Tout se passe très vite depuis le décès de maman. Toute la famille est venue, mon oncle et ma tante ainsi que mes cousins. Même Zack est venu avec sa famille.
Ils ont tous été très surpris d’apprendre cette mauvaise nouvelle, et sont évidemment très tristes, Zack a du mal à réaliser que son amie de toujours n’est plus là. Quant à tata Cléo et tonton Nolan, ils essaient de garder le sourire pour faire bonne figure mais je vois bien qu’ils sont malheureux du décès de leur petite sœur…

 

J’ai ainsi pu faire la connaissance de Laura, la compagne de mon cousin Loïc, qui est enceinte jusqu’au cou.

Mais également de Léo, le compagnon de ma cousine Lena. J’aurais aimé que ces rencontres se fassent dans de meilleures conditions, mais malheureusement nous ne choisissons pas les aléas de la vie…

Bien sûr, nous nous sommes rassemblés au cimetière familial, en toute intimité, où nous avons réussi à ne pas ameuter tous les paparazzi du coin. Je suis restée seule un moment, devant cette tombe qui est celle de ma mère. A côté de celles de mes grands-parents. Ma maman me manque, énormément…

Mais la vie continue et il ne faut pas oublier qu’un tout petit être compte sur nous, et que malgré la douleur on doit rester forts.
Je m’occupe beaucoup d’Anita, et je dois avouer que je suis obligée de craquer devant sa bouille. A vrai dire, c’est elle qui m’aide à ne pas sombrer, elle et Randy, bien sûr. S’il n’avait pas été là, je ne sais pas ce que j’aurais fait.

 

C'est un bébé très calme, maman aurait été tellement fière d'elle. J'espère qu'elle sera heureuse, avec nous, que nous pourrons lui offrir le maximum, bien qu'elle ne connaitra jamais maman...

Je dois prévenir Randy que je souhaite partir d’ici, puisque je me sens incapable de vivre dans cette maison. Elle me rappelle trop maman, et les paparazzi rôdent autour de la maison comme des vautours. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

- Tu sais Randy, je me sens mal, ici. Ca a toujours été le cas avec les paparazzi, et je comptais m’en aller à ma majorité, si les finances le permettaient, mais là, tout s’est précipité. Je ne peux plus vivre dans cette maison, tout me rappelle maman et ça me fait mal de vivre ici, sans elle.
- Je te comprends, Judy, c’est dur pour moi aussi… Je… Je peux demander à ma demi-sœur de nous loger dans la maison familiale, tu sais, celle de ma mère.
- C’est à Del Sol Valley, Randy. Je n’en peux plus de cette ville, de ces rapaces qui cherchent à récupérer la moindre information juteuse. J’ai besoin de calme, de tranquillité, d’être loin de tout ça et de ce monde. Je sais que c’était celui de maman ainsi que le tien, mais je ne peux plus rester ici… Je sais bien que je ne peux pas partir comme ça, je suis encore mineure, c’est pour ça que je t’en parle… Je pourrais vivre dans un foyer pour mineurs, en attendant de pouvoir m'offrir une maison...

- Ne dis pas de bêtises Judy, si tu souhaites partir, je suis prêt à le faire également, je ne te laisserais pas tomber. Cette maison, c’est celle de ta mère, et où que j’aille, je la vois partout… Je vais réfléchir à tout ça, ce n’est pas si simple de tout quitter, mais je pense que je serais prêt à mettre un terme à ma carrière et repartir sur de nouvelles bases, ailleurs.
- Je ne te demande pas de quitter ta carrière, Randy, tu as toujours aimé faire de la musique. Je m’en voudrais de t’imposer ça et…

- Judy, si tu veux vivre loin des projecteurs, c’est la meilleure chose que je puisse faire. Je me retire de la vie publique, et nous vivons là où personne ne nous suivra. A la campagne, tu aimes la campagne, n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, je ne vous laisserai jamais tomber, toi et Anita. Vous êtes mes filles, d’accord ? Toi aussi Judy, même si nous ne sommes pas liés par le sang, je ferais n’importe quoi pour toi, comme un père le ferait pour sa fille.
- Merci Randy, tu es quelqu’un de bien. Maman a eu beaucoup de chance de t’avoir…
- Elle me manque tellement… Je… pardon, je ne devrais pas pleurer comme ça devant toi, j’imagine ce que tu peux ressentir…
- C’est rien Randy, c’est normal de pleurer… Randy ?
- Oui ?
- Merci, pour tout.

Il faut régler certaines choses avant de partir, mais tout est mis en place. Randy n'a pas réfléchi longtemps et estime que partir est la meilleure chose à faire. Nous ne resterons pas ici encore très longtemps.

Déjà, il y a le procès. Oui, nous avons attaqué en justice le médecin qui s’est occupé de maman à ma naissance. Nous avons découvert qu’il était parfaitement au courant qu’une seconde grossesse aurait été fatale à maman, mais il a avoué qu’il lui en avait voulu de lui avoir mal parlé juste avant l’accouchement, et a trouvé que ce n’était pas une mauvaise idée de lui cacher ce genre d’information. Je sais que maman avait tendance à hausser le ton quand quelque chose n’allait pas dans son sens, mais était-ce une raison pour garder un tel secret ? Quoi qu’il en soit, nous avons gagné. Cela ne ramènera pas maman mais nous offre un apaisement, en quelque sorte, de savoir que l'homme qui a « condamné » ma mère a finalement payé son erreur. Ce médecin finira sa vie en prison et nous avons obtenu une grosse somme d’argent. Pas que nous soyons dans le besoin, bien sûr.

Aussi, même si Anita et moi sommes les seules héritières de maman, c’est Randy qui a le dernier mot, étant donné que je suis mineure, il est devenu mon tuteur et j’ai pleinement confiance en lui.
Je lui ai fait une proposition, et il est d’accord. Tout l’argent gagné lors de ce procès sera offert à une association, « les enfants d’Andrea ». Je n’ai pas choisi cette association au hasard, puisqu’elle a été créée en l’honneur d’un membre de ma famille il y a de nombreuses années, qui a œuvré pour le bien-être des enfants dans le monde entier.

Au final, même si Randy est mon tuteur, il n’a aucun droit sur l’argent de maman, puisqu’ils n’étaient pas mariés. Il a d’ailleurs fallu que l’on annule tous les préparatifs du mariage… C’était une déchirure pour Randy, il aimait sincèrement maman.

 

J’ai aussi eu droit à la visite de deux femmes, prétendant être des amies de maman.

- Bonjour, tu es Judy n’est-ce pas ? Seren nous a tellement parlé de toi, tu sais, on est des amies de longue date avec elle.
- Ah oui ? Et comment se fait-il que je ne vous aie jamais vues avant aujourd’hui ?
- Eh bien… on s’appelait… Elle nous avait promis un jour de nous offrir de magnifiques objets de luxe et on aimerait les récupérer.
- C’est quoi vos noms déjà ?
- Moi c’est Alice, et elle c’est Keiko.

- D’accord. Alice et Keiko, j’ai entendu parler de vous. Vous n’avez jamais donné de nouvelles à ma mère sous prétexte qu’elle était devenue différente ! Je tiens à vous dire que le seul ami qu’elle a gardé du lycée, c’est Zack, et il n’a jamais cherché à profiter d’elle et de son argent ! Allez vous faire voir ! Ca se dit « amie », et vous débarquez quand elle n’est plus là ! Elle ne vous a rien promis et vous n’aurez jamais rien ! Ne revenez plus ici.

Une autre ancienne amie de maman, Sophie, m’a contactée par téléphone. Elle m’a indiquée qu’elle avait obtenu mon numéro par Zack, et tenait à s’excuser du comportement de ses deux anciennes amies dont elle a eu vent.
- Elles n’avaient pas à agir de la sorte, je suis désolée pour ta maman, et désolée que nos chemins se soient séparés. Je suis désolée qu’Alice et Keiko soient venues chez vous de la sorte, nous ne méritions pas d’avoir une amie comme ta maman.
- Merci, mais vous n’y êtes pour rien, vous. Vous n’êtes pas venues mendier à ma porte.
- Non, mais j’ai aussi délaissé Seren, et je m’en veux pour ça. Malheureusement, la vie est ainsi faite et nous ne pouvons pas revenir en arrière. Je te souhaite de vivre une vie merveilleuse, Judy.

J’ai dû aussi subir la fuite d’Havana. Du moins, c’est ce que j’ai cru, au début. En fait, elle a été attirée en dehors de la maison par quelqu’un de mal intentionné qui voulait se rapprocher de notre famille afin d’avoir des informations sur maman. Pour quoi faire ? Je n’en sais rien… Je ne comprends pas certaines personnes dans ce milieu, c’est aussi pour ça que je veux vivre à la campagne, loin de tout.

Et finalement, le temps a passé et nous avons pu préparer nos valises. Randy a décidé qu’il serait intéressant de m’offrir ma propre maison, et qu’il y vivrait tant que je le laisserais y vivre. Je suis encore trop jeune pour vivre seule, mais à ma majorité il a bien insisté sur le fait que je pourrais lui demander de partir si je le souhaite. Il est hors de question qu’il parte, que ce soit avec ou sans Anita. Nous sommes une famille et le resterons jusqu’au bout. Même si ce sera ma maison avant tout, ce sera aussi celle de Randy et celle d’Anita. Nous avons signé les documents pour l'achat de la nouvelle maison et la vente de celle de maman.

Randy a congédié Monsieur Majbouri, notre dernier majordome qui est très bon dans son travail, mais nous n’aurons plus besoin de lui dans la nouvelle maison…

- Merci Randy, de comprendre, de me laisser libre dans mes choix, merci pour tout.
- C’est normal, Judy, je ne veux que ton bonheur.

Et après quelques dernières petites choses à régler, nous avons pu emménager dans notre nouvelle maison en ce soir d'automne, une maison que j’avais repérée en agence et qui m’avait tapée dans l’œil. Et surtout, elle est située à Brindleton Bay, cette ville que j’ai tant appréciée pendant les vacances chez tata Cléo. Aujourd’hui, et désormais, c’est chez moi.

L’installation s’est faite sans trop de mal. Une nouvelle vie s’offre à nous et je suis prête à aller de l’avant, même si bien sûr je n’oublierais jamais maman, et qu’elle me manque énormément tous les jours…

Havana se plait bien, ici. Elle a même découvert qu’elle pouvait se baigner dans la rivière.

Mais je suis si triste de découvrir qu’ici, nombreux sont les animaux à errer, espérant trouver le réconfort d’un foyer aimant. Ce pauvre chien a l’air tellement malheureux…

C’est trop dur pour moi, je ne peux pas le laisser comme ça. Il a l’air tellement gentil !

Il a fini par repartir, mais j’aimerais le rendre heureux. J’ai dans l’idée d’accueillir des animaux à la maison, afin de leur offrir une belle vie.

