton ami Zack allait venir à la maison, je pourrais repartir avec lui… Il habite pas très loin de Brindleton Bay, je le sais parce que j’ai demandé à tata…
- Tu es vraiment maline dis-moi ! Mais tu as raison, Zack va venir nous rendre visite. Tu lui demanderas s’il veut bien te conduire à Brindleton Bay. Et pour le retour ?
- Ca je sais pas… peut-être que je pourrais prendre l’avion ? Je suis grande maintenant…

- Bon eh bien, je ne vois pas comment refuser une telle demande. Si ça peut te faire plaisir d’aller là-bas, je suis d’accord… Mais tu sais, tu vas me manquer ma puce.
- Oh, c’est rien maman, c’est juste pour quelques jours, tu vas voir tu verras pas le temps passer !
- C’est toi qui le dis !

Ma petite puce… Elle a raison, elle ne partira pas bien longtemps, mais ce sera la première fois que je serais vraiment loin de mon bébé, ayant toujours refusé les contrats qui me demandaient de voyager trop loin de la maison.
Mais ce n’est pas la peine de penser à ma future solitude provisoire, puisque je vais revoir mon ami d’enfance, Zack. Il a pu se libérer pour venir passer un peu de temps à Del Sol Valley. Il sait qu’il y a beaucoup de route mais il ne veut pas louper une occasion de me voir. Je suis ravie d’avoir pu garder contact avec lui contrairement à mes autres amies. A croire que le milieu dans lequel j’ai évolué ne laisse que peu de place aux relations amicales, les vraies, je veux dire…

Alors que je finissais de me préparer, j’ai entendu Mr Hayashi ouvrir à nos invités. Zack et Macha s’aiment énormément et ça me fait plaisir de voir mon ami d'enfance aussi épanoui.

Mr Hayashi a installé tout le monde dehors, et quand je suis arrivée, Zack m’a pris dans ses bras.
- Seren, comme je suis content de te voir !

- Zack, tu n’as pas changé ! C’est Macha qui en a de la chance ! D’ailleurs, bienvenue ici Macha, ça me fait plaisir que tu sois là !
- Le plaisir est partagé !

Nous avons discuté, rattrapé un peu le temps perdu, tout comme les enfants. Ils se sont vus une fois, quand ils étaient petits, mais ne s’en souviennent plus vraiment. Mark, le fils de Zack a l’air d’être un petit garçon très sympathique.

 

Et puis j’ai pu sympathiser un peu plus avec Macha, puisque quand je l’ai rencontrée, je venais de perdre ma mère alors les circonstances n’étaient pas très bonnes.
Zack n’aurait pas pu trouver mieux, il m’en a beaucoup parlé au fil du temps, et c’est une femme parfaite pour lui.

Et alors que je laissais Zack et Macha profiter du sauna en amoureux, puis les enfants entre eux, j’ai dû m’endormir.

 

Mais comment ai-je pu m’endormir comme ça, au beau milieu du jardin ?
En tout cas, je me souviens de ce rêve on ne peut plus étrange. Tout paraissait si réel, et en même temps, si invraisemblable. Une lumière m’a attirée vers une sorte de soucoupe volante.

 

 

Puis, plus rien. Jusqu’à ce que la lumière se rallume et que je redescende sur terre. Que je me réveille. Un peu abasourdie par le rêve que je viens de faire. J’ai sans doute besoin de repos...

Zack et sa petite famille ont fini par partir le lendemain, emmenant ma Judy avec eux. La maison va me paraitre bien vide, sans elle…
Mais à peine ai-je eu le temps de me rendre compte que ma fille était partie, que l’on a frappé à la porte. Judy aurait-elle changé d’avis ?

Non, ce n’est pas Judy. Elle n'aurait pas frappé de toute façon, je suis bête... C’est Randy.

- Oh Seren, ça n’a pas l’air d’aller, qu’est-ce qu’il se passe ?
- Ce n’est rien, Randy, je suis juste très fatiguée et puis ma fille vient de partir pour quelques jours chez ma sœur alors si tu savais le vide que je ressens.
- Ce n’est rien, et puis je suis sûr qu’elle va bien en profiter.
- Oh oui, c’est sûr et certain, elle avait beaucoup aimé la campagne étant petite. Mais elle me manque déjà.
- C’est normal ça. Mais ça ira ! Et puis, ce n’est pas pareil, mais je te tiendrais compagnie en attendant qu’elle revienne !
- Merci Randy, mais tu n’as pas besoin de faire ça tu sais.

- J’ai quand même le droit de prendre soin de mes amis, non ? Allez, détends-toi, pense à autre chose, parle-moi de ton futur rôle.
- Mais oui tu as raison, il faut que j’apprenne mon script en plus ! Tu tombes très bien ! Viens dans le jardin, ce sera plus agréable.

Jouer quelques scènes m’a fait penser à autre chose et m’a fait beaucoup de bien.

 

 

 

Jusqu’au moment où j’ai perçu quelque chose, ou plutôt quelqu’un, qui m’a mis hors de mes gonds.

- Ce n’est pas la première fois que je vous demande de ne pas franchir les limites de ma propriété PRIVEE ! Vous comprenez un peu le principe ? Si c’est privé, vous n’avez pas le droit d’y entrer sans autorisation. Qu’on me prenne en photo n’importe où c’est une chose, mais franchir les limites de mon terrain c’en est une autre ! Alors maintenant vous allez me faire le plaisir de partir d’ici et ne JAMAIS revenir ! Et donnez-moi cet appareil photo ! C’est bien compris ?
- Oui, oui, pas la peine d’en faire tout un plat, fallait pas être célèbre si vous vouliez pas êtr…
- Mais vous vous foutez de moi ? Cela n’a rien à voir avec ça, je vais finir par coller un procès à votre boite si ça continue ! Vous n’entrez pas chez les gens par effraction, célébrité ou pas ! C’est du savoir-vivre, c’est tout ! Maintenant, dégagez d’ici et très vite !

Non mais pour qui elle se prend, celle-là…

Quelques jours ont passé et ma fille rentre bientôt, même si j’ai l’impression qu’elle est partie depuis une éternité ! Pour son retour, j’ai décidé de lui faire une petite surprise… Je me suis finalement décidée, et j’ai appelé un centre d’adoption d’animaux, afin de lui offrir un petit chien. On ne me présentera ce chien que demain, mais il arrivera juste avant le retour de Judy.
Randy a passé beaucoup de temps avec moi ces derniers jours et ça m’a fait beaucoup de bien.
Pour ma dernière journée seule, il a décidé de m’emmener au restaurant, à la sortie de Del Sol Valley.

C’est vrai que c’est la fête de l’amour aujourd’hui. Mais pourquoi je pense à ça ? Quel est le rapport ? Randy et moi sommes amis, rien de plus.

Evidemment, partout où nous allons, nous pouvons être sûrs d’être suivis par des paparazzi. Ici, je ne peux rien leur dire. Et puis, je n’ai rien à cacher, après tout.

Je passe un très bon moment en compagnie de Randy et il ne manque pas de me faire des compliments. C’est vraiment quelqu’un de très gentil.

 

Il m’a offert un cadeau, parce qu’évidemment, lui aussi sait quel jour nous sommes.
- C’est juste pour marquer le coup, et puis j’avais envie de te faire plaisir.
- Oh, merci, il ne fallait pas ! Mais... On aura qu’à dire que c’est pour la fête de l’amitié, après tout !
- Ahah, eh bien, oui, on peut dire ça… !

Il m’a joué un morceau de piano, étant un musicien reconnu il ne pouvait pas passer à côté de cet instrument sans en jouer un peu !

Et puis il m’a de nouveau dit combien j’étais belle. Pas seulement aujourd’hui, mais tous les jours. J’avoue que son regard m’a déstabilisée. Que… Que cherche-t-il ? Et surtout, qu’est-ce que je veux, moi ? Je l’apprécie beaucoup, Randy, mais j’avoue ne jamais avoir ressenti ce que je ressens actuellement. Serait-ce ça, l’amour ? Mais non, Seren, ne sois pas idiote, ressaisis-toi ! Et puis, pourquoi un homme comme Randy voudrait de toi alors qu’il ne te considère que comme une amie. Où essaie-t-il de me faire comprendre qu’il voudrait que notre relation aille plus loin ?

Ceci dit, j’ai joué le jeu devant les paparazzi mais en réalité je suis très loin d’être sûre de moi…

Nous sommes rentrés et rien de plus ne s’est passé. Je ne sais pas quoi penser de tout ça…
Mais mes pensées se sont vite tournées ailleurs, puisqu’aujourd’hui j’accueille un nouvel habitant, ou plutôt une nouvelle habitante. C’est une chienne toute jeune qui a été recueillie après avoir été abandonnée par sa mère. Elle s’appelle Havana.

 

- J’espère que tu vas te plaire, ici, et que tu illumineras les journées de ta future nouvelle amie, Judy.

Ma fille est rentrée peu de temps après. Avec l’adoption d’Havana, je n’ai pas pu aller la chercher à l’aéroport, mais Randy m’a proposé de s’en charger.
- Maman, je suis contente de te voir ! C’était trop bien à Brindleton Bay ! Il y a plein d’animaux là-bas ! Et j’ai dit merci à Randy, il est trop gentil, on a rigolé sur tout le chemin jusqu’à la maison !
- Oh ma puce, tu m’as tellement manquée !

*ouaf*

- Maman, j’ai rêvé ou j’ai entendu un chien ?
- Retourne toi…
- Oh maman ! C’est pour moi ? Enfin, pour nous ? Maman, merci, elle est trop mignonne ! Elle s’appelle comment ?
- Havana.
- Bonjour Havana, je vais bien m’occuper de toi, tu seras la plus heureuse des chiennes avec nous !

En effet, Havana se sent bien, ici. Elle est encore jeune pour sortir faire de longues promenades, n’ayant pas encore tous ses vaccins, mais l’homme qui est venu déposer Havana m’a dit qu’il n’y avait aucun souci pour qu’elle prenne l’air dans le jardin.
Et je crois qu’elle est heureuse, elle court partout !

Bon, il y a quelques petits ratés, mais elle est toute jeune, et tant qu’elle ne se fait pas mal, tout va bien.

 

Et même si j’avais un peu d’appréhension, mes doutes s’envolent lorsque je vois Judy prendre soin d’Havana. Elle est parfaite dans son rôle, et je sens que toutes les deux, elles vont se donner beaucoup d’amour.

 

Le temps passe, tellement vite. Je n’ai pas vu passer ces derniers mois. J’ai appris le décès de ma costumière de toujours, Rania. J’ai eu beaucoup de peine. La nouvelle est gentille, mais elle ne remplacera jamais Rania.

J’ai dit au revoir à Karim, puisqu’il va partir en retraite. Je n’ai pas eu le cœur de le charrier. Je lui en ai fait baver une longue partie de sa vie, et maintenant qu’il s’en va, je me rends compte qu’il n’était pas si mauvais que ça, après tout.

Et j’ai continué à jouer plusieurs rôles au cinéma, en tous genres. Mon talent n’est plus à prouver et les contrats pleuvent toujours autant, ma carrière n’a jamais été aussi bonne qu’aujourd’hui. Je suis désormais reconnue dans le monde entier, et je reçois des lettres de fans dans toutes sortes de langues. Il faut dire que les films dans lesquels j’ai joué ont été doublés dans de nombreux pays.
Je suis appréciée, et cela me plait. Avoir la capacité de jouer plusieurs rôles aussi différents les uns que les autres a prouvé au monde entier de quoi je suis capable.

 

 

 

 

 

J’ai fini par apprendre le décès de Karim, j’ai eu beau ne pas l’apprécier, ça m’a quand même fait quelque chose de le savoir parti pour toujours.

A la maison, nous avons dû dire au revoir à Mr Hayashi qui a lui aussi souhaité prendre sa retraite. Mr Gupta le remplace. Il a l’air très professionnel et aussi très sympathique. Judy apprécie ce nouveau majordome même si elle regrette beaucoup Mr Hayashi avec qui elle avait tissé des liens.

 

Mais ce que Judy préfère, c’est prendre soin de sa nouvelle amie. Havana fait partie intégrante de la famille, et je suis ravie de constater que je m’étais trompée sur ma fille : elle s’en occupe à merveille et je n’ai pas à me soucier du bien-être de Havana puisque Judy le fait parfaitement bien.

 

D’ailleurs, Havana ne quitte jamais Judy et elles sont devenues inséparables.

 

Alors c’est vrai, il lui arrive parfois d’aller aboyer sur les paparazzi qui trainent devant la maison, mais soyons honnêtes, elle ne fait peur à personne…

Je passe de plus en plus de temps avec Randy. Il m’aide à m’améliorer en guitare, ayant toujours voulu savoir en jouer aussi bien que ma sœur. Je ne lui ai jamais laissé l’occasion de m’apprendre, quand nous étions plus jeunes, et maintenant que je suis loin d’elle, ce n’est plus possible…
Quoi qu’il en soit, jamais je n’atteindrais le niveau de Randy ou celui de Cléo, mais ça m’amuse.

Nous avons même décidé avec Randy de faire des représentations les samedis soirs, lui à la guitare, moi au chant. Je ne suis pas une grande chanteuse, mais j’ai une jolie voix, m’a-t-on dit. J’avais pris des cours pour la comédie musicale dans laquelle j’avais été prise il y a quelques années.

 

C’est vrai que ces représentations sont appréciées, les fans sont toujours là et j’aime être proche d’eux, à leur signer des autographes.

 

La presse s’interroge. Nous faisons ces représentations depuis plusieurs semaines, maintenant, et ils se demandent partout si Randy et moi sommes en couple. Nous ne disons rien à la presse, les paparazzi se chargent d’interpréter nos faits et gestes, et de toute façon, quoi que l’on dise, tout sera déformé, alors je préfère laisser parler, je me fiche de ce que l’on peut dire.

Nous sommes amis, Randy et moi. Il n’a jamais franchi la limite avec moi, alors je pense qu’il ne me voit que comme une amie. C’est vrai que j’aurais espéré un peu plus, mais c’est un très bon ami et je ne voudrais pas perdre une personne si chère à mes yeux.

Mais Judy s’interroge.
- Bon alors, maman, c’est quand que vous vous mettez en couple, toi et Randy ?
- Ma puce, je t’avais dit que ce n’était pas intéressant de lire la presse, ils racontent n’importe…
- Maman, j’ai pas besoin de la presse, je m’en fiche de ça. J’ai juste besoin de mes yeux. Il est trop gentil Randy et puis il t’aime, ça se voit ! Et puis toi aussi. Maman, quand même… Je suis une gamine et je le vois mieux que toi, c’est quand même pas normal !

- Je… Mais… Tu…
- Bah alors, tu sais plus parler, toi la plus grande actrice de tous les temps ? Tu vois, t’es amoureuse !
- Je crois que tu regardes trop de séries, Judy, ça te fait imaginer des choses qui n’ont pas lieu d’être…
- Bah on verra. J’vais lui demander moi, à Randy !
- NON ! Euh… Non ma puce, ce n’est pas nécessaire. Nous sommes amis, rien de plus.
- Ouais, ouais. Viens on va dans l’eau. En attendant, j’te crois pas. Et puis tu sais, tu serais heureuse avec lui, il est vraiment trop sympa ! J’aurais bien aimé que ce soit mon papa.