Mais je suis jeune encore, et c’est encore Randy qui prend les décisions finales. Il veut me donner des responsabilités en me disant que cette maison c’est avant tout la mienne, et que je peux faire ce que bon me semble, mais j’éprouve un certain respect pour Randy et je ne veux pas tout décider sans au moins lui demander son avis. Si jamais il n’était pas d’accord pour accueillir un nouvel animal, je serais déçue mais je respecterai sa décision.
Je m’inquiète un peu pour lui… Très vite après l’emménagement, il a commencé à ressentir de la fatigue, et à être souvent malade. Ses cheveux se sont éclaircis rapidement et je dois avouer qu’il a l’air plus vieux, moins en forme…

Est-ce qu’il ne se remet pas du décès de maman ? Je suis inquiète parce qu’Anita a besoin de son père… Et même si ce n’est pas le mien, j’ai encore besoin de lui également. Je ne supporterai pas une nouvelle perte aussi rapidement après avoir perdu maman. Je sais que j’ai dû grandir plus vite que les jeunes de mon âge, mais j’ai encore besoin de la présence d’un adulte… J’ai peur pour lui…

Il me dit qu’il va bien, mais je sais bien que ce n’est pas vrai. Je le connais trop bien pour me rendre compte qu’il cache la vérité. J’ai bien peur qu’il ne se remette jamais de la mort de maman…

Et le fait de le voir souvent malade ne me rassure pas. Il me dit que c’est à cause du froid de Brindleton, température qu’il ne connaissait pas à Del Sol Valley.
C’est vrai qu’il fait plus froid ici, mais je ne tombe pas malade, moi…

Avec le temps, il sait me rassurer et me montre qu’il se sent bien, ici, avec Anita et moi. Il m’a poussé à suivre mon rêve, et m’a conseillé d’adopter des animaux. Il a bien compris que c’était quelque chose qui me tenait à cœur.

Je n’ai pas retrouvé le chien que j’avais aperçu sur la plage l’autre jour… Mais j’ai vu une annonce sur un site d’adoption. Deux chats, dont un très jeune, ont été abandonnés sur le bord de la route, et n’ont plus de foyer. Si le centre d’adoption ne leur trouve pas de famille rapidement, ils devront s’en débarrasser… définitivement. Pas question de laisser faire ça à ces pauvres êtres innocents !

Alors j’ai adopté ces deux chats.

Le premier est déjà adulte, il s’appelle Loki.

Le second est un peu plus sauvage, il est encore tout jeune, et s’est caché dans le jardin. Il s’appelle Siggy, je crois que j’ai fini par l’apprivoiser. Ils sont tellement mignons, tous les deux, je n’ai pas pu me résoudre à n’en choisir qu’un.

 

Avec Havana, tout se passe plutôt bien, et même si Loki est un peu craintif, il se laisse approcher. Siggy par contre reste bien caché.

J’ai fait installer un espace de jeu pour Havana dans le jardin. J’ai un grand espace pour aller la promener, mais je n’aime pas quitter trop longtemps la maison, avec Anita qui réclame de l’attention et Randy qui est un peu ailleurs, je préfère ne pas trop m’éloigner…

 

D’ailleurs je crois bien que je m’inquiète trop et que mon cerveau me joue des tours…
J’ai rêvé que je voyais maman auprès d’Anita. Elle n’avait pas une apparence humaine, et elle semblait triste. Je sais bien que ce n’est que mon imagination, pourtant, cela semblait si réel…
Je n’en ai pas parlé à Randy, il n’a pas besoin de s’en faire pour moi, il a déjà assez de choses en tête.

 

Mon oncle et ma tante viennent régulièrement manger à la maison, et sont ravis de voir que je remonte la pente. Cléo est devenue grand-mère, Laura la copine de Loïc ayant accouché d’un petit Sébastien il y a peu de temps.

 

Le temps a passé, et Anita a grandi. Je suis si fière de ma petite sœur et je compte bien la rendre heureuse, cette petite. Elle ressemble beaucoup à maman.

 

Ce n’est pas une enfant difficile et elle sait s’amuser toute seule, souvent sous le regard d’Havana qui veille beaucoup sur elle.

 

Et elle aime passer du temps avec Randy qui pourrait l’écouter babiller pendant des heures.

Avec le grand froid, la neige est arrivée, à Brindleton Bay. Je n’ai rien trouvé de mieux à faire qu’un bonhomme de neige pour illuminer le regard de ma petite sœur. La voir si pleine de vie me fait tant plaisir. Je sais qu’un jour elle demandera où est sa maman. Mais pour le moment, elle est trop jeune pour comprendre ce qu’il s’est passé…

 

Non loin de la maison, j’ai retrouvé la trace de ce chien errant, celui que j’avais aperçu peu de temps après notre emménagement. Cette fois, je ne le laisserais pas partir, il a besoin d’un toit, ce pauvre chien. Alors je l’ai adopté. Tant pis si cela nous fait beaucoup d’animaux, je ne peux pas les voir malheureux.

 

J’ai donc amené Cacahuète à la maison, c’était plus fort que moi, je lui ai donné un bon bain et je sais qu’ici il recevra plein d’amour. Finalement, je n’ai besoin que de ça pour être heureuse : ma famille, et mes animaux.

Nous avons désormais 4 animaux à la maison. Je sais, ça fait beaucoup. Mais je ne supporte pas de savoir des animaux malheureux, alors je craque… Bon, je vais devoir me calmer sinon je vais devoir pousser les murs ! Havana a fait la connaissance de Cacahuète et ça se passe plutôt bien, elle n’a pas l’air trop perturbée par toutes ces nouvelles têtes !

Elle n’oublie pas de garder un œil sur Anita qu’elle a l’air de vouloir protéger à tout prix, c’est une bonne chienne et même si elle paraissait inquiète quand maman était enceinte, elle a bien accepté Anita, comme si elle devait elle aussi être là pour elle, comme pour compenser l’absence de maman…

Je me lève toujours très tôt ici, ainsi j’ai l’impression de mieux profiter de mes journées. Certains pourraient dire qu’elles doivent me paraitre longues puisque je ne vais plus au lycée depuis que j’ai emménagé ici, mais honnêtement, je n’ai pas le temps de m’ennuyer.

J’ai été surprise par l’arrivée d’Anita que je n’avais pas vue, elle devait être assez discrète, ou alors j’étais dans mes pensées, ses pleurs ont fini par me faire revenir à la réalité, ne manquant pas de me faire sursauter.
- Zudy, z’ai faim…
- Tu m’as fait peur Nini, t’en fais pas, je prépare quelque chose, tu vas te régaler, j’en suis sûre !

En attendant que tout soit prêt et que je donne à manger aux animaux, Anita s’est amusée avec Siggy, je crois que ces deux-là s’aiment beaucoup !

Elle n’a même pas pris la peine d’aller sur le canapé, elle a voulu manger à côté de Siggy, qui la regarde avec attention (ou est-ce le sandwich qu’il regarde avec tant d’amour ?).

En tout cas, c’est assez difficile de garder un œil sur tout le monde, puisqu’à peine le dos tourné, c’est Loki qui m’a fait une mauvaise blague en tentant d’aller chiper mes sandwichs fraichement préparés.

Je ne veux pas faire de mal à mes animaux, mais il faut savoir être ferme par moment. Il faut quand même les éduquer un minimum.

J’apprends des choses à Cacahuète, je ne sais rien de sa vie d'avant, donc je ne sais pas vraiment quel âge il a, s’il a eu une famille avant et s’il a des problèmes de santé, mais je pense qu'il a déjà vécu entouré de sims, il connait déjà certains mots que je lui apprends. Il me donne la patte assez facilement, finalement !

C’est un bon chien !

- Je sais Havana, tu aimerais bien faire de longues promenades comme on avait l’habitude de le faire, mais je ne peux pas partir de la maison trop longtemps, Randy est là mais il se fatigue très vite, je ne suis pas rassurée de le laisser ici…

Elle peut courir librement autour de la maison mais je pense que les grandes sorties lui manquent… Peut-être quand Anita sera plus grande, en attendant elle devra malheureusement se contenter des alentours… Et puis de toute façon elle commence à fatiguer plus vite qu'avant...

Mais j’ai la chance d’avoir des chiens adorables, le seul « problème », est qu’ils voudraient tout le temps jouer avec Anita, mais qu’elle a aussi besoin de se reposer.
- Je sais que vous voudriez vous amuser avec elle, mais elle a besoin de dormir, et quand elle est dans son lit, eh bien il faut la laisser tranquille…

Randy va mieux, je dirais. Il est souvent triste, mais il fait des efforts, pour sourire devant Anita et il s’occupe quand même beaucoup d’elle malgré tout. C'est un très bon papa.

 

 

Et puis, même si ce n’est pas lui qui les a voulus, il apprécie la compagnie de nos animaux et les aime beaucoup.

Par contre, on s’est rendu compte qu’avoir des chats ne plaisait pas tellement à nos murs.

- Tu crois que je t’ai pas vu, Loki ?
- Miaou !
- Oui oui, miaule, mais mes murs ne t’ont rien fait ! Ca va que t’es mignon, hein !

Je rouspète un peu, mais j’adore mes chats. Tant pis pour les murs.

Quand je disais qu’Anita et Siggy s’adorent, je ne disais pas de bêtises, lui qui était si sauvage en arrivant ici n’a absolument pas peur d’Anita, qui pourtant a des gestes brusques de bambin, elle est très douce avec lui et je pense ne pas me tromper en disant qu’il adore ça !

Et Anita est adorable, elle semble heureuse, et ça me réchauffe le cœur.

Cacahuète a trouvé sa place sur le canapé, tout en surveillant son jouet du coin de l’œil…

Quand Loki n’est pas en train de jouer avec… !

Mais le temps passe, et il est temps pour moi de fêter mon anniversaire, de passer le cap et d’être adulte. J’ai l’impression de déjà l’être, avec les responsabilités que j’ai dû avoir très jeune, mais en même temps je me sens si jeune dans ma tête. Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Je sais bien que je ne peux pas travailler, déjà parce que j’ai quitté le lycée très jeune, je n’ai aucun diplôme, rien du tout. Et puis je ne peux pas me permettre de quitter la maison toute une journée, ce n’est pas que je n’ai pas confiance en Randy, au contraire, mais il a tendance à oublier certaines choses et je ne serais pas tranquille si je devais m’absenter trop longtemps.
Alors j’ai décidé que je ne travaillerais pas. Je m’occuperais de mes animaux, peut-être que j’apprendrais à les soigner s’ils en ont besoin, et je ferais le nécessaire à la maison. Je n’aurais pas besoin d’argent, j’en ai déjà beaucoup trop pour toute une vie. Et je sais qu’Anita ne manquera jamais de rien.

J’ai invité ma famille pour cette occasion, je n’avais pas revu mes cousins depuis si longtemps !

Et puis j’ai soufflé mes bougies.

 

Tonton Nolan n’a pas manqué de me faire part de ses inquiétudes.
- Mais que comptes-tu faire de ta vie, maintenant, tu ne peux pas ne pas travailler !
Alors je lui ai expliqué ce que je comptais faire, même si ce n’est pas idéal, ce n’est pas une honte de ne pas travailler, enfin, je ne pense pas…

Tata Cléo m’a rassurée.
- Tu sais Judy, ce qui compte c’est que tu sois heureuse, avec ou sans travail. Et si être entourée de tes animaux à la maison te rend heureuse, alors c’est le principal. Personne ne doit te dire quoi faire, tu es maintenant assez grande pour gérer ta vie comme tu l’entends, et tu nous as déjà prouvé que tu en étais capable. Je suis fière de toi.