Oh, ma puce… Elle ne me parle jamais de son père, et elle n’en ressent visiblement pas le besoin. Elle a tiré un trait sur lui, elle ne l’a jamais vu mais elle sait qu’il ne mérite pas qu’on s’attarde sur lui. Mais je ne pensais pas qu’elle ressentait un manque, comme un besoin d’avoir une figure paternelle… Et c’est vrai que Randy aime passer du temps avec ma fille… Et concernant mon affection pour Randy, elle n'a pas vraiment tort...
Mais Judy ne parait pas triste, au contraire. Quand je l’ai suivie dans l’eau, elle n’a pas perdu de temps à m’éclabousser et à s’amuser comme tous les enfants de son âge le font.

 

 

Quand je disais que Randy aime passer du temps avec ma fille, je disais vrai. Il aime la voir sourire, la voir si heureuse, la faire rire et s’amuser avec elle.

Et puis, il l’aide dans ses projets scolaires, également. Ma pauvre petite Judy n’a trouvé personne dans sa classe pour le faire avec elle. Ou plutôt, elle a refusé. Les élèves s’intéressent maintenant à elle parce que je suis sa mère et parce qu’ils aimeraient venir dans ma maison. Mais Judy n’est pas dupe, elle ne veut pas avoir des amis uniquement par intérêt pour sa mère, alors elle préfère ne pas en avoir du tout. Alors cela lui plaît beaucoup, pour ses projets, de recevoir l’aide de Randy. C’est vrai que je n’étais pas très douée à l’école, alors je ne lui suis pas d’une grande aide, mais heureusement, Randy est heureux de pouvoir lui rendre service.

Puis est venue la nouvelle nomination aux TopiSims. J'ai mis des heures avant de trouver ce que j'allais porter.

Pour une fois, j’avais tellement envie que ma fille soit présente, que je gagne ou non d’ailleurs. Mais cette cérémonie est prestigieuse, et même si elle n’aime pas vraiment ce monde, c’est quand même le mien, et elle en fait partie malgré tout. Et elle avait envie de venir, ce soir.
- Maman, t’es trop belle, la plus belle de toute la cérémonie !

Tout s’est bien déroulé.

Et finalement, j’ai été appelée, j’ai reçu une nouvelle récompense. Cette récompense, la plus prestigieuse, que j’ai déjà reçu dans ma jeunesse, et que je reçois de nouveau aujourd’hui, j’en suis fière.

J’ai jeté un regard à ma fille, et j’ai senti qu’elle était fière de moi. C’est la personne la plus importante à mes yeux, et si elle est fière de moi, alors j’ai accompli tout ce que je voulais dans ma vie. Le bonheur de ma fille, c’est ce qui compte le plus.

Alors ce prix, je le lui dédie.

J’ai ressassé plusieurs fois les paroles de ma fille dans ma tête, concernant Randy. Elle a raison, je crois, oui, c’est forcément de l’amour, ce que je ressens. Mais comment est-ce possible ? Nous ne sommes pas ensemble, je n’ai jamais été amoureuse de ma vie et voilà que ça me tombe dessus sans que je ne l’ai vraiment cherché…

Elle a l’air observatrice, également, elle voit ce que je suis incapable de voir. Mais pourquoi Randy n’aurait rien tenté s’il est amoureux, lui aussi ? A moins qu’il soit dans le même état d’esprit que moi, à croire que je ne le vois que comme un ami… Je crois qu’il est temps de faire quelque chose…

J’ai invité Randy, comme bien souvent, et nous nous sommes installés dans un coin du jardin, près du feu.
- Dis-moi Randy, je suis un peu tendue ces derniers temps, tu ne voudrais pas me masser un peu, au niveau des épaules ?
- Euh, oui si tu veux, c’est là que tu as mal ?
- Oui, c’est ici, oooh tu as un don, tes mains sont magiques. Ca va déjà beaucoup mieux !

- Pas de soucis, Seren, tu peux me demander ça quand tu veux !
- En fait, j’aime la sensation de tes mains sur mon corps, Randy.
- Je… Euh… Que… Quoi ?
- Ahah, tu verrais ta tête ! Tu es gêné ? Je te rassure, moi aussi. Mais après tout, on n’a qu’une vie, n’est-ce pas ? Alors profitons-en.

- Je… Seren… Qu’est-ce qui est en train de se passer ?
- Il se passe exactement ce que tu penses. Je… J’ai envie de devenir plus qu’une amie pour toi, Randy. J’ose croire que tu ressens la même chose.
- Oh, j’ai compris, tu répètes pour un nouveau rôle, c’est ça ?
- Non, Randy, je… ce n’est pas un acte. C’est ce que je ressens, réellement, au fond de moi. Je… je crois que je t’aime, Randy.

 

Je ne lui ai pas laissé le temps de répondre. A la place, je me suis approchée de lui pour l’embrasser. Je me suis lancée sans réfléchir, et je dois avouer que j’ai eu moi-même du mal à me reconnaître. Mais voilà, on y est. Et finalement, je ne regrette pas. Parce qu’il a répondu à mon baiser, sans hésiter. Il s’est détendu, comme si on le débarrassait d’un lourd secret. Peut-être n’aurait jamais-il fait le premier pas, après tout. Et je n’allais pas attendre d’être sur mon lit de mort pour lui avouer mes sentiments. J’ai fait le bon choix.

Ca fait du bien, d’aimer, et d’être aimée en retour. Je sais, c’est tout nouveau, mais je lui fais pleinement confiance. Randy Ward est un homme bien, je n’ai aucun doute là-dessus.

Nous sommes restés ici encore un peu, avant que Randy se lève et me prenne par la main, pour m’emmener dans ma salle « détente ». Il m’a massé le dos comme personne ne l’avait fait auparavant.

Puis il a pris soin de moi, il m’a fait me sentir bien. Tellement bien.

 

Et une chose en amenant une autre, on s’est retrouvé dans le sauna.

Je n’ai pas besoin de détailler la suite, il n’y a aucun doute sur ce que nous avons fait, là-dedans.

Judy n’a pas mis beaucoup de temps à s’en rendre compte. Nous ne lui avons rien dit, mais quand elle nous a vu, elle a compris. Elle n’a rien dit non plus, se contentant d’aller faire ses devoirs en souriant.

Mais quand elle a eu l’occasion de parler avec Randy, elle ne s’est pas gênée.
- T’es pas comme d’habitude Randy.
- Mais, si, je suis toujours le même !
- Non, c’est pas pareil ! Je sais ce que c’est ! Tu vas venir habiter ici avec nous maintenant ?
- Oh euh, je ne sais pas, je…
- Mais si, allez ! Ca va être bien ! Et puis je vois le sourire de maman, tu la rends heureuse, et puis toi aussi t’es heureux, alors ça sert à rien de rester dans ta maison !
- On va voir, Judy, nous n’en avons pas encore parlé avec ta mère.

- Ben dépêchez-vous ! J’aimerais bien que tu viennes habiter ici moi, comme ça tu seras tout le temps ici, et tu pourras faire semblant d’être mon papa.
- Oh, Judy, je t’adore tu sais. Je ferais n’importe quoi pour toi, et pour ta maman, sache-le.
- Merci Randy, t’es trop sympa ! Je suis contente que maman soit avec quelqu’un comme toi.

Randy m’a avoué un jour qu’il rêvait d’avoir des enfants. Je sais que Judy n’est pas sa fille, mais il l’aime énormément, et ça compte beaucoup pour moi.

Havana a fini par grandir et devenir un gros chien, que Judy aime toujours autant.

Elles ne ratent pas une occasion de jouer ensemble.

 

 

 

 

Et comme avant, Havana ne quitte pas le chevet de Judy quand elle dort.

Havana est une chienne qui n’a pas peur de l’eau, et qui au contraire adore ça, alors elle n’hésite pas à sauter dans la piscine pour s’y rafraichir.

J’ai du mal à accepter le fait que le temps passe à une vitesse monstre. C’est l’anniversaire de Judy, déjà. Ma petite fille va devenir une adolescente, et je ne réalise pas vraiment.
Peu de temps après lui avoir avoué mes sentiments, Randy a fini par emménager avec nous, ce n’était qu’une question de temps finalement. Et puis, pourquoi attendre plus longtemps ?

Toute la famille a appelé Judy pour son anniversaire, son oncle, sa tante, ses cousins et sa cousine. Ils n’ont pas pu venir mais ils ne l’ont pas oubliée, et ces simples coups de téléphone lui font énormément plaisir.

Et c’est en petit comité que Judy souffle ses bougies.

 

 

Il fait beau, alors elle en a profité pour aller faire une balade avec Havana qui n’a pas demandé son reste.

 

Ca me fait drôle, de voir ma petite Judy grandir. Je me remémore le chemin que j’ai fait depuis sa naissance, et je suis fière de ce que j’ai accompli. Ma fille est ce dont je suis le plus fière, aujourd’hui.

Mais tout cela me rappelle que moi aussi je vieillis, et le miroir me le rappelle bien, puisque tous les matins, j’ai une frayeur en apercevant de plus en plus de cheveux blancs qui commencent à envahir ma chevelure…

Judy

Je suis une adolescente plutôt solitaire. Disons que je n’ai pas besoin de la présence des autres pour me sentir bien. Et puis j’ai vite compris que la plupart ne sont pas intéressants. Ils m’ont d’abord rejetée, parce que j’étais une enfant non désirée et que mon père n’en a rien à faire de moi. C’est l’inconvénient de faire partie d’une famille médiatique. Au fil du temps, d’autres tentaient de se rapprocher de moi, mais là aussi, j’ai vite compris que ce n’était pas pour les bonnes raisons, et qu’ils s’intéressaient à moi parce que ma mère est une star mondialement connue. Je n’ai pas besoin de ces relations toxiques.

La vie que mène ma mère ne laisse que très peu de place à la vie privée. Je ne lui en veux pas, c’est ce qu’elle a toujours voulu, et elle a réussi, parfaitement bien. Et malgré son statut de grande actrice, elle a toujours trouvé du temps pour moi, quitte à sacrifier son bonheur.

Je ne parle pas beaucoup, je n’ai pas d’amis, mais j’observe, et c’est comme ça que j’ai su que ma mère et Randy feraient un couple idéal. Et puis je ne vais pas mentir, j’aime l’avoir à la maison aussi, il est tellement gentil, que ce soit avec elle ou avec moi. Il est comme un père pour moi, bien plus que le vrai ne l’a jamais été. Evidemment, je ne l’ai jamais vu, ce père qui ne voulait pas de moi. Je ne lui ai jamais parlé, et je n’en ai jamais ressenti le besoin. Il était plus ou moins connu, donc j’ai appris sa mort récemment. Il n’a jamais essayé de faire un pas vers moi, il n’était vraiment pas quelqu’un de bien. Je suppose qu’il ne manquera à personne. Et puis, ma mère a toujours été là, et j’ai Randy, maintenant.

Et surtout, j’ai ma grosse mémère, Havana, avec qui je passe énormément de temps. Contrairement aux humains, les animaux ne nous trahiront jamais, ne nous décevrons jamais.

Ma mère sait que je n’aime pas spécialement la vie de star. Je n’en suis pas une, mais je suis connue par procuration, sans jamais l’avoir demandé. J’ai peur qu’elle m’en veuille, mais j’aimerais vivre à Brindleton Bay, loin de tous ces projecteurs, plus tard. Je me vois vivre à la campagne, comme ma grand-mère et comme mon oncle et ma tante, entourée d’animaux. Je n’ai pas besoin d’autre chose.
Je suis heureuse, quand je suis avec Havana.

 

Malheureusement, ces moments avec elles sont souvent interrompus par la présence d’un paparazzi qui ne se gêne pas d’entrer dans la propriété privée de ma mère et qui prend des photos sans aucune autorisation. Même si ma mère adore cette vie, elle n’est pas d’accord quand ces gens entrent chez elle par effraction.

Je n’ose pas dire quoi que ce soit. Et de toute façon, à quoi bon ? Ils l’auront, leur scoop, quoi qu’on fasse. Bien que je ne vois pas trop l’intérêt de publier une photo de la fille de la grande Seren Berry en compagnie de son chien. Mais il en faut peu pour séduire les fans, et malheureusement je dois faire avec.

Havana essaie bien de les faire fuir, mais qu’on se l’avoue, elle ne fait peur à personne…

Et puis, elle a beau se montrer agressive, c’est surtout une grosse trouillarde qui prend peur dès que le lave-vaisselle se met en route…

 

Une petite caresse et tout finit par s’arranger.
- Je t’aime Havana, mais tu ne fais pas un très bon chien de garde !

Je suis détendue, quand je suis auprès d’elle. Comme si j’étais ailleurs. Et quand je m’occupe de ma chienne, je ne pense plus à rien, j’oublie tous ces paparazzi, ces flashs, cette presse, tout. Je profite de ces moments, comme n’importe quel adolescent pourrait le faire.

 

 

 

Et malgré tout, je ne regrette pas d’avoir cette vie. Elle ne me plait pas, mais c’est celle que ma mère a choisie. J’aime ma mère plus que tout, et si elle est heureuse, alors je le suis également. Et je me rends compte que tout ce temps, elle n’était pas pleinement heureuse. Aujourd’hui, avec Randy, elle l’est.

 

Seren

Il fallait que je trouve une solution pour cacher tous ces cheveux blancs. La meilleure solution que j’ai trouvée ? J’ai fait une couleur à mes cheveux, oui, encore une autre. Mais je suis loin de mes fantaisies de jeunesse, aujourd’hui, je découvre le blond, comme mon père, et comme mon frère et ma sœur. Cela ne me va pas si mal, finalement !

Avec Randy, on file le parfait amour. C’est peut-être ridicule, mais je me sens comme une adolescente quand je suis avec lui.

 

Il me parle souvent de bébé. Il sait qu’il peut considérer Judy comme sa fille, mais il aimerait avoir un enfant, qu’il puisse voir grandir. Mais… Est-ce vraiment raisonnable ? Je veux dire, je me sens jeune à ses côtés, mais je ne le suis plus vraiment… Pourra-t-on offrir une belle vie à cet enfant, pourrons-nous profiter de lui assez longtemps pour le voir grandir ? Alors je ne sais pas. Et je me vois demander des conseils à Judy. Quelle mère est aussi irresponsable que moi pour aller demander des conseils à sa fille adolescente ? C’est moi qui devrait lui donner des conseils, pas l’inverse… Mais ça me rassure de lui parler, finalement.