Cela m’a fait chaud au cœur d’entendre ces mots dans la bouche de ma tante. Je ne sais pas ce qu’aurait pensé maman de tout ça, mais peut-être que si elle avait encore été parmi nous, tout cela aurait été différent. « Peut-être ». Nous ne le saurons jamais. Mais aujourd’hui, j’ai la vie que j’ai, et c’est très bien comme cela.

Aujourd’hui, je n’ai pas été la seule à vieillir, puisque Siggy a décidé de grandir ce jour, devant Anita ! Je crois qu’elle est toute contente de voir grandir « son chat » !
- T’es beau Siggy, moi aussi ze vais grandir bientôt !

 

Ce petit moment en famille m’a permis de rattraper le temps perdu avec les cousins.

Mais aussi de faire connaissance avec Léo et Laura, les compagnons respectifs de Lena et Loïc, Yoann étant célibataire.
Léo n’est pas très rassuré ici, il a un peu peur des chiens, même s’ils sont gentils, alors il n’est pas tellement à son aise. Malgré cela, il est très gentil.
Laura est très sympathique également, et surtout très drôle ! Elle est fière d’être maman, mais je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer Sébastien encore, il est très petit et il est resté avec son grand-père qui n’a donc pas pu venir.

Voilà ce que sera ma vie. Une vie sans travail, à la campagne, entourée d’animaux, de mon père de cœur et de ma petite sœur. Oui, c’est le bazar, chez moi, mais c’est une maison pleine de vie. Et c’est cette vie qui me convient.

 

Voilà que les fêtes de Noël approchent. Nous aurions voulu que toute la famille se rassemble, mais c’est un peu compliqué, tata Cléo vient de perdre Anthony, son mari, et n’a pas le cœur à la fête, tout comme mes cousins qui viennent de perdre leur papa. Et tonton Nolan est tombé malade, alors il n’a pas spécialement envie de célébrer. Magali et Yoann resteront donc près de lui.
Nous resterons donc à la maison, en tout petit comité, Randy, Anita, les animaux et moi. Cela ne m’empêche pas de commencer à décorer pour l’occasion. Oh, rien de grandiose, juste un sapin.

Quand le soir de Noël est arrivé, Randy n’a même pas pris la peine de s’habiller.
- Oh, on est entre nous, pas de chichis, hein ?
- Oui tu as raison… J’aurais quand même aimé voir tonton et tata, ce soir.
- Moi aussi, mais on ne peut pas leur en vouloir.
- Non, bien sûr que non !
- Bon, c’est pas tout ça mais… tu veux découvrir ton cadeau ?

- Mon… Mon cadeau ? On avait dit qu’on ne faisait rien… Seulement pour Anita !
- C’est plus fort que moi, Judy, je voulais te faire plaisir. Anita aura ses cadeaux si elle se décide à se réveiller, mais tu peux voir le tien dès maintenant si tu le souhaites.

Randy a enfilé son manteau, et nous sommes descendus à la cave.
- Voilà, Judy. J’ai fait aménager ce coin rien que pour toi et tes animaux. Tu n’auras pas l’occasion de travailler, alors je t’offre un moyen de le faire : t’occuper de tes animaux toi-même, prendre soin d’eux comme tu sais déjà si bien le faire, avec quelques outils supplémentaires.
- Mais Randy, il ne fallait pas, c’est… c’est beaucoup trop, je…
- Ca ne te plait pas ?
- Oh, si, bien sûr ! Mais tu n’avais pas à te donner tout ce mal pour moi… Et à quel moment as-tu fait installer tout ça ? Je n’ai rien vu !

- Je voulais te faire plaisir, Judy. Tu es ma fille de cœur et je ne veux que ton bonheur. Quant à l’installation, disons que j’ai eu un petit coup de pouce et que tout s’est fait très rapidement. Tu n’as rien vu car tu dormais comme un bébé.
- Merci, Randy, merci du fond du cœur. Je ne te remercierais jamais assez.
- C’est amplement suffisant, Judy. Te voir heureuse me réchauffe le cœur, et c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire.

Nous sommes remontés, ne voulant pas laisser Anita seule dans sa chambre trop longtemps, bien qu’elle dorme à poings fermés.
Enfin, c’est ce qu’on croyait. Cette petite maline a entendu du bruit dans la cuisine et a voulu voir ce qu’il s’y passait. C’est le Père Hiver !

Ca me rend si heureuse de voir ses petits yeux s’illuminer devant ce Grand Monsieur porteur de cadeaux. Elle est si adorable !

 

Elle a ouvert les cadeaux sous le sapin, toute heureuse.

La soirée s’est vite terminée. Randy a remis Anita au lit, bien que cette dernière aurait voulu jouer un peu plus longtemps, et je suis partie tester mes nouveaux appareils.
Avec ça, je peux créer des sérums pour les animaux, je ne sais pas bien encore ce que je fais, alors je ne les utiliserais pas. Je veux être sûre de moi avant de pouvoir leur donner quoi que ce soit.

Le Père Hiver a rapporté une grande figurine à Anita, et elle ne se lasse pas de la regarder.

Mais elle aime aussi passer du temps dehors, à jouer dans la neige !

Je la surveille toujours du coin de l’œil, pendant que je passe du temps avec les chiens.

Et puis je n’oublie pas Loki, qui a pris du poil gris… J’ignorais son âge quand je l’ai adopté, mais je ne le pensais pas aussi âgé. Il reste en forme, mais ça me fait mal de me dire qu’il est déjà en fin de vie… Alors je le cajole, autant que je le peux !

Et puis, très vite, trop vite, ce que tout le monde redoutait a fini par arriver…


Mon oncle… Je n’ai pas pu le revoir une dernière fois, et sa maladie l’a emporté… A cet instant, je pense à tata Cléo qui vient de perdre son mari, et maintenant son frère jumeau… Elle a déjà le soutien de ses enfants, mais elle a ressenti le besoin de venir me voir.
- Je suis désolée tata, je sais à quel point vous étiez proches tous les deux, et ça me rend triste d’avoir perdu tonton…

- Ca ira, Judy… Ca prendra du temps ! Oh, je suis si triste ! Je ne devrais pas te dire ça, parce que je n’ose pas imaginer ce que toi tu as ressenti, mais j’ai été anéantie par la perte de ma petite sœur, ta maman… Puis Anthony qui partage ma vie depuis si longtemps. Et là, je perds ma moitié, mon double… Je ne pensais pas devoir vivre ça un jour, je ne me voyais pas devoir vivre sans lui, j’ai comme l’impression qu’une partie de moi est morte avec lui…
- Oh tata… je ne peux pas imaginer ce que tu traverses, mais je sais que tonton voudrait que tu sois forte, j’en suis sûre. Viens, entre à la maison, il fait froid. Je vais me changer, installe-toi au chaud dans ma chambre.

J’ai de la peine pour ma tante, la voir errer comme cela, sans trop savoir quoi faire, quoi dire…

- Tu sais, Magali n’a même pas eu besoin de m’appeler. Avant que la sonnerie du téléphone ne me rappelle à la réalité, je le savais, au fond de moi, je sentais que c’était terminé. C’est fou, non ?
- Je ne crois pas, le lien des jumeaux peut parfois être très fort, et je pense que vous aviez ce lien-là.
- Oui… c’est dur d’être la dernière en vie… Je ne pensais pas voir partir ma petite sœur, et je n’imaginais pas vivre la perte de mon jumeau. C’est si dur, Judy…

- Ca va aller tata, il te reste Loïc et Lena, et puis tu as ton petit-fils !
- C’est vrai, merci Judy, ça me fait du bien de discuter avec toi.

Je n’ai pas pu lui demander de partir, je l’ai laissée dormir là, dans mon lit, et elle est repartie le lendemain matin. C’est difficile, mais la vie continue…
La perte de mon oncle a été difficile, mais j’essaie de ne retenir que le positif. Et actuellement, dans ma vie, le positif, c’est ma petite sœur. Randy, aussi. Il va un peu mieux. Et il joue de bon cœur avec Anita. Bientôt, il ne sera plus en mesure de le faire parce qu’elle sera bien trop grande pour monter sur son dos !

Un jour, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir Loki en mauvaise posture. Oh non, il est malade !

Il est temps pour moi de tester mes talents de vétérinaire. J’ai lu des livres, je sais bien que ce n’est que de la théorie, mais cela m’a permis d’en savoir un peu plus sur les maladies des animaux. Et puis, si je ne suis pas sûre de moi, j’irais l’emmener chez un vrai vétérinaire.

Alors, voyons voir…
J’ai un peu perdu mes moyens, au début, parce que je n’étais pas certaine de pouvoir guérir Loki de moi-même.

Et puis, j’ai fermé les yeux, j’ai pris une profonde respiration, et j’ai commencé à l’examiner.

J’ai pris des notes, pour être certaine de ne pas me tromper.

Je l’ai inspecté de partout, ne me laissant pas interrompre par les pleurs d’Havana, qui réclame de l’attention parce que je ne m’occupe pas d’elle à cet instant.

Loki a eu un peu peur de tous ces outils de torture, même si j’y suis allée tout en douceur pour ne pas le faire paniquer.

Finalement, il n’avait pas grand-chose, un petit coup de froid, il n’a même pas eu besoin de piqûre – et j’avoue que ça m’arrange !

- Voilà, c’est fini, tu vas mieux maintenant, ce n’était pas si terrible !
- Miaou !

Prendre soin de ses animaux est primordial, et en voulant soigner Loki, j’ai négligé Havana, qui est partie de la maison, comme pour montrer son mécontentement…
J’ai lancé un appel sur internet, je me sens tellement mal pour elle, qui a été habituée à être le seul animal de la maison, voilà que je dois maintenant partager mon temps… Je n’ai pourtant pas eu l’impression de la délaisser…

J’essaie de garder le sourire, pour Anita, parce qu’elle a besoin de bonheur dans sa vie.

Je la vois grandir de jour en jour, et devenir plus autonome. Siggy ne loupe pas une occasion de passer du temps avec elle !

Puis, je suis partie prendre l’air non loin de la maison, tout en ayant l’espoir de retrouver ma chienne. J’y ai cru, et je l’ai vue, là, sous le pont près de la maison, recroquevillée et toute sale…

Je lui ai fait un gros câlin pour la rassurer, et lui montrer que je suis là pour elle quoi qu’il arrive, et je lui ai donné une petite friandise, je ne sais pas si elle a pu se nourrir correctement, quand elle était absente.

Et bien sûr, je l’ai examinée. Elle m’a semblée malade… J’espère qu’elle n’a rien de grave !

 

Après quelques examens, je me suis rendue compte qu’elle avait des puces, mais pas seulement… Alors je ne lui ai pas fait de piqûres, dans le doute. Parce que madame attend un petit.