- Randy aimerait avoir un enfant, mais tu ne penses pas que ce serait irresponsable de notre part ?
- En quoi ce serait irresponsable ? Tu t’es toujours bien occupée de moi, je ne vois pas pourquoi ce serait différent avec une autre enfant.
- C’est pas ça… Mais… je ne suis plus aussi jeune que quand tu es née. J’ai peur qu’on ne puisse pas s’en occuper correctement quand on sera vieux.
- Dis pas de bêtises, mamie s’est bien occupée de tes neveux et nièce pendant des années alors qu’elle était plus âgée. Et puis je crois me souvenir vaguement qu’elle s’est occupée de moi, aussi.
- C’est vrai… Ta grand-mère adorait les enfants. Elle m’a beaucoup aidée avec toi, tu sais…

- Oui mais tu t’en es très bien sortie. Et je suis sûre que tu feras une très bonne mère pour ce second enfant. Et au moins, il sera désiré celui-là !
- Oh, Judy, je ne veux pas que tu m’en veuilles pour ça, je…
- Mais non, t’inquiète pas, je te dis ça sans aucune amertume, je ne t’en veux pas, au contraire : tu as été et tu es une mère exemplaire. C’est juste que cet enfant naîtra dans l’amour, c’est quand même important. Je sais que tu m’aimes, maman. Ne t’en veux pas pour des choses dont tu n’es pas totalement responsable. Je suis là et tu as toujours assuré. Pour l’avenir, pour un éventuel bébé, c’est à toi, et à Randy évidemment, de décider. Tu sais ce que j’en pense, maintenant.
- Merci Judy, ça m’a fait du bien de parler de ça avec toi.

Cette histoire me trotte dans la tête, et je ne suis pas encore certaine que ce soit une bonne idée. Mais plus le temps passe, et plus l’idée sera mauvaise… Le seul problème auquel je fais face, c’est l’âge. Parce que Judy a raison, Randy et moi, nous nous aimons, et ce bébé serait aimé par ses deux parents. Mais… Pendant combien de temps ? Quelle idée farfelue d’avoir un enfant à plus de 45 ans… Mais je ne serais pas la seule femme dans ce cas-là, d’autres l’ont fait avant. Pourquoi pas moi ? Ma fille m’a rassurée en me disant que j’étais une bonne mère. Je n’ai plus le même âge, mais j’essaierai de faire du mieux possible, si jamais ce deuxième enfant arrivait dans ma vie.
Et c’est vrai que le sujet revient souvent dans nos conversations.
- Mon amour, tu ferais le plus heureux des hommes si tu faisais de moi le père de ton enfant.
- Tu es sûr ? On se fait vieux, quand même.
- Mais on est bien conservé, tu ne crois pas ?

- Tu as raison ! Mais je ne sais pas, tu connais mon passé avec Judy et…
- Ce sera différent cette fois, je ne te laisserai pas tomber, tu le sais. Et je ne laisserai jamais tomber Judy, c’est comme ma fille, tu le sais. Je vous aime énormément, toutes les deux.
- Tu as raison… j’ai quand même un peu peur.
- Ca ira, tu es déjà une merveilleuse mère. Tu sauras comment faire avec ce deuxième enfant.
- Tu crois ? Hum… Alors… Pourquoi ne pas s’y mettre… Dès maintenant ?

Je ne suis clairement pas sûre de moi. Mais je ne serais pas seule, cette fois. Et peu importe ce qu’en dit la presse. Je fais ce que je veux de ma vie, après tout.
Je ne sais même pas si ça va fonctionner. Je ne suis pas sûre d’être aussi fertile qu’à l’époque, alors il nous faudra probablement plusieurs essais…

Les semaines ont passé, et même si l’essai bébé ne se transforme pas en réussite pour le moment, j’ai accompli autre chose dans ma vie. Quelque chose qui me tenait à cœur et que je rêvais de faire depuis toujours, depuis que j’ai mis les pieds à Del Sol Valley.
Aujourd’hui, je vais pouvoir poser ma dalle sur le grand boulevard.

Randy est fier de moi, mais Judy aussi. Elle qui n’est pas à l’aise dans ce monde a quand même fait un effort et elle est magnifique, dans sa tenue.

 

Je les ai aperçus discuter tous les deux, comme s’ils complotaient en secret. Qu’est-ce qu’ils mijotent, tous les deux ?

 

 

Mes fans ont commencé à arriver, petit à petit.

 

Puis Zack, et Cléo, ont fait le chemin pour me soutenir. J’aurais aimé que Nolan soit là, mais il est malade et n’a pas pu sortir de son lit. Peu importe, je sais qu’il sera là, devant sa télé, à me regarder, c’est au moins ça…

J’ai jeté un regard à Randy et Judy. Je sens leur amour et je suis si fière.

Et puis j’y vais.

 

Ca y est, je ne pouvais pas rêver mieux, j’ai tout ce dont j’ai rêvé dans ma vie. Et même plus encore.

J’ai signé quelques autographes et pris quelques photos avec les fans, avant que le plus gros de la foule s’en aille.

La nuit est tombée très vite, et alors que je m'apprêtais à remercier ceux qui étaient encore là, Randy s’est approché de moi, et je l’ai senti très tendu.
Il s’est retrouvé au sol si rapidement que je ne me suis pas rendue compte tout de suite ce qui était en train de se passer.
- Seren, mon amour, c’est une des plus belles journées pour toi, et je veux qu’elle soit encore plus belle que ce que tu ne l’imaginais. Je t’aime, de tout mon être, et je veux passer le restant de mes jours avec toi. Tu me rends fou, et je crois bien que je serais incapable de vivre sans toi. Seren, veux-tu m’épouser ?

 

Quelques fans sont restés dans le coin, ainsi que ma sœur, mon meilleur ami et bien sûr quelques paparazzi. Et ma fille, qui devait être dans le coup ! C’était donc de ça, qu’ils discutaient, tout à l’heure !
J’ai de nombreux témoins. Je suis la plus heureuse des femmes, et une seule réponse s’impose si simplement.
- Oui, Randy, mille fois oui !

Un moment censé être intime mais qui sera demain sur tous les journaux. De toute façon, j’avais signé, je savais que devenir célèbre rimait avait zéro vie privée. Cela ne me gêne pas. Je suis fière d’être vue avec Randy. Je l’aime et je ne cacherais ça pour rien au monde.

Je sais que cela dérange Judy, par contre… Elle n’a pas manqué de leur glisser un petit mot, elle qui pourtant est si discrète d'habitude. Mais elle n’a pas insisté. Ils sont trop nombreux et puis, ils savent bien où me trouver, alors ici ou ailleurs, tout se retrouvera dans la presse, quoi qu'il arrive. Et peu importe, je veux que tout le monde sache que je nage dans le bonheur.

J’ai pris Cléo dans mes bras. Je lui ai demandé si elle et Zack voulaient rester, mais ils ont préféré me laisser profiter de cet instant en amoureux.

Puis ma fille m’a enlacée.
- Je suis fière de moi maman, je t’aime.
- Je t’aime aussi, Judy. Petite cachotière !
- Mais c’est une belle surprise, non ?
- Elle est merveilleuse.

En rentrant, Judy est directement partie se coucher. Quant à Randy et moi… disons que j’avais envie de finir la journée en beauté.
- Et si… Et si on essayait, ici, t’en dis quoi ?

- J’en dis que… que c’est une super idée !

 

 

 

Qu’est-ce qui pourrait venir gâcher mon bonheur, désormais ? Je suis la plus heureuse des femmes, et rien ni personne ne pourra m’enlever ça.

Cela fait maintenant plusieurs mois qu’on essaie d’avoir un enfant avec Randy, mais je dois bien reconnaître que c’est plus difficile que ce que je ne l’aurais cru. J’ai peur de le décevoir, en ne pouvant pas lui offrir un enfant… Il a beau me soutenir, et me remonter le moral en me disant que ce n’est pas grave, que si je ne tombe pas enceinte c’est que la vie l’a choisie ainsi et il faut l’accepter.
J’essaie de ne pas trop y penser mais c’est vrai que, même si j’avais peur au début, je suis maintenant déçue de ne pas réussir à tomber enceinte…

Tout cela me travaille énormément et avec tout ça, nous n’avons pas encore prévu de date pour le mariage. Mais en mettant cette idée de bébé derrière moi, je pourrais me consacrer à d’autres choses. Si j’y arrive.

Mais heureusement, je garde l’esprit occupé. Je reçois énormément de lettres de fans, encore plus depuis que j’ai mon étoile sur le Grand Boulevard.

Et j’ai obtenu un rôle dans un film musical, adapté de la comédie musicale que j’avais jouée sur scène il y a de cela plusieurs années.
Sur place, j’ai fait comme d’habitude, en allant aux costumes, mais Chantal, indécise, n’a pas réussi à me choisir une tenue.
- Chantal, c’est quand même pas bien compliqué. Tu as tout devant les yeux, il te suffit juste de prendre la robe qui convient pour le rôle…
- C’est pas ça, je… vous m’impressionnez tellement, que… Oh et puis zut.

Je n’ai pas eu le temps de répondre qu’elle m’a lancé un tas de confetti en pleine figure.

- Mais ça va pas ou quoi ? Tu pouvais pas les lancer ailleurs, tes confetti ? Tu vas me faire le plaisir de nettoyer tout ça, et puis je vais me débrouiller pour le costume. Oh et après ça, t’es virée. Fais preuve d’un peu plus de professionnalisme dans ton prochain boulot.
- Je…
- Pas de protestations, tu fais ce que je te dis. Non mais tu t’es crue où, là ?
- D’accord, Mme Berry…

Je n’avais pas haussé le ton comme ça depuis bien longtemps. Depuis Karim, à vrai dire. Mais les gens qui font n’importe quoi ont tendance à m’agacer. On lui demande de faire un tout petit effort et elle n’est pas capable de faire son travail correctement, alors non, je ne suis pas d’accord.

Je ne suis même pas allée voir la maquilleuse et me suis préparée moi-même.
Pour ce film, ils ont repris les mêmes décors que la comédie musicale. Seule la tenue changeait. C’était quand même pas compliqué de trouver cette robe.

 

De retour à la maison, j’ai aperçu Judy en train de mettre une assiette dans le lave-vaisselle. Je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire de le faire puisque Mr Gupta est là pour ça. Elle m’a indiqué qu’il ne l’avait pas fait et qu’elle ne voulait pas laisser trainer ses assiettes.

Ils ont tous décidé de m’enquiquiner aujourd’hui ?
Effectivement, Mr Gupta est en colère, et a décidé de ne plus rien faire dans la maison.

- Puis-je savoir pour quelle raison vous ne faites pas votre travail ?
- Je n’ai pas envie de passer sans arrêt derrière vous pour ramasser vos miettes.
- Mais vous êtes payés pour ça ! Je vous paie, et en plus je vous loge ! Alors maintenant vous allez me faire le plaisir de faire votre travail correctement, sinon, vous savez où se trouve la porte. Je n’aurais pas besoin de chercher longtemps, il y a de nombreux majordomes qui seraient prêts à venir travailler ici.

- Mme Berry, ne vous énervez pas, j’ai besoin de ce travail, de cet argent,
- Alors faites ce pourquoi je vous paie ! Vous êtes payé, vous travaillez, point ! Je regrettais déjà Mr Hayashi, maintenant je sais pourquoi ! Il faisait un travail exemplaire, vous auriez dû prendre exemple sur lui ! Maintenant, faites ce que vous avez à faire ou partez d’ici.
- Je ferais des efforts, Mme Berry.
- Vous n’aurez pas de seconde chance.

Lui qui pourtant était très professionnel au début, s’est visiblement relâché avec le temps.

Heureusement qu’il n’a pas à s’occuper de Havana… Je fais vraiment confiance à Judy pour ça, elle a un don avec les animaux et Havana le ressent bien. Elles ne se quittent pas d’une semelle.

 

 

Même si Judy s’éloigne, Havana garde toujours un œil sur elle.

Mais il arrive que la chienne doive rester seule à la maison. Ce soir, c’est le cas puisque nous avons décidé de faire une sortie au restaurant.

Judy est un peu agacée car nous ne pouvons pas sortir sans être embêtés, elle aimerait avoir un peu plus de liberté, pouvoir aller où elle veut sans avoir l’impression d’être surveillée…

Je m’en veux un peu de faire subir ça à ma fille, mais j’aime tellement ce genre d’attention que je ne peux pas faire autrement que de poser pour eux.

Même quelques fans s’invitent à ma table pour me demander un autographe ou une photo.

Et ce qui agace Judy, c’est que non seulement on me prend en photo, mais on la prend, elle aussi. D’autant plus que Randy est connu, lui aussi, dans le monde de la musique…

Et c’est vrai que ce soir je fais pas mal d’allers-retours aux toilettes, ma vessie me joue des tours. Je suis un peu ballonnée et surtout très fatiguée.

Serait-ce… ?
Je n’y croyais plus, mais je crois que c’est bien ça. J’ai déjà ressenti ces « symptômes ». Je dois attendre d’en être certaine avant d’en parler.

Surtout que nous avons très vite été interrompus par une coupure de courant dans le restaurant…

Nous avons décidé de partir, mais je n’ai pas tenu le coup. Je suis épuisée. Si, ça ne peut être que ça !

Le lendemain, j’ai fait un test. Et mes doutes se confirment.
- Randy. Je dois te dire quelque chose. On a réussi ! Je suis enceinte !

- Oh, ça y est ! Tu es sûre ?
- Certaine !
- Oh c’est merveilleux ! Il faut le dire à Judy !
- Oui, dès qu’elle se lève !

 

Elle n’a pas trop tardé à se réveiller, et même si elle n’a pas encore les yeux en face des trous, je lui ai annoncé la nouvelle.
- Ca y est Judy, tu vas bientôt devenir grande sœur !

- Oh, vous avez réussi ? C’est super, maman ! Je suis trop contente pour vous ! Il va falloir faire attention à toi maintenant, te ménager et te reposer le plus possible pour que ce bébé arrive en pleine forme !
- Oh, je suis enceinte, pas malade, ça devrait aller !
- Tu fais attention, c’est tout ! En tout cas, félicitations maman ! Et Randy aussi !

J’ai laissé mes deux amours discuter, le sourire jusqu’aux oreilles, et je me suis dirigée devant les portraits de mes ancêtres. Ca y est, moi aussi je peux enfin m’afficher avec l’homme de ma vie.

 

Je commence déjà à ressentir les effets de ma grossesse. J’ai tout le temps envie d’aller aux toilettes, alors que je suis en tout début de grossesse. J’appréhende pour la fin, quand bébé aura compressé toute ma vessie. Un des côtés négatifs de la grossesse...

 

Par contre, je ne me souviens pas très bien si c’était comme ça quand j’étais enceinte de Judy, mais j’ai énormément de nausées.
Il faut dire que je mange beaucoup… J’ai l’impression que bébé réclame beaucoup, puisque j’ai tout le temps faim.

Et forcément, ça ne reste pas longtemps dans mon estomac...

Evidemment, ma grossesse ne va pas rester secrète bien longtemps, mais tant que je ne dis rien à la presse, personne n’est au courant. J’ai donc souhaité inviter mon frère et ma sœur ici, pour leur annoncer la nouvelle de vive voix. Il me parait impensable de les laisser découvrir cela à la télévision ou dans un journal.

Ils n’ont pas hésité à venir, tous ensemble, avec leurs moitiés respectives. Leurs enfants ne sont pas venus, mais je les appellerais pour leur annoncer. Cela me fait tout drôle de les voir ainsi, ils ont tous atteint l’âge de la retraite et ont préféré laisser leur couleur grise prendre le dessus.