Cela me rend un peu triste, parce que je sais que je ne pourrais pas le garder. Je pense que j’ai assez de 4 animaux à la maison, et en avoir un de plus ne serait pas une bonne idée.

Oh, c’est une déchirure, vraiment. Surtout que j’ai très peur, dans quelle famille va-t-il atterrir ?
Il est né, très vite. Un petit mâle. Il est si mignon…

J’ai fait des recherches, pour qu’il soit adopté par quelqu’un de respectueux et aimant envers les animaux. C’est important pour moi.

Il a été adopté rapidement. La personne qui est venu le chercher n’avait pas l’air sympathique, mais il ne faut pas juger sur l’apparence. Elle avait probablement passé une mauvaise journée.

Voilà, le petit d’Havana est parti. Cela me fait tout drôle, de me séparer de ce petit animal, comme si je l’abandonnais. Je sais que c’était nécessaire, mais c’est difficile.

Puis le temps a passé, et la tristesse a fini par s’envoler, tout doucement. Aujourd’hui est un autre jour, puisque c’est l’anniversaire d’Anita.
Elle le sait, et elle a très hâte de grandir !

Alors elle a voulu souffler ses bougies dans mes bras. De toute façon, Randy a trop mal au dos pour la porter, maintenant.

Voir ma petite sœur grandir me fait quand même tout drôle, et me rappelle à chaque fois que maman est partie depuis bien trop longtemps…
On le sait, avec Randy, qu’il va falloir lui expliquer, elle est en âge de comprendre, et elle va bientôt aller à l’école. Je ne veux pas qu’elle pose des questions en revenant de l’école, parce qu’on va lui demander qui est son papa, mais aussi sa maman.

Siggy est un peu impressionné par la grandeur d’Anita, mais ces deux-là restent toujours aussi proches.

Pendant qu’ils s’amusaient tous les deux, on s’est installés, Randy et moi, sur le canapé.
- Judy, je sais qu’on va devoir tout lui expliquer… Mais je ne m’en sens pas capable… Tu… Je sais que tu sauras trouver les mots, tu peux lui expliquer, tu le feras bien mieux que moi.
- Mais, Randy, je ne sais pas, je… c’est vrai, je m’y prépare depuis un moment, parce que je sais que c’est inévitable, mais… en réalité, je ne sais pas comment lui dire.

- Je suis sûre que tu trouveras la meilleure façon de le faire. Et puis regarde-moi, je suis tout gâteux, je ne suis plus crédible à mon âge. Et je ne sais pas comment m’y prendre…
- Randy, tu racontes n’importe quoi !
- Peut-être… mais je suis sûre que tu n’auras pas besoin d’aide. De toute façon, je ne suis jamais bien loin !

Au même moment, nous avons été interrompus.
- Vous parlez de quoi ?
- Euh… viens t’asseoir, s’il te plait.
- Hum, d’accord, ça a l’air sérieux, quand même.
- Oui, c’est important, Nini.

J’ai vu Randy jeter un regard triste sur le cadre photo de maman, posé sur la cheminée.
Et je me suis lancée, la voix tremblante.
- Tu sais Nini, tous les enfants ont un papa, et une maman.
- C’est quoi une maman ?

- Eh bien, c’est comme un papa. Un papa et une maman sont les deux personnes qui t’aiment le plus au monde, qui feraient tout pour toi, qui…
- Ben, alors, c’est toi, ma maman !
- Non, Nini… Je suis ta grande sœur… Une maman et un papa sont amoureux. On a tous les deux une maman, la même maman ce qui fait de nous des sœurs, mais maman elle n’est plus là…
- Elle est où, alors ?
- Elle est partie, comme tonton Nolan…
- Mais pourquoi je l’ai jamais vue ?
- Elle est partie depuis longtemps… au moment où toi tu es née, et…
- Alors c’est de ma faute si elle est plus là ?
- Non, Nini, ce n’est pas ta faute.
- Tu sais, c’est peut-être ma maman, mais si une maman c’est comme un papa, alors je crois quand même que c’est toi ma maman. Parce que tu t’occupes de moi, et parce que tu m’aimes comme papa, alors c’est pareil.
- Je… Je m’occupe de toi, c’est vrai, mais jamais je ne voudrais remplacer maman.
- D’accord… Mais c’est presque pareil alors. Même si t’es pas amoureuse de papa.

Je l’ai prise dans mes bras, je suis contente qu’elle le prenne de cette façon. C’est toujours difficile de mettre des mots là-dessus. Randy n’a rien dit, je crois que j’ai fait ce qu’il fallait.

Après mon étreinte, elle s’est glissée vers Randy.
- Papa, tu étais amoureux de ma maman, alors ?
- Oui, très amoureux. C’était une femme exceptionnelle, et tu lui ressembles beaucoup.

Elle m’a semblé satisfaite. Mais je vois bien que quelque chose la chiffonne.
- Mais Judy, je comprends pas. Si ta maman c’est aussi ma maman, pourquoi mon papa tu l’appelles Randy ?
- Eh bien, parce qu’en réalité, nous n’avons pas le même papa. Mais Randy a toujours été là pour moi, c’est un peu comme mon papa finalement.
- Tu vois ! C’est comme toi et moi ! Alors t’es un peu comme ma maman.

- Je suppose que tu as raison ! Mais je ne veux pas que tu penses que maman ne t’aimait pas. Elle t’a aimé depuis le jour où elle a appris que tu étais dans son ventre. Tu vois, c’est elle, là, sur la cheminée.
- Elle était belle !

- Oui, et viens voir. Là, elle était avec Randy, avec ton papa, elle avait l’air heureuse, tu ne trouves pas ?
- Oui, on dirait bien !
- Eh bien, c’est parce qu’elle savait que bientôt tu allais arriver dans sa vie. Et tu étais son petit rayon de soleil.

Nous sommes restées là quelques minutes avant de retourner dans la pièce principale.
Anita est partie enlacer son père, et est revenue vers moi en courant.

- Merci Judy, de t’occuper de moi et de m’aimer comme si t’étais ma maman.

Je suis rassurée de voir partir Anita à l’école, en sachant qu’elle connait ses origines. Je n’aurais pas voulu qu’elle l’apprenne par des élèves ou des parents mal intentionnés, même si nous avons pris nos précautions, nous ne sommes pas à l'abri d'un écart. Heureusement, nous habitons à la campagne, et personne encore n’a fait le rapprochement entre maman et Anita.

Il faut dire que tout joue en notre faveur : les enfants à l’école ont sensiblement le même âge qu’Anita, ils n’ont donc jamais connu la grande star mondiale Seren Berry, même s’ils en ont forcément entendu parler. Mais surtout, nous n’avons jamais donné la plus grosse information aux médias, tout s’est fait dans le secret. Pour l’administration, Anita est bel et bien la fille de Seren Berry. Pour les médias, si Seren Berry n'a pas survécu à l'accouchement, le bébé non plus… Nous avons décidé cela à l’époque pour ne plus être embêtés par tous ces paparazzi et ces journalistes qui voulaient tout savoir. L’administration de l’école est donc au courant, mais nous avons tout fait pour que cela ne s’ébruite pas, je ne voudrais pas qu’elle soit importunée, elle n’a rien demandé.

Aujourd’hui, même si l’on voit régulièrement des reportages sur maman à la télé, plus personne ne s’intéresse à sa famille, à moi, puisque je suis sa seule fille connue du grand public. Quant à Randy, il était moins connu que maman, et personne ne cherche à l’ennuyer. Ici, à Brindleton Bay, nous sommes tranquilles.

Je vis tranquillement entourée de mes animaux, qui me rendent heureuse. Havana commence à vieillir, et j’ai beau la laver régulièrement, son pelage ne retrouve pas l’éclat qu’il avait auparavant.

 

Celui qui m’inquiète, c’est Loki, c’est un vieux chat maintenant, et il tombe très souvent malade.

Je parviens à le soigner, pour le moment… Mais tout ça m’inquiète et je me demande s’il n’a pas quelque chose de plus important… Où est-ce seulement parce qu’il vieillit ?

En tout cas, à force d’étudier ces maladies et de tenter de le soigner du mieux que je peux, j’en oublie de dormir, et c’est vrai que parfois, je suis tellement épuisée que je m’écroule littéralement, sans pouvoir me relever.
Randy me le dit souvent, « il faudrait que tu penses un peu à toi, Judy ». Oui, oui, on verra.

Anita vit une vie d’enfant tout à fait normale. Le fait de tout savoir sur sa maman ne l’a pas perturbée, il faut dire qu’elle ne l’a jamais connue, alors elle n’est pas triste de son absence. Et même si l’on a perdu tonton Nolan dernièrement, la mort n’est pas encore quelque chose de très concret, pour elle. Il lui arrive de poser des questions sur maman, parfois. C’est une enfant adorable, elle n’hésite jamais à me donner un coup de main pour les tâches ménagères.

- Nini, tu n’as pas à faire ça tu sais, c’est à moi de le faire.
- Bah oui mais je peux t’aider quand même ! Et puis j’aime bien moi !

Bon, alors si elle aime bien, tout va bien. Elle s’occupe de remplir les gamelles des animaux aussi, parce que selon elle, je ne devrais pas être la seule à le faire. Je lui dis souvent que c’est moi qui ai choisi cette vie, mais elle me répond qu’elle en fait partie et qu’elle doit aider aux différentes tâches à la maison.

Il nous arrive de laisser Randy seul à la maison, maintenant. Il n’a plus la force de faire de longues marches, mais Cacahuète et Havana ont besoin de se dépenser. Le jardin, c’est bien, mais la plage, c’est mieux ! Anita aime m’accompagner.

Souvent, elle regarde des séries, des films dans lesquels maman a joué. « Pour apprendre à la connaître un peu » qu’elle dit. Même si elle sait que ce n’est pas vraiment elle, qu’elle jouait un rôle. Elle aime ces moments, qu’elle passe souvent avec Randy. Lui a plus de mal à regarder, mais il veut faire plaisir à sa fille. Moi, je ne peux pas, tout simplement. Cela me fait trop mal au cœur, je ne saurais pas l’expliquer mais je n’arrive à la voir qu’en photo.

- Sois pas triste, papa. Maman était jolie et je crois que c’était une bonne actrice. C’est l’impression que j’ai quand je la vois. Et c’est bien de pouvoir la voir comme ça, tu ne trouves pas ?
- Oui, c’est bien… Mais elle me manquera toujours, tu sais.

- Tu étais fière d’elle ?
- Oui, toujours, elle était impressionnante, je suis fière de tout ce qu’elle a accompli, mais surtout du dernier cadeau qu’elle m’a offert, et ce cadeau, c’est toi.

Anita est très proche de Randy. Il l’aide beaucoup pour faire ses devoirs. Je m’en veux de penser à ça, mais je redoute le jour où il nous quittera… Parce que c’est dans l’ordre des choses, n’est-ce pas ? Enfin, je sais bien que cela ne veut rien dire…

Il lui arrive de rapporter des projets scolaires, aussi, alors on l’aide, Randy et moi, comme il avait l’habitude de le faire avec moi quand j’étais petite.

Havana a fini par retrouver son beau pelage, mais ses poils noirs ont laissé place aux blancs, me rappelant sans cesse que les animaux vivent trop peu de temps… Avec tout ça, il a encore fallu que je soigne Loki qui montrait des signes de fatigue…

 

Anita reste très proche de Siggy, une des seules qui peut l’approcher.
Elle aime beaucoup jouer avec lui, d’ailleurs.

 

Souvent, je fais faire des parcours d’obstacles à Cacahuète, pour qu’il reste en bonne santé le plus longtemps possible, cela lui fait du bien de courir et de faire de l’exercice.

 

 

Je ne le fais pas avec Havana, c’est devenu une vieille mémère qui dort beaucoup.

Mais mes deux chiens s'entendent bien, ils sont souvent collés ensemble.

Nous avons décidé d’emmener tata Cléo au restaurant, parce qu’elle a besoin de sortir de chez elle, de voir autre chose. Magali, la femme de tonton Nolan nous a quitté il y a quelques jours et même si ce n’est pas aussi difficile pour elle que de perdre son mari et son frère jumeau, c’est encore un autre coup dur.
Ses enfants prennent soin d’elle, mais j’avais envie de faire plaisir à ma tante, moi aussi. Je ne sors pas très souvent, mais je peux bien faire l’effort pour ma famille.

 

Je la sens fatiguée. Physiquement mais aussi moralement. Elle tente de le cacher derrière un sourire, mais je vois bien qu’elle est triste. J’ai bien peur qu’elle ne se remette jamais de toutes ces pertes…

Par contre, ils se sont donnés le mot avec Randy…
- Alors Judy, tu n’es pas prête à nous présenter l’homme qui fera partie de ta vie ?
- Quoi ? Mais non, je n’ai pas d’homme dans ma vie et je n’y pense même pas.
- Eh bien… une femme peut-être ?
- Euh, non, une femme non plus. Je n’ai pas le temps de penser à tout ça, je préfère passer du temps avec ma famille et mes animaux.

Ca a duré tout le repas. Je ne comprends pas pourquoi ils cherchent à me voir en couple, cela ne m’a jamais traversé l’esprit. Et de toute façon, cela ne m’intéresse pas.

De retour à la maison, j’ai dû une nouvelle fois examiner Loki qui montrait des nouveaux signes de maladie. J’ai peur pour lui… Et si toutes ces petites maladies en cachaient une autre plus importante ?

Anita s’est interrogée suite à notre sortie au restaurant.
- Judy… est-ce que c’est de ma faute si t’as pas d’amoureux ?
- Quoi ? Mais non, bien sûr que non ! Qu’est-ce qui te fait penser ça ?
- Ben je sais pas… Tu dois t’occuper de moi depuis que je suis toute petite, parce que papa il est fragile et qu’il peut pas le faire tout seul. Alors t’as oublié de penser à toi…

- Mais non Nini ! Si je m’occupe de toi, c’est parce que je veux bien le faire. Et même, ta présence ne m’empêcherait pas d’avoir un amoureux… Disons que je ne suis pas intéressée par les hommes, ou par les femmes.
- Mais normalement on veut tous avoir un amoureux ou une amoureuse quand on grandit !
- Eh bien… Je crois que je ne suis pas normale, dans ce cas. Mais cela me convient très bien.

C’est vrai que je suis en âge de me marier, d’avoir des enfants… Mais honnêtement, je ne ressens absolument aucune attirance pour les hommes ou pour les femmes. Est-ce que cela fait de moi quelqu’un de bizarre ? Peut-être, mais c’est comme ça que je suis.

Je viens d’apprendre une nouvelle terrible. Ma tante Cléo a fini par nous quitter… Je suis si triste, voir un à un les membres de ma famille partir pour toujours me rappelle à quel point la vie est courte.


Oh, je me dis que si un autre monde existe après la mort, elle a finalement pu rejoindre son mari, son frère et sa sœur. J’espère qu’ils sont heureux, tous, où qu’ils soient.
Mais je ne peux pas m’empêcher d’être triste. Randy me remonte le moral tant qu’il peut, mais le fait est que seul le temps guérira ces blessures.

Je tente de rester forte, et m’occupe l’esprit avec les chiens, sous l’œil rassuré de Randy.

Je sais aussi que je dois tenir le coup pour Anita. C’est dur pour elle aussi. Elle était encore jeune pour tonton Nolan, elle ne s’en souvient que très peu, mais elle s’était rapprochée de tata Cléo, alors cela rend la mort un peu plus concrète pour elle.
- Judy… pourquoi ça existe la mort ?
- C’est une question difficile, Nini, et je crains de ne pas avoir de vraie réponse à t’offrir. Mais disons que ça fait partie de la vie, ce cheminement dont on connait la fin. On sait que c’est inévitable.
- Alors pourquoi c’est si dur ?
- Parce qu’on aime les gens, et c’est toujours difficile de perdre quelqu’un qu’on aime.

- Mais… un jour, papa aussi il va mourir, alors… Et toi aussi…
- Oui Nini, c’est vrai… mais pas tout de suite, d’accord ? Alors il faut profiter de chaque instant que la vie nous offre.

J’ai bien peur de ne pas savoir correctement répondre à ses questions, surtout que Randy est âgé maintenant… Il fatigue, et j’ai peur de tout ça… Me retrouver toute seule avec Nini… Je sais que j’y arriverai, mais perdre Randy sera une épreuve très difficile pour elle comme pour moi…
Je ne sais pas si cette idée occupe beaucoup ses pensées, mais elle essaie de retrouver le sourire, petit à petit. La vie continue, malgré tout.

Avec la perte récente de tata Cléo, j’ai eu envie de revoir mes cousins. Ils ont besoin de se changer les idées et nous aussi. Randy n’a pas souhaité se joindre à nous, il est bien trop fatigué pour aller marcher au parc.
Anita a ainsi pu jouer avec Sébastien, le fils de notre cousin Loïc. Il vient de perdre sa grand-mère, et penser à autre chose pendant quelques heures lui fera le plus grand bien.

Ca me fait du bien de revoir tout le monde. Je ne les vois pas assez, bien que nous vivions dans la même ville. Il est vrai que je ne sors que très rarement de la maison, et eux ont leur vie, leur travail.

Cette petite journée a été bénéfique, j’ai pu voir le sourire de Loïc sur son visage, lorsque Yoann nous a montré ses talents en patins à glace !
Anita a pu penser à autre chose en compagnie de Sébastien, Laura sa maman et Lena.

 

J’ai pu discuter avec mes cousins. Ils sont plutôt sereins, à vrai dire. Ils sont très tristes d’avoir perdu leur maman, bien sûr, mais ils aiment penser qu’elle est plus heureuse maintenant. Depuis la perte de tonton Nolan, elle n’était que l’ombre d’elle-même.

Puis tout le monde a repris son chemin, en nous remerciant, Nini et moi, d’avoir été là pour eux dans ce moment si difficile. Au moins, on a réussi à leur faire retrouver le sourire le temps d‘une après-midi.

En rentrant, nous avons retrouvé nos animaux, tous ensemble dans le salon. Je dois avouer que j’ai beaucoup de chance avec eux, ils s’entendent tous très bien, et aiment être proches les uns des autres.

 

Mais Loki a fini par s’enfuir, me laissant dans la plus grande inquiétude… C’est un vieux chat qui tombe souvent malade, et j’ai très peur de ne jamais le revoir…

En plus de ça, c’est maintenant Havana qui tombe malade…
Je sais soigner correctement mes animaux, mais cela ne m’empêchera pas de les voir, eux aussi, me quitter un jour… Alors j’essaie différentes formules, comme si j’avais un pouvoir magique. J’ai entendu parler de sérums rajeunissants, ou autres formules invraisemblables. Et si… Et si ça fonctionnait ?

J’ai fini par retrouver Loki, lors d’une promenade avec les chiens, dans un piteux état…

Mais il a l’air d’aller plutôt bien, après inspection. Il est sale, mais il va bien.

La routine a repris sa place. Randy a même retrouvé sa vieille guitare, et a joué un morceau avec le sourire, sous les yeux curieux de mes chiens.

Il a fallu que je soigne mon chat.
- Tu vois Loki, ce n’est pas toujours ta place, tu vas bien cette fois, mais ton copain Siggy fait des crottes bien trop étranges à mon goût.

Rien de bien grave, Siggy est en bonne santé !

Et puis, un soir… ce que je redoutais a fini par arriver…

Havana… ma petite mémère, qui était là depuis si longtemps, et en même temps si peu… elle a fini par rendre son dernier souffle… Non, pas maintenant…

 

J’ai gardé son urne près de moi, je ne suis pas encore prête à la laisser partir au cimetière familial… elle n’est plus là mais… j’ai encore besoin de sentir sa présence…

Cacahuète ne m’a pas quitté d’une semelle, cette nuit-là…

C’est vraiment dur de perdre un animal. Certains ne comprennent pas, mais l’amour que nous offrent ces êtres est tellement immense… et j’ai donné tellement d’amour à Havana, depuis ma plus tendre enfance. J’avais à peu près l’âge de Nini quand maman a adopté Havana.

D’ailleurs, Nini n’aime pas me voir si triste.
- Tu l’aimais beaucoup, Havana, hein ? A moi aussi, elle me manque…
- C’était ma première chienne, tu sais ? On a vécu beaucoup de choses ensemble, et elle va terriblement me manquer, je sais que ça fait partie de la vie, mais perdre ceux que j’aime un à un, c’est difficile à supporter. Je ne sais pas pourquoi je te dis tout ça, ce n’est pas à toi de me remonter le moral.

- Mais Judy, je peux bien faire ça pour toi quand même ! Tu sais, c’est comme tata Cléo, c’est très triste, mais peut-être qu’elle a retrouvé tout le monde, elle aussi ! Peut-être qu’elle est avec notre maman !
- Oui, tu as raison, elles ont dû se retrouver toutes les deux. Merci Nini, d’être là.

- Bah c’est normal ! On doit se serrer les coudes entre sœurs, non ?
- C’est vrai !

Nini a compris le concept difficile de la mort finalement… Je crois… Bon, c’est vrai qu’elle n’était pas aussi proche d’Havana que j’ai pu l’être, mais elle l’aimait aussi beaucoup, et elle prend la nouvelle avec beaucoup de sagesse, aussi triste qu'elle puisse l'être.
Malheureusement, nous n’avons pas le temps de nous remettre de cette perte difficile, qu’une autre nous ramène difficilement à la réalité…

 

 

Mon pauvre Loki… lui qui tombait si souvent malade, s’est finalement doucement allongé pour la dernière fois…

Cette fois, Anita est témoin de ce décès… Pour Havana, elle n’a rien vu, c’est peut-être aussi pour ça qu’elle l’a plutôt bien accepté. Mais perdre deux animaux en si peu de temps, ça fait beaucoup pour elle. Et pour moi aussi…
- Ca va aller, hein, Nini ?
- La maison va sembler toute vide, maintenant...

 

Je l’ai d’ailleurs surprise à parler à Siggy.
- Tu restes encore un peu avec nous, hein ? T’as pas le droit de rejoindre Loki et Havana, pas tout de suite, d’accord ?