 

Puis Cléo m’a lancé un regard suspicieux avant même que je n’ouvre la bouche, et n’a pas hésité à me dévoiler le fond de sa pensée, Nolan restant silencieux derrière.
- Dis-moi, j’espère que tu ne vas pas mal prendre ce que je m’apprête à te dire, mais… tu es magnifique, hein, Seren, mais… Tu n’aurais pas pris un peu de poids, dernièrement ?
- Heureusement qu’on s’entend bien maintenant, Cléo, sinon je t’en aurais voulu de me balancer ça comme ça à la figure !
- Je suis désolée, Seren, je ne voulais pas te faire du mal, tu sais comme on ne te voit pas souvent, ces petites choses-là se remarquent facilement, mais peut-être que je me fais des idées.
- Tu n’as pas à t’excuser, parce que… Tu as raison. J’ai grossi, oui, un peu. Et il y a une raison à cela. Randy et moi, on attend un enfant…
- Un… Quoi ? Tu es enceinte ?
- Et oui… Je sais ce que tu vas me dire, que ce n’est pas raisonnable vu mon âge, mais…
- Ne dis pas de bêtises Seren, si tu as voulu cet enfant, peu importe ton âge, je suis sûre qu’il sera heureux, ici. Félicitations !

Ils ont tous été surpris par cette annonce, mais sont heureux pour nous finalement. Eux ont passé ce stade depuis bien longtemps, et peut-être qu’ils vont même bientôt devenir grands-parents, puisque leurs enfants sont en âge d’en avoir.

Bien sûr, j’aurais aimé voir mes neveux, mais voir mon frère et ma sœur me fait beaucoup de bien, savoir que j’ai leur soutien me réconforte, même si ce choix d’avoir un enfant à mon âge ne leur appartenait pas, j’avais besoin de sentir qu’ils approuvaient.

Et je ressens le regard que mon frère me porte, même si notre relation n’a pas toujours été bonne, je sens qu’aujourd’hui, il est fier de moi.

Anthony, le mari de Cléo, a tenu à débarrasser et faire la vaisselle, après le repas. Il a l’habitude de faire cela chez lui donc cela lui a paru tout naturel de le faire ici aussi.

Sauf que… J’ai un majordome… Mais où est-il cet incapable ?
Ah !
- Mr Gupta… Que faites-vous ?
- Je… Euh… Rien madame, je n’ai rien fait.
- C’est justement ça le problème ! Vous ne faites RIEN ! Nous avons des invités, et vous vous tournez les pouces au lieu de venir débarrasser. Je vous paie donc à RIEN faire ?
- Mme Berry, j’en ai assez de tout cela, vous avez beaucoup trop d’invités et je…
- Beaucoup trop d’invités ? C’est ma famille ! Ils viennent ici quand ils le souhaitent, et n’ont pas à nettoyer alors que quelqu’un est payé pour le faire ! Ce n’est pas la première fois que je vous le dis Mr Gupta, je vous avais déjà donné une seconde chance… Vous ne voulez plus travailler ici, alors vous savez où est la porte. Je ne vous accompagne pas.
- Vous… Je suis licencié ?

- Tout à fait, vous comprenez vite. Je n’ai pas besoin d’incapables dans ma maison.
- Très bien ! Bon courage pour retrouver un majordome qui sera d’accord pour travailler pour vous ! Vous avez peut-être une bonne réputation auprès de vos fans, mais au niveau de vos employés c’est autre chose !
- C’est ce qu’on verra. Mais ce n’est plus votre problème.

Il a fini par tourner les talons sans demander son reste. Non mais c’est incroyable !
Magali est tout de même surprise.
- Tu as été un peu dure avec lui, je suis sûre que cela ne dérangeait pas Anthony de débarrasser.
- Ce n’est pas une raison, Mr Gupta était payé pour ça, et ce n’est pas la première fois que je le rappelle à l’ordre. Je n’ai pas de temps à perdre avec des employés comme lui.
- Si tu penses que c’est la meilleure solution, alors on ne peut pas te contredire, tu as sans doute fait le bon choix.
- Exactement Cléo, merci. Je suis désolée que vous ayez dû être témoins de cette scène.
- Ce n’est rien, ne t’en fais pas.

Ils sont restés quelques jours avant de repartir pour Brindleton Bay. Cléo est impatiente de rencontrer ce nouveau petit bout de chou.
- Repose-toi bien, pour que mon neveu ou ma nièce soit en pleine forme !
- Mais oui Cléo, pourquoi tout le monde me dit de me reposer, je ne suis pas malade !
- Ahah non, mais c’est fatigant une grossesse, tu devrais le savoir !
- Tu n’as pas tort…

J’ai demandé à Zack de venir aussi, mais il a des empêchements, avec son fils qui apparemment fait des siennes. Il est un peu coureur de jupons et Zack et Macha ne supportent plus de le voir ramener une fille différente presque tous les soirs… Ils préfèrent encore rester proche de lui que de le laisser sans surveillance. Même si, avouons-le, cela ne change pas grand-chose… J’ai donc dû lui annoncer ma grossesse au téléphone. Il est très content pour moi, lui aussi, et s’excuse de ne pas être présent.
Il m’a envoyé une photo de son fils, et je dois avouer que je comprends qu’on lui tourne autour, il est très mignon ce jeune homme.

Au fil des mois, mon ventre a commencé à s’arrondir de plus en plus. Et je dois bien avouer que je suis un peu plus fatiguée que d’habitude…
Randy nous joue des morceaux de guitare, à moi et au bébé. Il est parfait.

Nous avons décidé de nous marier après la naissance du bébé. Je ne peux pas nier que je ne suis pas en pleine forme, et je préfère être au top pour organiser et célébrer mon mariage. Alors on verra plus tard, rien ne presse. En attendant, je me repose…

Parfois même n’importe où. C’est vrai que cette grossesse m’épuise. Est-ce parce que je suis vieille ?

J’ai l’impression de ne plus servir à grand-chose, et quand je ne dors pas, je mange.

Randy prend soin de moi, et m’offre des massages pour essayer de me détendre. Cela n’a pas l’effet escompté, mais je le remercie de ces petites attentions. Il s'inquiète beaucoup pour moi.

 

Parfois, il m’arrive d’être un peu plus en forme, alors je m’entraîne pour mon prochain rôle. J’ai fait une pause et ils sont en train de tourner quelques scènes sans moi, mais dès que je me sentirais en mesure de tourner avec eux, je ne manquerais pas l’occasion.

Malheureusement je me fatigue beaucoup trop vite et je sens que l’équipe de tournage ne me verra pas de sitôt…

Randy n’est jamais bien loin de moi, et ne rate pas une occasion de me faire des massages. Si ceux des pieds n’ont pas trop d’effet, ceux du dos me font un bien fou.

Je suis impatiente que bébé sorte, mais je ne suis pas la seule. Randy aussi n’en peut plus d’attendre, et parle beaucoup à notre enfant.
- Tu crois qu’il reconnaîtra ma voix, quand il sera là ?
- J’en suis persuadée, tu es tellement bavard, comment pourrait-il t’oublier ?

Notre nouveau majordome est arrivé, mais je ne fais absolument pas attention à lui. Je n’ai d’ailleurs pas retenu son nom, mais d’après Randy il fait bien son travail.

Tant qu’il ne me dérange pas, je le laisse tranquille, je ne supporte rien de toute façon ces derniers temps. Même les paparazzi me dérangent.
Randy doit sans arrêt leur demander de partir, parce que je ne veux voir personne. Malheureusement c’est toujours compliqué de les empêcher de prendre quelques photos et ils n’écoutent rien.

Quant à Judy, elle est impatiente de rencontrer son petit frère ou sa petite sœur. Elle essaie tant bien que mal de se cacher des caméras mais la vie que je mène rend la tâche difficile pour elle. Je sais qu’elle tente de faire abstraction de tout ça, et Havana l’aide beaucoup à ignorer tous ces désagréments.
Quand elle rentre du lycée, Havana est toujours là pour l’accueillir.

Ensuite, elles ne se quittent plus. Elles sont inséparables, toutes les deux.