J’avoue avoir fait la même chose avec Cacahuète… Un gros câlin, en lui demandant de ne pas me faire de mauvaise surprise…

Tristement, et de façon un peu amère, j’ai finalement trouvé cette formule, celle qui peut rajeunir les animaux. Je suis sûre de moi, elle fonctionne… J’ai pu la tester sur Cacahuète, qui venait de prendre du poil blanc, il est maintenant un jeune chien en pleine forme. J’en suis persuadée, il a encore de nombreuses années devant lui. Si seulement j’avais eu plus de temps pour sauver Havana et Loki…

 

Les départs d’Havana et de Loki rendent la maison si vide. Je devrais réussir à m’en remettre, bien sûr, mais j’ai énormément de peine. J’essaie de me consoler tant bien que mal, en me disant qu’au moins, ils ont eu une vie heureuse, Havana depuis qu’elle est toute jeune, Loki un peu plus tardivement, mais au moins, il a bien vécu ses dernières années. C’est vrai, il tombait souvent malade, mais j’ai toujours pris soin de lui comme j’ai pu.

Je ne sais pas ce que Nini et Randy mijotent, mais je les vois se faire des messes basses depuis quelques jours. Je me demande bien de quoi ils parlent tous les deux. En tout cas, cela fait bien rire Nini, et quoi qu’il arrive, ça me fait plaisir de la voir si joyeuse.

 

Je sais qu’elle se sert de mon ordinateur, elle le fait régulièrement et en a l’autorisation, du moment qu’elle n’y passe pas des heures. J’étais loin de me douter de ce qui allait bientôt arriver…

C’était donc ça ! Sans me prévenir, et pour me faire une surprise, Randy et Nini ont décidé de ramener un autre animal à la maison. Pas pour remplacer Havana ou Loki, parce qu’ils sont irremplaçables, bien évidemment. Mais un nouvel arrivant, pour donner un peu de joie dans cette maison, parce que j’aime les animaux et qu’adopter un animal qui était malheureux dans son ancienne vie lui permettra d’avoir une autre vie plus heureuse avec nous.

Cet animal, c’est une chienne, qui a été retrouvée dans un bois, attachée à un arbre… D’après l’association qui l’a recueillie, c’est une jeune chienne pleine de vie. Randy n’a pas hésité une seconde.

 

Nini aussi, bien qu’elle appréhende un peu, ne sachant pas si elle est gentille ou non. Mais visiblement, cette chienne a aussi peur que ma petite sœur !

Et voilà, qu’à mon tour, je découvre cette chienne qui m’a l’air si gentille.
- Oh, bonjour toi, qu’est-ce que tu fais là ?

Je jette un regard à ma petite sœur, qui a un sourire en coin. Elle prend la parole.
- Avec papa, on voulait te faire un cadeau. On voulait que tu retrouves le sourire et on s’est dit qu’adopter un autre animal serait une bonne idée. Ca te fera pas oublier Havana et Loki, mais ça te fera un peu plus de compagnie !
- Tu es adorable, Nini, merci beaucoup ! Elle est très belle, comment elle s’appelle ?
- Cupcake !
- D’accord ! Je t’aime très fort, tu le sais, ça, Nini ?
- Bien sûr !

Je suis partie vers ma désormais jeune chienne.
- Bonjour Cupcake, tu es une bonne fifille, oui, tu vas être bien ici, je te le promets.

Je l’aime déjà tellement. Et visiblement, je ne suis pas la seule ! Cacahuète et Cupcake s’entendent déjà très bien.

C’est le meilleur cadeau qu’ils pouvaient me faire, tous les deux. Je sais bien que Cupcake ne remplacera pas mes défunts animaux, mais elle réussira à combler un vide, et elle a déjà sa place ici dans cette maison, au même titre que les autres.

Puis un jour, Randy a voulu faire une balade sur les docks. Etrange, par ce temps, surtout qu’il ne sort jamais de la maison… Mais allons-y… Nous sommes restés là, tous les trois, en silence, un long moment, avant de rentrer.

J’ai vaqué à mes occupations, puis j’ai surpris une conversation entre Nini et Randy.
- Tu seras toujours gentille avec ta grande sœur, d’accord ?
- Ben oui papa, pourquoi tu me dis ça ?

- Je veux que tu me promettes que quoi qu’il arrive, tu seras toujours comme tu es aujourd’hui, tu es ma fille et je t’aime tellement, je sais que je peux compter sur toi.
- Ben je te le promets papa, mais t’es bizarre, pourquoi tu parles comme ça ?
- Oh, comme ça. Tu sais, ma puce, je ne suis pas éternel. Et quand je ne serais plus là, il faudra que vous soyez fortes, Judy et toi. Et toujours penser aux bons moments, c’est le plus important. Je t’aime, ma puce.

Nini est ensuite partie dans sa chambre, et j’ai interpellé Randy.
- Qu’est-ce qui te prends à lui parler comme ça ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu es malade et tu ne m’as rien dit ?

- Non, ne t’inquiète pas Judy, mais tu sais, je ne suis plus tout jeune, je sens bien le poids des années sur mes épaules. Je sais que je ne devrais pas penser comme ça, mais… je sens que la fin est proche, Judy.
- Mais, Randy, ne dis pas des choses pareilles, tu veux me faire pleurer, c’est ça ?
- Non, Judy, ne pleure pas, c’est la vie, c’est tout. J’ai bien vécu, tu le sais. Il est temps pour moi de partir. Sache que je t’aime, comme si tu étais ma fille, et je ne te remercierais jamais assez de tout ce que tu as fait pour Anita.
- Randy… Tu sais que tu es comme un père pour moi, celui que je n’ai jamais eu. Tu ne peux pas dire des choses pareilles, tu ne sais pas quand ça arrivera ! Tu pourrais très bien rester dans le coin encore de nombreuses années, hein ?

- Je ne crois pas, Judy, je ne crois pas…
- Oh… Arrête, tu ne sais pas !
- Ca ira Judy, tu es la femme la plus forte que je connaisse, et je crois savoir de qui tu tiens ça. Tu y arriveras, j’en suis persuadé. Je t’aime, Judy.

J’ai eu énormément de mal à dormir, cette nuit-là. Une nuit bien pluvieuse…

Puis, le sommeil agité, j’ai été surprise par un bruit sourd venant de la cuisine…

Nini a entendu, elle aussi… J’aurais préféré qu’elle n’entende pas…

Randy… C’est étrange comme sensation, c’est comme s’il le sentait, comme s’il savait que c’était son heure… Mais ça ne rend pas la chose plus facile…

J’ai tenté de supplier cette horrible créature venue l’emporter. « Pas tout de suite, pas devant ma petite sœur ».
Mais bien sûr, elle n’a rien voulu savoir. Randy est parti…

Comment consoler ma petite sœur, comment lui rendre son si joli sourire ?
- Judy, t’étais triste comme ça quand notre maman est morte ?
- Oui, c’était aussi dur…
- Comment t’as fait pour aller mieux, alors ? J’ai l’impression que ça va jamais aller mieux…
- Oh, Nini… c’est très très dur, et ça va être dur pendant encore longtemps, je ne vais pas te mentir. Mais le temps finira par te guérir.

- Dis… Je vais l’oublier, un jour ?
- Non, tu ne l’oublieras jamais. Il sera toujours dans ton cœur, et tu te souviendras de tous les moments passés avec lui.
- Mais… Je me souviens pas de notre maman…
- C’est normal, Nini. Tu étais trop petite, tu venais de naître, tu ne peux pas t’en souvenir.

- D’accord… Judy… ?
- Oui ?
- Il me manque déjà… J’ai peur de l’oublier… Je peux dormir avec toi, ce soir ?
- Bien sûr, aussi longtemps que tu le souhaites.

La nuit suivante fut agitée. Nini n’a pas bien dormi, mais je pense qu’elle est un peu plus rassurée ici que seule dans sa chambre. Le temps fera son travail, désormais…

Le temps passe, mais la perte de Randy se fait toujours énormément ressentir. Il nous manque tellement, à toutes les deux.
C’est très difficile pour Nini, elle y pense énormément. Et le fait qu’elle ait peur d’oublier Randy me brise le cœur… Je sais bien qu’elle ne l’oubliera pas, mais comment la persuader, elle qui a tant de doutes à ce propos ?

 

Elle a posé la guitare de Randy dans sa chambre, comme un souvenir. Oh, elle n’y dort plus, depuis qu’il n’est plus parmi nous. Mais elle y passe tout de même beaucoup de temps, pour réfléchir, dit-elle.

De mon côté, je suis triste bien évidemment, mais je dois avouer que j’ai l’esprit occupé, ce qui me permet de ne pas me morfondre lorsque Nini est à l’école et que je reste seule à la maison. J’ai mes animaux, et même si Cacahuète et Siggy sont plutôt sages, ce n’est pas le cas de Cupcake qui a tendance à faire toutes les bêtises qu’elle peut trouver…

 

 

Alors j’essaie de lui faire comprendre qu’elle ne doit pas se comporter de cette façon. Et puis… J’ai découvert quelque chose, à son propos. Elle et Cacahuète s’entendent bien, oui. Si bien, que Cupcake attend des petits. Je n’ai rien encore dit à Nini, je sais qu’elle va les trouver adorables, mais je sais aussi que l’on ne pourra pas les garder. J’ai peur de lui faire encore plus de peine qu’actuellement… Mais je ne pourrais pas garder le secret bien longtemps.

En attendant, je m’applique à trouver de nouvelles formules afin de mieux soigner mes animaux, et les garder le plus longtemps possible auprès de nous.

Nini, chaque jour en rentrant de l’école, fait ses devoirs. Je ne saurais malheureusement pas l’aider, j’ai arrêté beaucoup trop tôt et je n’étais pas si douée que cela. C’est Randy qui s’occupait de tout ça. Et c’est pour cela qu’elle est si triste, en faisant ses devoirs seule…

Finalement, j’ai appris à Nini que Cupcake allait avoir des bébés, mais qu’on devrait les mettre à l’adoption. Elle a plutôt bien pris la nouvelle, elle comprend bien que l’on ne peut pas avoir trop d’animaux ici, même si ça reste une déchirure – surtout pour moi, je dois bien l’avouer.
Je l’aide, dans ses projets scolaires. Ou plutôt, je fais acte de présence, je lui mesure des choses, lis des instructions, mais c’est elle qui fait le plus gros du travail bien évidemment !

Et puis c’est arrivé, Cupcake a donné naissance à deux petits chiots, un mâle et une femelle.

Ils sont vraiment adorables, je suis certaine que je n’aurais aucun mal à leur trouver une famille à ces deux-là. Et je veillerais à ce qu’ils soient heureux : pas question de les savoir abandonnés au bord d’une route ou quoi que ce soit de ce genre. Pour cela, je fais appel à la SimPA qui trouve des familles souhaitant vraiment un animal, des familles qui savent ce que c’est d’adopter un animal, et de prendre soin de lui du début à la fin. C’est important pour moi.

 

Ils sont partis très vite. J’ai eu un pincement au cœur, comme quand j’avais dû mettre le petit d’Havana à l’adoption… Mais ce n’est pas comme si j’avais vraiment le choix.

 

Quand Nini trouve du réconfort auprès de Siggy, j’en trouve auprès de mes deux chiens. C’est vrai que Siggy a toujours été plus proche de Nini que de Randy ou moi. Et c’est bien, ça permet à Nini d’avoir un animal à qui elle pourrait se confier.

 

 

Par contre, il semblerait que je ne dorme pas suffisamment. J’ai cru apercevoir Havana, une nuit. Mais pas seulement ! Loki était là, lui aussi. Quelle surprise ! Mon cerveau me joue décidément des tours. Il faudrait peut-être que je pense à emporter les urnes de ces deux-là au cimetière familial. Celle de Randy aussi, d’ailleurs…

 

Un jour, j’ai eu un appel de Mark. Je ne le connais pas plus que ça, mais nous avons passé quelques moments ensemble quand nous étions petits. Mark, c’est le fils de Macha et de Zack, le meilleur ami de ma mère. Et il vient de perdre son père… Il ne savait pas qui appeler, il a trouvé mon numéro par hasard et s’est dit que ce serait une bonne idée de renouer.
Pourquoi pas, après tout.
- Je suis désolée pour ton papa, Mark, je ne le connaissais pas beaucoup, mais d’après ma mère, c’était quelqu’un d’adorable.
- Oui, c’est triste, mais c’est la vie. Il aura été heureux jusqu’au bout, au moins. Mais sinon, parle-moi de toi !

- Oh, tu sais, je n’ai rien de passionnant à te raconter. Je suis venue vivre ici après le décès de ma mère, je ne travaille pas, mais je m’occupe de ma petite sœur et de mes animaux.
- Ne me dis pas que tu n’es pas mariée, ou au moins en couple, une fille aussi jolie que toi ne peut pas être seule !

Je suis un peu mal à l’aise, j’avais oublié que Mark était un coureur de jupons. Visiblement, il n’a pas changé sur ce point.

- Je… Euh, merci. Je suis seule, en effet. C’est un choix à vrai dire. Je ne souhaite pas être en couple avec quelqu’un, cela ne m’intéresse pas.
- Oh, même pas un petit peu ? Je suis sûr que je pourrais t’assurer le contraire !
- Tu es bien sûr de toi, Mark ! Mais non, je suis désolée, mais tu ne m’intéresses pas. Tout comme aucun homme, ou aucune femme.
- T’es bizarre, jamais aucune femme ne m’a résisté !
- Tant mieux pour toi, mais il existe des personnes pour qui tout ça n’a pas d’intérêt. Cela ne fait pas de moi quelqu’un de bizarre, je ne pense pas. Je n’ai juste aucune attirance de ce genre envers qui que ce soit. Par contre, cela ne veut pas dire que je n’ai pas de cœur. Je donne énormément d’amour aux gens qui m’entourent, seulement, ce n’est pas le même type d’amour que je pourrais avoir si j’étais en couple, chose que je ne souhaite pas.
- D’accord, je comprends. Même pas un petit peu ?

- Mark !
- Oui, désolé ! C’est peut-être parce que tu n’as pas trouvé la bonne personne ?
- Non, je suis certaine que ce n’est pas ça. C’est juste que tout cela ne m’intéresse absolument pas.
- Oh, ok. Et euh… tu as déjà fait crac-crac ?
- Et non.
- Ca ne t’intéresse pas ? Mais comment tu peux savoir que cela ne te plaira pas ? Franchement, tu sais pas ce que tu rates !
- Je le sais, c’est tout. Que ce soit la romance ou le crac-crac, j’en suis complètement indifférente, mais je n’en suis pas malheureuse, tu sais.

- On peut être amis, au moins ? Ca m’a fait plaisir de te revoir, même si ça aurait pu être dans d’autres circonstances, ce serait cool qu’on garde le contact, enfin, si t’es d’accord.
- Oui, bien sûr, sans rancune ! Je t’ai dit, ne pas ressentir de sentiments amoureux ne signifie pas être sans cœur. Alors oui, on peut être amis. Et tiens, au lieu de me draguer, tu pourrais penser à te caser pour de bon, toi, non ?

- T’as raison, au fond ! Mais je crois que c’est pas mon truc, la vie de couple, être attaché à la même personne toute sa vie…
- Alors tu peux me comprendre, dans un sens.
- C’est vrai ! Merci de m’avoir fait venir, c’était sympa, ça m’a fait du bien !

Il n’a pas l’air si triste que cela du décès de son père, mais après tout, à chacun sa manière de réagir face au deuil. Je ne suis personne pour juger. Il ne manque pas de culot, mais au fond, c’est quelqu’un de sympathique.

Globalement, nous sommes heureuses, Nini et moi. Le temps a fait son travail, et même si la douleur est encore là, nous sommes apaisées. Randy sera toujours dans nos cœurs, aux côtés de maman, tonton, tata, et tous ceux qui nous ont quitté.

Evidemment, il m’arrive d’avoir des moments de faiblesse, mais je ne montre rien devant Nini, je veux qu’elle aille de l’avant.

 

Je sais qu’elle aussi est encore triste parfois, mais heureusement, cela ne dure pas très longtemps.

 

Elle va beaucoup mieux, de manière générale. Elle ne veut toujours pas dormir seule dans sa chambre, mais elle va mieux.

Je pense que Siggy y est pour quelque chose, il veille sur elle et sa compagnie lui fait beaucoup de bien.

Mais ce n’est peut-être pas la seule raison. Nini m’a assuré que tout va bien, et que « papa est avec nous ». Je n’ai pas bien compris comment, mais elle m’a dit qu’elle l’avait vu, une nuit, qu’il l’a enlacée et lui a dit qu’il est toujours dans le coin même si elle ne le voit plus, qu’il veillait sur nous et que tout irait bien. Je pense qu’elle a fait un joli rêve qui l’a beaucoup rassurée, et j’en suis ravie. Elle est plus apaisée, désormais, et a retrouvé son si joli sourire.

Quant à moi, je vais bien, également. Je pense toujours à Randy, bien sûr, mais ce qui me tracasse, c’est que je vais devoir contacter de nouveau la SimPA. Cupcake a de nouveau fait des petits. Ce qui m’embête, en dehors de devoir mettre les bébés à l’adoption, c’est la santé de Cupcake. Oh, elle va bien, très bien, même. Mais, avoir des bébés à répétition ne peut pas être si bon, pour elle. Je vais réfléchir à faire quelque chose, je veux bien que des chiots naissent, c’est mignon et ils trouvent rapidement une famille aimante, mais je ne veux pas que ce soit au détriment de la santé de ma chienne.

Pour le moment, elle est fatiguée, donc je ne ferais rien. Le mieux est de surveiller Cupcake et Cacahuète, de façon à ce qu’ils ne s’accouplent pas de nouveau.

Il faut dire que cette fois, Cupcake a eu trois petits. Deux sont très joueurs, le troisième est un peu plus peureux.

 

Mais ces petits, comme les précédents, ont vite trouvé la famille idéale. Dès qu’ils sont sevrés, ils s’en vont, je ne veux pas m’y attacher de trop, même si c’est déjà le cas évidemment. Et puis je suis rassurée de savoir qu’ils vont bien. Les trois premiers chiots que j’ai confiés ont grandi et vont maintenant très bien, ils sont tous très heureux et cela me ravit.

- Oui, je sais que tu l’aimes, ta copine, mais vous ne pouvez pas avoir des bébés tous les quatre matins, tu sais bien que ça me fend le cœur de m’en séparer à chaque fois. Oui, tu ne comprends rien à ce que je te raconte, hein, Cacahuète ? Ca ne fait rien, t’es un bon chien !

Siggy est tombé malade. Oh, rien que je ne puisse pas soigner, heureusement. Mais il a fallu que je l’examine. Mes connaissances me permettent de soigner mes animaux sans difficulté, désormais, et Nini sait qu’il est entre de bonnes mains. Après tout, je leur ai dédié ma vie, à ces boules de poils, alors je connais beaucoup de leurs secrets !

En un rien de temps, Siggy était de nouveau sur pattes ! En pleine forme. Heureusement, il ne tombe pas souvent malade, tout comme les chiens. Je pense à mon Loki qui était souvent malade… Je sais qu’il est mort de vieillesse, et non à cause de ses multiples maladies, mais je ne peux pas m’empêcher de penser à lui lorsque Siggy tombe malade.

Nini rassurée, j’ai eu besoin de lui faire une petite surprise. C’est bientôt son anniversaire, et avant qu’elle rentre au lycée, j’ai envie de lui faire plaisir.
- Dis moi Nini, ça te dirait de sortir toute une journée, entre filles ?
- Oh oui, ce serait génial ! Mais Judy, il fait un temps pourri dehors, on va faire quoi ?

- Ne t’inquiète pas, on prendra le train jusqu’à Windenburg, il y fait beau, en ce moment !
- Oh c’est super ! On part quand ?
- Va te préparer, on part dans une heure !
- Trop cool !

C’est vrai que l’été n’est pas très beau, ici, à Brindleton Bay. Mais je sais qu’à Windenburg, il fait un temps magnifique, et même si nous resterons une bonne partie du temps à l’intérieur, c’est quand même agréable d’avoir un peu de soleil.

Nous avons trouvé un joli petit restaurant, là-bas. C’est relativement calme, en cette période estivale, mais au moins nous sommes servies rapidement.
Nini a très hâte de rentrer au lycée, elle y pense beaucoup. Elle espère retrouver ses amis de l’école, mais si elle s’en fait d’autres, cela lui va très bien également. Elle n’a jamais ramené de copains d’école à la maison, elle reste très discrète à ce niveau-là, mais je sais qu’elle a quelques amis. Cela me fait plaisir qu’elle puisse avoir une enfance normale, où personne ne s’intéresse à elle parce qu’elle est « la fille de ».

Et je pense pouvoir affirmer que c’est une petite fille épanouie. Ce n’est pas ma fille, mais j’espère avoir tout fait pour qu’elle se sente bien, qu’elle grandisse normalement malgré le fait qu’elle soit déjà orpheline.

Après manger, nous nous sommes dirigées vers le bâtiment en face du restaurant. Nini a eu envie d’essayer de jouer au bowling.

- Tu vas rigoler, Nini, je n’en ai jamais fait et je suis presque certaine que je ne serais pas douée !
- Oh c’est pas grave, c’est juste pour rigoler !

Et elle a eu raison. On ne joue pas très bien, mais au moins on s’amuse. Et c’est tout ce qui compte !

 

En plus du bowling, on a essayé le baby-foot, et on a même poussé la chansonnette. Heureusement qu’il n’y avait pas beaucoup de monde, il vaut mieux être loin de nous quand nous nous mettons à chanter. Visiblement, nous n’avons pas le talent de notre mère !

 

C’était une jolie journée. La journée de ma petite sœur, rien que pour elle. Et aujourd’hui, en voilà une autre. C’est son anniversaire. J’ai du mal à croire qu’elle soit déjà si grande ! J’ai une pensée pour maman, évidemment, puisque c'est aussi l'anniversaire de sa mort. Elle aurait été si fière de nous voir, aujourd’hui, si soudées.