 

Les mois avancent et si je me repose encore beaucoup, je me sens un peu moins fatiguée qu'au début.

Et puis je dois avouer que je n’en peux plus de rester comme ça, à ne rien faire et ne servir à rien.

J’ai décidé de prendre un peu soin de moi aujourd’hui, en me pomponnant comme j’avais l’habitude de le faire avant ma grossesse. J’ai appelé mon producteur, aussi. C’est vrai, le travail me manque un peu, et je lui ai demandé où en était le tournage. Ils ont dû le suspendre car ils ont tourné toutes les scènes où je n’avais pas besoin d’être présente, mais ils attendent mon retour afin de pouvoir finaliser tout ça. J’avais déjà tourné quelques scènes, mais il manque encore le plus gros.

Qu’est-ce que je dois faire ? Suis-je capable de tenir debout toute une journée à bouger et me fatiguer sur scène ?
Je dois faire attention à moi et au bébé… Mais en même temps, ça me manque tellement !

J’ai attendu, avant de prendre ma décision. Je suis sur le point d’exploser, ma grossesse arrive bientôt à terme, et d’un coup je me sens beaucoup mieux. Alors je pense que je peux tenter de retourner travailler, en m’arrangeant avec tout le monde pour que je ne reste pas des journées complètes. Et puis il faut bien avancer sur le film, ils ont des délais à respecter !

Randy est un peu inquiet, mais j’ai tenté de le rassurer et il a retrouvé le sourire. Il se rend compte que je dors beaucoup moins et que je me sens mieux. Et je ferais attention. Je lui ai promis.

Judy me soutient également, même si elle est un peu plus sur la réserve.

- Tu es sûre de toi maman ? Ton ventre est énorme, et ça va faire du boulot en plus à la prod pour cacher ça !
- Judy, ne cherche pas des prétextes pour que je n’y aille pas. Ils ont l’habitude tu sais, il y a des tas d’actrices enceintes qui continuent à tourner, et ça se passe très bien. Et tu sais, quand j’étais plus jeune et enceinte de toi, j’ai tourné la Résidence des cœurs, tu te souviens je te l’avais fait regarder. Eh bien… on ne voit pas que j’étais enceinte !
- C’est vrai maman… Mais ça m’inquiète, tu as besoin de repos et…

- Je me reposerai plus tard ! Je sais qu’avoir un nouveau-né à la maison ne sera pas de tout repos en effet, mais Randy sera là pour m’aider. Et peut-être que toi aussi.
- Bien évidemment maman, j’ai hâte de devenir grande sœur et tu sais bien que je m’occuperais du bébé le plus possible ! Mais je ne veux pas que tu t’épuises.
- C’est promis, je ferai attention. Mais je vais bien, tu te rends compte que je dors beaucoup moins maintenant ?

- C’est vrai… Dis bébé, tu prends soin de maman sur le tournage, et tu lui donnes des coups de pieds si tu sens que ça va pas, hein ? Comme ça, elle ira se reposer.
- Je suis sûre que bébé va t’écouter. C’est qu’il remue bien, là-dedans !

Je suis partie me soulager aux toilettes, parce qu’évidemment plus la grossesse avance et plus ma vessie est compressée. Mais j’ai entendu Judy parler à Havana.
- Ma mémère, je vois bien que tu es inquiète. On dirait que tu sens qu’il va y avoir bientôt une nouvelle présence dans cette maison, et on va devoir s’occuper de ce tout petit bébé, mais je ne te laisserais pas tomber, t’es ma petite mémère et je continuerais de m’occuper de toi comme avant. Oui, ça fait du bien les gratouilles, hein ? Tu vois, je t’aime toujours !

C’est vrai qu’Havana est très pot de colle depuis un moment, et je pense qu’elle ressent que je porte la vie. Mais Judy sait la rassurer.

Par contre, je me rends bien compte que Judy n’a pas hérité de mon talent d’actrice… A croire que de ce côté elle a pris de son père !

Cependant, ça a l’air de fonctionner pour Havana. Et c’est tout ce qui compte pour elle !

Quelques jours plus tard, me voilà sur le tournage, prête à reprendre du service. C’est vrai que ça ne va pas être simple, devant faire des pauses toutes les 5 minutes – j’exagère à peine – pour soulager ma vessie.

Mais je me sens prête.
- T’es sûre que ça va aller, Seren ? On peut reporter tu sais, et puis vu la taille de ton ventre, on n’aura plus très longtemps à patienter maintenant.
- Ecoute, je suis là maintenant, alors faisons le maximum, d’accord ? Je vais bien, c’est promis.

- Bon alors on y va, mais dès que tu sens la fatigue arriver, on arrête tout, d’accord ?
- Qu’est-ce que vous avez tous à prendre autant soin de moi ? Je ne suis pas faite en sucre, si je dis que ça va, c’est que c’est vrai.
- Alors c’est parti !

On a commencé le tournage, et tout s’est bien déroulé.

Enfin, au début. Si j’ai pu commencer à tourner quelques scènes, j’ai vite commencé à ressentir des douleurs.

Des contractions, en fait. Oh, je n’aurais pas dû faire de si gros mouvements ! Ils ont réveillé bébé qui ne demande plus qu’à sortir !

J’ai appelé Randy afin qu’il vienne me chercher sur le tournage parce que je suis bien incapable de bouger toute seule.

J’ai quand même pu me lever, pour m’excuser du contretemps auprès de ma productrice.
- Courage Seren, fais-nous le plus beau des bébés !

Je n’ai pas eu le temps de me changer, et de toute façon j’en suis bien incapable. Randy est venu me chercher et nous nous sommes dirigés vers l’hôpital le plus proche.
- Tout va bien se passer, Seren.

Il a très vite perdu son calme quand, pendant l’accouchement, il s’est passé quelque chose…

 

Judy

Randy m’a tout raconté. Comment il a dû se précipiter pour aller chercher maman sur son lieu de tournage pour l’emmener à l’hôpital. Comment l’accouchement s’est déroulé, comment Anita est née. Et comment les médecins font des erreurs, parfois.

 

 

Maman n’a pas survécu à l’accouchement.

 

 

Nous ignorions, et surtout elle ignorait, qu’une seconde grossesse lui aurait été fatale. Rien à voir avec le fait qu'elle ait fait des efforts en fin de grossesse, ou son âge qui aurait pu être un risque, c'était inévitable. Le médecin qui a procédé à l’accouchement a repéré une anomalie qui aurait dû être décelée à ma naissance. Le médecin de l’époque aurait dû lui dire qu’elle n’aurait jamais dû avoir de second bébé. Ils ont tout essayé, vraiment, mais ils n’ont rien pu faire. Alors oui, ma petite sœur va bien. Mais maman n’est plus là.

Randy essaie tant bien que mal de sourire devant sa fille, mais c’est terriblement difficile pour lui.

- Elle est si mignonne. Elle ressemble à maman…
- Je trouve aussi… Ca va aller Judy, on va se serrer les coudes, d’accord ? Et ça va aller.

- C’est dur Randy, c’est si soudain… On devrait être heureux, là… Je le suis, parce que je suis grande sœur, mais en même temps je suis tellement triste de ne plus avoir ma maman…

- Moi aussi je suis triste, terriblement, et je me sens si coupable, de lui avoir demandé d’avoir un bébé…
- Non, ce n’est pas ta faute ! Si elle l’avait su, jamais elle n’aurait pris ce risque ! Et puis, il va falloir être forts, pour Anita, elle va avoir besoin de nous…

Maman était si belle. Elle l’est encore, aujourd’hui, dans son cercueil. Mais je n’arrive pas à réaliser que je ne la reverrais plus jamais…

 

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Seren, malgré sa courte vie, a réalisé tous ses objectifs !