Nini a très hâte de pouvoir enfin grandir ! Cela se voit sur son visage.

Nous avons invité les cousins, seule famille qui nous reste, désormais. J’ai proposé à Mark de venir, mais l’anniversaire d’une gamine ne l’a pas intéressé. Tant pis, on restera en famille !

Nini est trop impatiente de souffler ses bougies, alors elle n’a pas perdu de temps !

C’est fou de la voir si grande. Elle ressemble beaucoup à maman, elle est si jolie !

 

Elle n'a rien dit, mais je crois qu'elle a eu une petite pensée pour elle, j'ai cru le sentir dans son regard. Même si elle ne l'a jamais connue, j'ai toujours insisté pour qu'elle la connaisse à travers ses photos, et ses films, parce que quoi qu'il arrive, elle restera toujours sa maman.

Mon gâteau a eu du succès, puisqu’il est parti en un rien de temps !
J’ai vu que ma cousine s’est éclipsée sur le canapé, alors j’ai fini par la rejoindre.

- Tout va bien, Lena ?
- Oui, très bien, merci. Ton gâteau est parfait !
- Merci.

- Tu sais, je t’admire beaucoup, Judy. Ce que tu as fait pour Anita, très peu auraient fait la même chose que toi.
- Ca m’a toujours paru normal tu sais, veiller sur mes proches est ce qui compte le plus.
- Oh je sais bien, tu es un petit ange ! Tu serais parfaite, si tu décidais d’être maman.

- Oh, je ne sais pas. Et puis tu sais, j’aurais bien du mal à faire un enfant seule.
- Il y a d’autres solutions, tu n’es pas obligée d’être en couple pour cela. C’est plus difficile, mais ça reste faisable, tu devrais y penser. Nous n’en avons jamais parlé, mais je te connais, Judy, je suis sûre de ne pas me tromper en affirmant que tu ne t’intéresses pas aux hommes, je crois l'avoir remarqué. Mais ce n’est pas un problème, crois-moi. Réfléchis à tout ça, le rôle de maman t’irait à merveille.

- Je t’avoue que je n’y ai jamais réfléchi. Mais je vois que tu as l’œil, en tout cas. Tu as raison, je ne suis pas quelqu’un qui souhaite être en couple ou avoir des relations de ce genre, avec qui que ce soit. Mais avoir un enfant… Je ne sais pas. Pourquoi pas… Et… Et toi ? Tu n’as jamais voulu avoir d’enfant, avec Léo ?
- Eh bien, si, nous avons essayé, pendant plusieurs années. Après avoir effectué des tests, on s’est rendus compte que l’on ne pouvait pas en avoir. On a tenté d’adopter, mais la procédure était trop longue… quant à la médecine, elle n’était pas capable de nous aider non plus.
- Oh, je suis désolée pour ça, je l’ignorais, je…

- Cela ne fait rien, tu sais, je n’en parle pas beaucoup. Mais on va bien. On a Sébastien notre neveu qui est adorable, et puis Loïc vient d’être papa de nouveau d’une petite Juliette, que tu n’as pas encore vue mais qui est chez les parents de Laura en ce moment. Tu verras, elle est toute mignonne ! Alors on a fait le deuil, on n’aura pas nos enfants à nous mais on gâte ceux des autres ! C’est aussi pour ça qu’il faut penser à en faire un, toi aussi, je veux pouvoir le gâter, ce petit bout !
- Je t’avoue que ce n’était pas dans mes projets. A vrai dire, je pensais ne jamais devenir mère. Mais à y penser… peut-être… mais je ne voudrais pas que Nini se sente rejetée parce que j’ai mon enfant à moi et que…
- Anita est ta petite sœur, elle le sait très bien. Elle est grande maintenant, et elle est intelligente. Elle comprendrait que tu veuilles avoir ton enfant, j’en suis certaine. Et puis tu ne la remplacerais pas, tu ne la mettrais pas de côté, c'est certain. Je sais que tu as énormément d’amour à offrir, et il y aura toujours de la place pour ceux que tu aimes dans ton cœur.

Cette discussion me fait réfléchir. Maman, moi ? Et pourquoi pas, après tout ?

Plusieurs mois ont passé depuis l’anniversaire d’Anita. J’ai, depuis, cette idée qui me trotte dans la tête. Lena a été persuasive, et oui, aujourd’hui, je me dis que je pourrais devenir mère. C’est terrifiant, mais je m’en sens capable. Je sais bien que cet enfant n’aurait pas une vie traditionnelle, avec une maman et un papa, mais il aurait un foyer aimant. Et après tout, je sais mieux que quiconque ce que c’est de ne vivre qu’avec un seul parent.
Mais je ne suis pas la seule concernée. Nini vit aussi ici avec moi, et il est normal que je lui en parle avant de commencer toutes les démarches.

- Nini, je voulais te parler d’un sujet sérieux. Cela fait déjà un moment que j’y pense, et… voilà... je crois que j’aimerais devenir mère. Est-ce que cela te poserait un problème ?

- Ben non, je trouve ça super moi, pourquoi ça devrait me poser problème ?
- Tu vis ici, et vivre avec un enfant pourrait te déranger, et je préfère te demander avant tout, cela me paraît normal d’avoir ton accord.
- Tu fais ce que tu veux Judy, et justement, il est temps que tu penses un peu à toi, tu ne crois pas ? Tu as passé ta vie à veiller sur tout le monde en t’oubliant toi, alors moi je trouve que c’est vraiment bien. Et puis, je sais que tu es prête, tu as déjà de l’entrainement avec moi, alors je ne me fais pas trop de soucis. Mais… Comment ça va se passer ? Je veux dire, je sais comment on fait les enfants, mais toi, j’imagine que tu ne choisiras pas la façon traditionnelle…

- Je ferais appel à la médecine. Ils font des choses magnifiques et je sais qu’il est possible d’avoir un don qui me permettrait peut-être de tomber enceinte. Rien n’est encore fait pour le moment, mais j’aimerais au moins essayer.
- Fonce Judy ! Mais promets-moi une chose, va voir le meilleur médecin possible, d’accord ? Je veux qu’il fasse tous les tests possibles, et promets-moi que s’il y a le moindre risque pour toi de tomber enceinte, tu ne le feras pas…
- Tu as peur que j’aie le même problème que maman ? Tu sais, à l’époque, son médecin avait fait l’erreur de ne rien lui dire, mais je pense que tout sera fait correctement. Et je te le promets, s’il y a un risque, je n’irais pas plus loin.
- Alors qu’est-ce que t’attends pour prendre rendez-vous ? Je suis si contente pour toi !

- Rien n’est encore fait, mais je te remercie de me soutenir, Nini.

J’ai donc attendu quelques jours, et j’ai appelé pour prendre mon premier rendez-vous. J’appréhende un peu, mais je suis ravie finalement de me lancer dans cette aventure. Et voir Nini se réjouir pour moi me rend d’autant plus heureuse.

En attendant, je ne sais pas très bien comment cela va se passer, et j’ai besoin de me changer les idées. Par chance, Mark m’a appelée pour aller boire un verre. Je n’ai pas l’habitude de sortir comme ça, mais j’imagine que cela pourrait me faire du bien.
Il a découvert un bar plutôt original, à l’ambiance pirate, c’est très sympa.

- Alors, quoi de neuf dans ta vie Judy ? Toujours pas prête à franchir le pas du crac-crac ?
- Ahah, et non Mark, ce n’est pas pour moi, tu le sais. Et toi, toujours pas franchi l’étape de l’amour véritable ?

- Figure-toi que c’était pas loin ! J’ai eu une aventure qui a duré bien plus longtemps que j’aurais pu y croire. On s’amusait, on s’entendait bien. Alors je crois que j’ai commencé à m’attacher parce que je n’avais plus envie de voir d’autres femmes. Mais elle a fini par m’avouer qu’elle devait arrêter notre relation parce qu’elle était mariée et qu’elle faisait du mal à son mari et à elle-même. Alors je crois que ce n’est définitivement pas pour moi.
- Honnêtement, je suis bien contente d’être à des kilomètres de tout ça. Mais tu sais, si ça n’a pas marché cette fois-là, ça pourrait avec une autre, et qui sait, tu pourrais fonder une famille !
- Non c’est pas pour moi ça, et puis je peux pas avoir d’enfants. Au moins je sais que j’ai pas de gamin dont j’ignore l’existence dans la nature.

- Oh, je ne savais pas, ça. Désolée Mark.
- Ben c’est rien, franchement, tu me vois père, moi ?
- Et pourquoi pas ?

On a continué à discuter pendant un moment, puis j’ai fini par m’amuser avec le décor, comme si je retombais en enfance.

Je ne lui parle pas de mon projet, après tout nous ne sommes pas assez proches pour ça, et puis avec le fait qu’il ne puisse pas avoir d’enfants, même si cela ne semble pas l’atteindre, j’ai pensé que ce ne serait pas approprié de lui parler de tout cela.

- Ca m’a fait plaisir de passer du temps avec toi, faudrait se refaire ça plus souvent !
- Oui c’est vrai, tu as raison, c’était sympa. A bientôt Mark !

Les quelques jours suivants sont difficiles. J’ai l’impression d’être complètement ailleurs, hors du temps, très stressée à l’idée de ce rendez-vous.

J’en profite pour enfin aller au cimetière familial, en compagnie de ma petite sœur et de mes chiens.

Cela fait drôle de voir toutes ces tombes, ces gens qui sont mes ancêtres, ceux que je n’ai jamais connus, mais qui pourtant avaient une histoire.

Et je vois la tombe de ma mère. Randy y est à ses côtés, désormais. Nous sommes restées là un moment, en silence. Puis nous avons repris la route.

 

Mais le jour J a fini par arriver. J’ai une grosse boule au ventre, parce que j’avance vers l’inconnu.
Je ne sais pas comment tout cela va se passer, ni si cela va aboutir. Mais voilà, j’y suis.
Je me dirige vers l’accueil, où l’on me dit de patienter.

Très vite, le docteur me reçoit dans son cabinet.
Elle me pose tout un tas de questions, sur ma vie, sur mon aptitude à m’occuper d’un enfant. Je lui parle de mes inquiétudes, aussi. Je lui parle du problème qu’a eu ma mère.

- Tout va bien se passer, nous avons l’habitude de ce genre de tests, vous n’êtes d’ailleurs pas la première de votre famille à venir ici.
- Lena Berry ?
- Euh... je suis tenue au secret professionnel.
- Oh, oui, désolée.

Stressée par la situation, je n'ai pas la présence d'esprit de lui signaler que c'est elle qui m'en a parlé, alors son secret professionnel... Mais passons...

- Je vous prie de me suivre, je vais effectuer quelques prélèvements, qui nous indiqueront la marche à suivre pour le prochain rendez-vous.
- Très bien.

Je suis un peu stressée mais finalement tout se passe bien, pour le moment.

- Je pose votre échantillon dans notre machine, et nous discuterons des prochaines étapes la prochaine fois.
- Je vous remercie.

Voilà, la première étape est franchie. Que va-t-il se passer maintenant ?